Festival de Loire: ces vieux métiers qui séduisent les jeunes

Parmi les métiers traditionnels que de nombreux artisans et associations font revivre, il en est certains qui séduisent de jeunes professionnels. Celui de charpentier de marine, par exemple. Certains en vivent bien, d'autres plus modestement, notamment dans la marine fluviale.

Ils ont à peine 25 ans et exercent l'une de ces professions rares qui attirent souvent la curiosité des visiteurs du festival de Loire. Ils sont charpentiers de marine fluviale. C'est-à-dire, tout simplement, qu'ils fabriquent des bateaux qui naviguent en eau douce. Des constructions souvent traditionnelles, en bois.

Rémy Colin est l'un d'eux. Il ne se décrit pas "charpentier de marine", mais comme "faiseur de bateaux." C'est ainsi que se nomme sa profession dans sa région d'origine du Nord Pas de Calais, plus précisément dans le marais Audomarois de Saint-Omer. Depuis des générations, dans sa famille, on vit sur le bord des canaux et on se déplace à bord de barques : des escutes et des bacôves. Ces bateaux servaient massivement aux maraîchers, pas loin d'un millier au début du 19ème siècle. Ils ne sont plus qu'une quarantaine aujourd'hui qui produisent trois millions de choux-fleurs chaque année et pour qui l'utilisation des barques s'est peu à peu perdue. Mais dans le souvenir de Rémy, les escutes et les bacôves sont les bateaux qui l'ont vu grandir. "On partait pécher avec et on faisait même des réunions de famille dessus." Certaines escutes sont suffisamment longues et larges pour accueillir une table et des chaises et réunir tout le monde autour d'un repas.


"J'ai formé mon père"

Rémy se souvient surtout que lorsque "le charpentier a arrêté, personne n'a repris après lui." Quelques années plus tard, il est venu le sortir de sa retraite pour lui demander de lui apprendre le métier. "Il m'a transmis tout son savoir," raconte-t-il. En parallèle, Rémy suit des études à Arcachon (33) où il se forme à la charpenterie navale. 
"Je me suis installé à mon compte, j'avais 20-21 ans," se souvient Rémy. "Et maintenant, je travaille avec mon père. Il faisait tout autre chose et je l'ai formé." La demande en bateaux traditionnels existe dans sa région, notamment auprès de particuliers ou pour le tourisme. Mais la demande n'est néanmoins pas exponentielle et pour continuer de vivre de son métier, il a dû diversifier son activité et s'ouvrir à la fabrication d'autres types de bateaux : des canoës, des plates d'hortillonnage d'Amiens, par exemple. Pendant la saison touristique, il propose également des balades sur des escutes de sa fabrication.

Le marché du luxe reste très porteur

Comme il l'explique, peu de charpentiers de marine fluviale exercent en France, la demande en bateau étant finalement assez réduite. Par contre, les charpentiers de mer, qui sont, selon l'Institut national des métiers d'art, 90.000 à exercer en France, débordent de travail. Notamment grâce au marché des voiliers de luxe, très prisé dans certains pays du Golfe comme le Quatar. "Sur ces chantiers, il y a aussi une forte demande pour des artisans spécialisés en aménagement d'intérieur, comme ceux qui maîtrisent le travail des bois précieux."
 

Choisir l'itinérance​

Comme Rémy, Hoel Jacquin fabrique des bateaux de manière artisanale. Lui a choisi l'itinérance et se déplace au gré des commandes. Sa toute première réalisation, La Fillonnerie, que l'on peut admirer au festival à quai. Son parcours est assez semblable à celui de Rémy : il navigue depuis qu'il est enfant et il a la passion des bateaux dans le sang. A l'heure des études secondaires, il a rejoint un lycée technique à Audierne en Bretagne où il a suivi une formation de charpenterie navale. Aujourd'hui, il poursuit sa route. iIl travaille en ce moment à la construction d'une toue-cabanais de 12 mètres, un bateau de pêche fluviale et quand le temps lui en laisse le loisir, il navigue. Au printemps dernier, il s'est offert un aller retour entre Tours et Nantes. ​

Les artisans d'art vénitiens 

Son métier n'est pas le seul à attiser la curiosité le long de la promenade. Les visiteurs ont les yeux ébahis lorsqu'ils passent devant le village italien. Des artisans vénitiens ont les yeux rivés sur leur ouvrage.

L'homme derrière le premier atelier, c'est Paolo Brandolisio. Il fabrique des fourches à rames, les fameuses "forcola" que l'on admire sur les gondoles. Plus de trente ans qu'il pratique le métier à Venise. Son art, il l'a appris du maître en la matière, un certain Monsieur Carli. Un art qu'aujourd'hui il a transmis à son tour : son ouvrier vient d'ouvrir son propre atelier. Mais dans sa profession aussi, le marché se révèle modeste et peu extensible.
Les métiers associés à la tradition des gondoles vénitiennes sont également présents à ses côtés. Marzio De Min est sculpteur sur bois. Il réalise les finitions des décorations des gondoles. Hier, il exécutait quelques sculptures sur les "forcola" de Paolo pour que l'acheteur reparte avec un objet unique qu'il placera sur sa gondole.
Carlo Semenzato est installé à leurs côtés dans le village italien. Il est fondeur et travaille le laiton. Il est aussi l'un des rares artisans à savoir travailler la feuille d'or. Quelques-unes de ses réalisations sont exposées sur le stand et suscite l'admiration des visiteurs. Il intervient également dans la décoration de la gondole. Pour rien au monde un acheteur de gondole se priverait de son talent. Pourtant, il est aujourd'hui le dernier à exercer ce métier à Venise.


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