Comme dans toutes les autres stations de moyenne montagne, aux Estables, en Haute-Loire, la neige n’est pas au rendez-vous pour ces vacances de Noël. Mais rien de catastrophique : la saison d’hiver se joue essentiellement sur les congés de février.
Les canons à neige sont à l’arrêt. Deux petites filles ont trouvé leur bonheur sur un modeste champ encore enneigé qui leur sert de piste de luge au bas du village. Dominant les Estables, le Mont Mézenc, 1744 mètres, est désespérément verdoyant pour la saison. Des randonneurs partent en balade équipés de bâtons de marche, des enfants se promènent en poney. A la salle d’animation, un groupe s’entraîne à la carabine, quelques enfants et plusieurs adultes.
Aux Estables, en Haute-Loire, comme ailleurs, la neige est aux abonnés absents pour ces vacances de Noël. Des activités de substitution sont proposées, mais l'économie de cette petite station de moyenne montagne pâtit tout de même de ce manque de neige.
Intervenants : Stanislas Peyronnet, moniteur ESF ; Christophe Galland, directeur-adjoint Espace Mézenc ; Sylvain Sagnial, commerçant.
Stanislas Peyronnet a troqué son blouson rouge de l’ESF (Ecole du Ski Français) pour endosser un survêtement d’initiateur de tir et de biathlon, aujourd'hui ce sera plutôt du "monoathlon" ! Comme une dizaine d'autres moniteurs de ski de la station, il doit "faire avec" ou plutôt ... sans la neige. "On n’a pas le choix, on le prend comme ça vient. Ca fait quatorze jours de travail en moins ! Et nous sommes tous à notre compte, quand on ne travaille pas, on ne gagne rien !", dit-il en gardant le sourire. Bien-sûr, des activités de substitution sont proposées aux vacanciers, des balades à pied, à vélo, de la course d’orientation, du ski à roulette, car les moniteurs sont souvent aussi accompagnateurs de montagne mais les vacanciers eux "préfèrent quand même le ski", reconnaît Stanislas.
Les saisonniers restent à la maison
A la station, la dameuse est au repos forcé, les saisonniers aussi : une quinzaine de personnes. "Pour la plupart d’entre eux, ils ont d’autres activités, dans l’entretien des espaces verts ou le maraîchage par exemple, mais c’est dur pour eux, ils ne commenceront à travailler que lorsqu’on mettra vraiment en route la station", explique Christophe Galland, le directeur adjoint de l’Espace Mézenc. Avec deux autres collègues, il passe la journée dans les arbres : élagage des sapins aujourd’hui pour dégager un piste du domaine de ski de fond. Christophe a aussi travaillé dans les Alpes, il s’est installé en Auvergne il y a 15 ans, il constate : "Ce qui est exceptionnel ce sont les températures, sans gelée depuis deux mois, l’absence de neige à Noël, ici c’est déjà arrivé !".
Tout se joue en février
Au village, il y a du monde dans les rues comme dans les quelques commerces. Malgré quelques annulations de séjours, les hébergements sont plutôt bien remplis. Aux Estables, on compte 850 lits touristiques, hôtels, gîtes et village de vacances confondus, c'est dire l'importance économique de ce secteur d'activité, devant l'agriculture et le fameux élevage de boeufs "fin gras" du Mézenc même ! Dans un magasin, un jeune couple vient louer des bâtons pour la marche nordique ; une famille achète une paire de chaussures de randonnée pour un enfant. Les skis et les raquettes de location restent sagement alignés dans l’arrière boutique, mais Sylvain Sagnial garde le sourire et le moral : "Au niveau de la location, oui c’est très calme, mais on vend quelques articles de sport. Alors oui, c’est un coup dur, mais c’est encore tôt dans la saison, le gros de la saison, ce sont les vacances de février !".
Jusqu’ici le soleil a été de la partie et la magie d’un Noël à la montagne a pu opérer, même sans neige. Rien de catastrophique donc dans une station de moyenne montagne qui sait s'adapter et qui en a vu d'autres ! Mais bien-sûr à présent tout le monde scrute le ciel, et surtout les professionnels locaux du tourisme, pour espérer qu’enfin le manteau blanc de l’hiver va venir recouvrir le seul domaine alpin et nordique du département de Haute-Loire.