Les peupliers OGM dans le Loiret, c’est désormais terminé. L'Inra, l’Institut de Recherche Agronomique, a mis un terme à sa dernière culture d'OGM en plein champ. Faute d'autorisation du gouvernement pour poursuivre ses travaux, l'Institut a mis fin à cette étude samedi 13 juillet.
L'Inra avait demandé l'extension, pour cinq ans, d'une autorisation qui lui avait été donnée en 2007. L’expérimentation avait pour but d’étudier les propriétés du bois génétiquement modifié pour la production de biocarburant de deuxième génération.
1000 arbres à l’essai
L’essai portait sur plus de 1.000 peupliers. Il avait démarré en 1995, à Saint-Cyr-en-Val, dans le Loiret. C’était la dernière expérimentation d'OGM en plein champ, depuis la destruction de 70 pieds de vigne à Colmar par des militants en août 2010. Depuis 2008, il n'existe plus de culture d'OGM en plein champ à des fins commerciales.Un comité scientifique pas opposé à cette expérimentation
Le comité scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB), saisi par le ministère de l'Agriculture, avait conclu en avril que cette expérimentation sur les peupliers ne présentait "pas de risques identifiables pour la santé humaine ou animale ou pour l'environnement".Un comité économique et éthique opposé
En revanche, la majorité des membres du Comité économique, éthique et social (CEES) avait estimé que la recherche ne devrait pas être reconduite, craignant notamment que la production de bioéthanol à partir de peupliers n'entre en "concurrence avec des surfaces agricoles et des cultures alimentaires".L’Inra a tranché
L'Inra a pris la décision de dévitaliser définitivement les peupliers génétiquement modifiés. Les d'instruction de la demande de renouvellement de l'essai, mais aussi les contraintes climatiques du printemps 2013 et leur influence sur l'expérimentation, ont eu raison des arbres.Reportage C.Jean-Joseph, M. Tranchsler
Intervenants :
Olivier Le Gall, Directeur général délégué à l'INRA
Gilles Pilate, Directeur amélioration génétique forestière et responsable essais champs
Gilles Deguet, Membre Europe Ecologie - les Verts - Loiret
Ils regrettent cet arrêt des recherches
Pour l' Association Française des Biotechnologies végétales (AFBV ), pro-OGM, cet arrêt "confirme une nouvelle fois le déclin de notre pays dans la recherche sur la transgénèse dont on découvre pourtant tous les jours des potentialités nouvelles pour améliorer la génétique des plantes"
La filière des semenciers dénonce "la mort annoncée" de la recherche sur les OGM. IBV, Initiatives biotechnologies végétales (qui fédère l'interprofession), "déplore que la France pourtant précurseur dans la recherche sur les OGM dans les années 1990, soit désormais absente de la course à l'innovation permise par cette technologie", notant qu'on comptait dans les années 2000 "plus de 170 essais, publics et privés, de cultures OGM".
Les semenciers (IBV et le GNIS, le groupement interprofressionnel des semences et plants) appellent les pouvoirs publics à "un sursaut dans les années à venir (espérant) un changement de cap autorisant la relance de la recherche à la conquête de notre leadership désormais perdu".