PORTRAIT. Karine Bonneval et son art végétal pour respirer, bouger, écouter avec les plantes

Karine Bonneval est une artiste plasticienne qui offre un autre champ de vision sur les liens et points communs que nous entretenons, souvent sans le savoir, avec le monde végétal. Un rapport qu'elle nous propose d'interroger au travers de ses œuvres.

Dans la collection Atelier 205, à voir en intégralité sur France.tv, consacrée aux artistes et à leur territoire, l'habillage graphique du film de Philippe Gasnier nous invite à retenir le numéro 18, département du Cher où réside Karine Bonneval.

Une addition de numéros de département sous forme de puzzle virtuel qui décode le nom de cette collection et esquisse, au fil de ces portraits, la richesse artistique de notre Région Centre-Val de Loire. Huit artistes, huit univers dont la renommée traverse les frontières de l'hexagone.

La nature a ses maux à dire

Après des études aux Beaux-Arts d'Angoulême en graphisme puis aux Arts décoratifs de Strasbourg en groupe objet, Karrine Bonneval décroche une bourse des métiers d'Art. Sans transition, elle entre dans le monde du travail en devenant l'assistante d'Olga Berluti, grand nom de la maroquinerie de luxe. Un poste qu'elle occupe pendant 25 ans.

Après quinze années de vie dans la capitale, elle décide, avec sa famille, de s'installer à la campagne Très vite accueillie par la Drac puis à l'Antre-peaux de Bourges, son deuxième point d'accroche, dont la programmation autour de l'humain, de la plante, de la science, de l'écoféminisme et de l'écosexe, la rapproche de ceux qui œuvrent sur le site.

Karine Bonneval, au travers de formes sculpturales, concentre sa recherche sur les relations paradoxales que nous entretenons avec le vivant. Elle nous invite à écouter la terre et la respiration de l'arbre, à élargir notre vision du monde en posant un tout autre regard sur les plantes qui nous entourent.

Savez-vous qu'elles peuvent traiter l'information, résoudre des problèmes et communiquer ?

Quand bien même, cela changerait-il notre comportement vis-à-vis de la plante exotique qui résiste sous sa maison de verre gravillonnée de petits cailloux noir et blanc ? Un objet de décoration qui se fond dans l'espace que l'on a choisi. Un trésor de la nature déraciné de son milieu d'origine.

Karine Bonneval interpelle notre attention sur cette domestication en exposant ses phylloplasties, des plantes augmentées d'ajouts artificiels.

L'amour en cage

Tout en gardant le même axe, elle s'inspire d'une mode anglaise "The Victorian Warden cases" : des caisses de transports semi-vitrées, inventées en 1850 par le docteur Ward. Une innovation qui permettait d'importer des plantes exotiques en Europe et en Angleterre, et de satisfaire les nombreux collectionneurs de fougères en serre.

"Dans tous les intérieurs bourgeois, on se devait d'avoir ce vivant mis en cage"

Karine Bonneval

Ses dômes de sucre, comme des boules de cristal, livrent des représentations symboliques de notre histoire et de nos dérives.

Le sucre, source de plaisir et de douceur, est un fléau pour notre santé quand il est consommé à l'excès, dissimulé dans notre alimentation industrielle. Une plante carnivore à l'aspect inoffensif rappelant l'esclavage, le commerce triangulaire et la guerre.

Leçon de choses ?

Les Wilder Mann de Charles Freger, représentant un personnage mi-homme mi-bête, animal ou végétal, intermédiaire entre la nature sauvage et la civilisation, inspiré des changements de saison.

Les plantes sauvages comestibles, étudiées par l'ethnobotaniste Claudine Boyer, la particularité des jardins Hmong, les pollens anémophiles transportés par le vent et le bouleau, arbre sacré, particulièrement allergène, au centre des recherches d'un scientifique spécialisé dans la pollution atmosphérique.

Les céramiques de Charlotte Poulsen et les sons recueillis par la bioacousticienne Fanny Rybak. Le stratagème des fleurs mis en lumière par Sophie Nadot.

Des inspirations, des expérimentations, des interactions, sources d'inspiration et de création. Un cheminement au travers de lectures, de rencontres avec les scientifiques pour mettre en lumière les sens communs que nous avons avec les plantes. La perception du son, des formes et de certaines couleurs sur un rythme contemplatif qu’il serait salutaire à l'être humain d'adopter.

Un film de Philippe Gasnier et Olivier Daunizeau de la collection "Atelier 205", initiée et dirigée par Christophe Camoirano et Philippe Gasnier en collaboration avec Oliver Daunizeau. Produit par Girelle Production et Bip TV, avec les soutiens du Centre du cinéma et de l'image animée - FSA. 

► La collection Atelier 205 est à voir en intégralité sur France.tv

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