A l’occasion de la Quinzaine de la non-violence et de la paix, le philosophe orléanais Jean-Marie Müller, fondateur du Mouvement pour une alternative non-violente, réagit à l'engagement de la France au sein de la coalition internationale dans la lutte armée contre l'Etat islamique.
Jeudi 18 septembre 2014, le Mouvement pour une Alternative Non violente (MAN) organise une soirée au cinéma des Carmes sur le thème des résistances à la guerre. L’occasion de faire réagir l’écrivain et adepte de Gandhi Jean-Marie Müller sur l’engagement de la France au sein de la coalition internationale pour lutter contre l’Etat islamique (EI)en Irak.- J.Marie Müller : Je ne suis pas opposé à l’intervention militaire de la France contre les milices terroristes en Irak. Nous avons affaire ici à une guerre au nom de la religion nourrie par une idéologie qui cautionne la violence. Si la violence peut être parfois nécessaire, comme c'est le cas pour contrer l'EI , elle n’est pas la solution à long terme. En Irak, en Syrie, en Jordanie et au Liban où je me suis rendu très souvent, il existe des réseaux engagés dans la non violence. Conscients que la guerre a tout détruit dans la société civile, des intellectuels, des citoyens se mobilisent pour réfléchir à une alternative non violente constructive. En 2011, j’ai été convié à Erbil dans le Kurdistan irakien à des rencontres avec des présidents des universités irakiennes pour réfléchir à ces questions.
"On ne va pas tuer tous les terroristes"
Au nord Mali, François Hollande a promis de tuer tous les terroristes. C'est un objectif inaccessible. Il faut négocier, mettre en place une intervention civile de paix avec l’envoi d’hommes et de femmes formés à la résolution des conflits sur le terrain. Des ambassadeurs de paix qui pratiquent une médiation de proximité avec les différentes communautés. Les états doivent investir sur ces questions là. En Palestine, par exemple, il devrait y avoir des missions d’interposition civile entre les colons et les palestiniens.
France 3: Dans le film les "sentiers de la gloire" de Stanley Kubrick diffusé jeudi 18 septembre en préambule au débat organisé par le Man à Orléans, soldats et officiers refusent d’obéir aux ordres de la hiérarchie. Quelles autres formes a pris la résistance durant la guerre en 14-18 ?
- J.Marie Müller: Il y a eu assez peu de résistances. La vague de nationalismes a embarqué les peuples dans une guerre absurde. Parmi les voix qui se sont élevées contre la guerre, il y a eu l’écrivain français Romain Rolland, prix Nobel de littérature qui sera une figure du mouvement pacifiste international. Il avait eu l’intuition du massacre à venir dans cette guerre fratricide mais ces idées ont eu très peu d’échos en France. Du côté des élus, le député socialiste Jean Jaurès, interviendra en 1914 à l’assemblée nationale pour s’opposer au déclenchement de la guerre. Il sera assassiné par un militant nationaliste le 31 juillet 1914. Le pape Benoît XV a également dénoncé la folie de la guerre mais les églises française et allemande ont refusé d'entendre les interpellations du souverain pontife.
Jean-Marie Müller est l'auteur de très nombreux ouvrages. Le dernier en date "Penser avec Albert Camus, Le meurtre est la question" est paru en 2013 aux éditions Chronique sociale. > accéder à sa bibliographie sur son blog