Caroline Jouisse, membre de l’AC Bourges, a décroché la médaille d’argent en eau libre des championnats de France élite de natation. Sur la discipline olympique des 10 kilomètres. Un signal fort pour cette jeune femme de 27 ans qui nage depuis dix ans.
Tous les espoirs sont permis
Le sport de haut niveau. Tout athlète travaille, s’entraîne avec dans un coin de sa tête le rêve d’atteindre l’élite, celle qui lui ouvrira les portes des Jeux olympiques. Caroline Jouisse est de cette race-là. Beaucoup de jeunes femmes de son âge seraient-elles prêtes à mettre une grande partie de leur vie entre parenthèses pour tendre vers ce but ultime ? Pas sûr. Pourtant Caroline n’a pas hésité.
Depuis neuf ans, la nage en eau libre est devenue sa discipline de prédilection. Elle nous explique pourquoi "C’est différent. On est en plein air, il y a des contacts, puisqu’il y a des compétitions où on est plus de cent à partir en même temps, ce n’est pas comme en piscine où on a un couloir qui fait deux mètres et demi de large et où on est tout seul…".
Là il faut réussir à se faire sa place dans un peloton comme en vélo, et oui j’aime bien ça.
Caroline s’entraîne deux fois par jour. A raison de trois heures à chaque fois. Une heure d’échauffements, deux heures de bassin. Une discipline qui laisse peu de temps pour faire autre chose. Mais elle a suivi un cursus d’études qui, après un BTS à Bourges, l’a conduite à faire un Master aux Etats-Unis, avant de partir en Italie s’entraîner avec l’équipe nationale.
C’est là qu’elle a décidé son compagnon Marcel Schouten, nageur hollandais, à venir voir la préparation de son club. Rentrés ensemble à Bourges, ce dernier a signé dans le club berruyer. Pour elle sa présence et le fait qu’ils partagent la même passion est indubitablement un plus pour sa motivation.
Le Covid a tout chamboulé, les sportifs ont dû s’adapter
Caroline, comme de nombreux sportifs, a souffert des conséquences de la pandémie. Difficile de trouver des sponsors par ces temps difficiles. Sa situation économique est difficile.
"Je me suis posée la question cette année, est-ce que je continue ou est-ce que j’arrête, étant donné que la natation ce n’est pas reconnue comme un sport professionnel, comme le football ou les basket-ball. On a un peu l’impression de mettre notre vie de côté". Impossible de trouver sur la cité berruyère un emploi adapté, comme moniteur de natation, qui permettrait à la jeune femme de pratiquer plus sereinement.
Cette belle médaille est donc arrivée à temps. Carolinee s’attendait à de bons résultats sur le 25 kilomètres, mais était beaucoup moins confiante pour le 10. De son propre aveu, elle a senti tout de suite qu’elle était dans la course. "Je me suis sentie très très bien, dès que j’essayais de faire une accélération, j’y arrivais, tout ce que je voulais mettre en place, ça s’est très bien passé".
Pour monter sur la deuxième marche du podium, Caroline a mis 2h03 de course. Le temps nécessaire, mais peut-être pas suffisant pour pouvoir aller au bout de son rêve. Car le chemin est encore long et rude pour espérer prétendre représenter la France aux JO de 2024. La sélection est impitoyable.
Seules deux nageuses peuvent être sélectionnées pour défendre les couleurs de la France. Et pour ce faire, il faut être sur le podium tout le temps et notamment aux championnats du monde. Mais Caroline affiche un mental à toute épreuve. Portée par son rêve.