Alors que le prix de l’essence et du gazole tourne autour de 2 €, les automobilistes se tournent de plus en plus vers le covoiturage ou l’auto-stop organisé pour des courtes distances, notamment en zone rurale où la voiture reste le moyen de transport indispensable.
Alice Nivet vit à Darvoy à l’Est du Loiret. En recherche d’emplois, elle tente par tous les moyens de réduire ses dépenses. Quand elle doit faire un trajet de 5 km vers Jargeau, elle peut opter pour le bus mais comme il ne passe pas régulièrement, elle mise sur Rézo Pouce, un système d’auto-stop organisé.
"Je n’ai pas mon véhicule mais si j’avais mon véhicule c’est sûr que là, par rapport au prix de l’essence, c’est mieux de privilégier le covoiturage, l’auto-stop, plutôt que de sacrifier de l’argent pour un plein donc c’est vraiment intéressant financièrement", explique-t-elle à notre équipe, dont le reportage est ci-dessous.
Présent depuis l’été dernier dans le Loiret, le dispositif est entièrement gratuit, c’est-à-dire que l'usager ne paye ni l’application ni le trajet. Comme indiqué sur le site internet de Rézo Pouce :
Il n’y a aucune obligation de participation aux frais du trajet. Toutefois, une compensation aux frais de carburant est souvent la bienvenue, notamment sur des trajets longs ou réguliers (de l’ordre de 5 Ctms /Km).
Rézo Pouce
Mais ce n’est pas un problème pour Didier Chaussard, l’automobiliste qui conduit Alice ce jour-là à Jargeau : "je fais ce déplacement parce que moi j’en ai besoin, et plutôt que de le faire tout seul dans ma voiture de quatre places, je préfère en faire profiter d’autres personnes qui n’ont pas les moyens de se déplacer". En quelques mois, le réseau a enregistré une hausse de plus 250 inscrits sur les 49 communes de l’intercommunalité Forêt d’Orléans-Loire-Sologne qui financent le dispositif.
25% de covoitureurs en plus
Une hausse des utilisateurs sur les courtes distances, c'est aussi ce que constate le principal site covoiturage en France, BlaBlaCar. Selon les dernières données analysées, c'est surtout la plateforme dédiée au covoiturage domicile-travail, BlaBlaCar Daily, qui enregistre un pic de son activité en France en partie face à la hausse du prix du carburant, avec 500.000 nouveaux membres ces six derniers mois.
Au niveau régional ce sont 11.612 personnes qui se sont inscrites sur la plateforme ces six derniers mois, soit une hausse de 25%. Mais l'explosion se fait davantage ressentir sur le nombre de trajets proposés qui lui a augmenté de 163% depuis septembre en Centre-Val de Loire.
Le nombre de trajets a doublé
Atchoum, une autre plateforme qui ne propose du covoiturage qu’en zone rurale, constate lui aussi un doublement des trajets, mais qui est concentré sur le dernier mois, dû notamment à la hausse du prix de l’essence.
Selon son président fondateur Vincent Desmas, "on était à une centaine de trajets par mois, et fin mars on va arriver à presque 200", sur les lieux où le système est implanté. Le chiffre peut sembler faible, certes. Mais il faut dire qu’Atchoum est beaucoup plus jeune que le mastodonte du secteur Blablacar, et donc moins connu et moins implanté.
Surtout, le modèle de fonctionnement est radicalement différent : il repose sur les collectivités qui s’abonnent à la plateforme et qui font bénéficier leurs habitants de ce service. Ces derniers peuvent donc utiliser gratuitement la plateforme numérique ou téléphonique.
Quant au prix du trajet, le passager indemnise le conducteur à hauteur de 35 centimes maximum du kilomètre. "C’est un tarif réglementé car on fait du transport solidaire", souligne Vincent Desmas.
Bientôt dans le Loir-et-Cher ?
L’autre spécificité, c’est qu’une personne qui souhaite se rendre quelque part n’est pas obligée d’attendre qu’un covoitureur propose un trajet. "Notre site est surtout utilisé aujourd’hui pour du déplacement à la demande, insiste le fondateur. Un passager a besoin de se déplacer et on va le mettre en relation avec des conducteurs, des bénévoles, des jeunes retraités qui ont du temps de libre et qui se mettent à la disposition des passagers."
Pour l’instant, la plateforme n’a pas de convention signée dans la région Centre-Val de Loire mais un projet est en cours dans le Loir-et-Cher.