"On marche sur la tête" : des agriculteurs retournent les panneaux de ville pour protester contre la hausse des taxes

Un peu partout en France, des agriculteurs de la FNSEA retournent les panneaux d'entrée de ville. Un moyen de manifester contre la hausse de leurs charges, votées par l'Assemblée dans le cadre de la loi d'orientation agricole.

L'opération de communication semble avoir fait son effet. Un peu partout en France, les panneaux d'entrée de ville sont retournés. Partie du Tarn, cette curieuse tendance a atteint le Cher ce mardi 21 novembre, et le Loiret le lendemain.

À l'origine de ces retournements : la profession agricole, et en particulier la FNSEA, syndicat majoritaire. "On marche sur la tête" est le mot d'ordre qui accompagne cette initiative nationale. "Notre métier, c'est viser la souveraineté alimentaire. Et en même temps, on nous retire des moyens de production. C'est une injonction contradictoire", précise Denis Jamet, président de la FNSEA du Cher.

Il critique notamment les traités de libre-échange, qui permettent "l'importation de produits faits avec des moyens qu'on nous interdit en Europe". Une "concurrence déloyale", accuse-t-il, qui lui donne "l'impression de jouer au foot avec des chaussures de ski".

Le monde à l'envers

Ce mardi 21 novembre, devant caméras et micros, les agriculteurs du département ont retourné un panneau d'entrée de Bourges. Le syndicat revendique 350 autres panneaux basculés dans la nuit précédente à travers tout le Cher, où d'autres panneaux ont également été retournés. De quoi interpeller massivement les automobilistes, et les habitants du territoire de manière plus générale.

Denis Jamet fustige ainsi les mesures budgétaires qui sont déjà (ou seront prochainement) introduites dans la loi de finances pour 2024, ou appliquées par arrêtés. En particulier la hausse de la redevance sur l'eau ; la hausse aussi de la redevance sur la pollution diffuse, notamment sur les produits phytosanitaires, et l'élargissement des molécules concernées par cette dernière ; ou encore la disparition progressive d'une niche fiscale qui permettait aux agriculteurs d'acheter du carburant beaucoup moins taxé (3,6 centimes du litre, contre 59 centimes pour les automobilistes).

En tout, selon Benjamin Pointereau, président des Jeunes agriculteurs du Cher, tout cela représenterait une hausse de charges de 10 000 euros en moyenne pour une ferme dans le Berry. Ces mesures ont un objectif fiscal, mais aussi d'encouragement à la transition écologique.

"Les méandres de Bercy"

Or, le deuxième mot d'ordre de la FNSEA ce mardi, est : "Pas de transition à marche forcée." Car, pour Denis Jamet, "il faut le temps de mettre en place les alternatives, et là c'est sous pression". Et ce malgré l'existence de techniques d'agriculture biologique, bien installées en France depuis les années 2000.

"Il faut des solutions, et que les budgets soient fléchés vers la recherche, plaide le président de la FNSEA du Cher. Là, non seulement on nous taxe, mais l'argent disparaît dans les méandres de Bercy." Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a cependant promis que l'intégralité des recettes supplémentaires de la taxe sur le gasoil non-routier "sera reversée aux agriculteurs, pour qu'ils puissent transformer leur exploitation, qu'ils puissent investir, accompagner la transformation écologique de leur exploitation", lors de son passage sur LCI le 12 septembre.

Ce 21 novembre, les agriculteurs du Cher se sont rendus à la préfecture, à Bourges, et ont remis leurs revendications en main propre au préfet.

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