On ne le sait que trop peu mais l'inventeur du chronographe, autrement dit le chronomètre, est un grand horloger du Berry.
Louis Moinet, né en 1768 à Bourges, est complètement tombé dans l’oubli avant de réapparaitre il y a, à peine, quelques années dans le paysage berruyer grâce à un passionné suisse Jean-Marie Schaller.
Au début des années 2000 cet horloger suisse achète la marque Louis Moinet et fait d’elle une grande marque de luxe avec une petite production de montres très haut de gamme pour une clientèle fortunée.
Le passionné effectue des recherches sur l’histoire de Louis Moinet et va jusqu’à Bourges pour rencontrer la municipalité qui ne connait pas l’existence du savant !
Un berruyer oublié
Pourtant Louis Moinet passe les 20 premières années de sa vie à Bourges, il fait ses études au collège de Bourges et vit rue de la Monnaie.
Déjà passionné par l’horlogerie, il passe son temps libre chez un maître-horloger.
Ensuite il part à Rome pour étudier l’architecture, la sculpture et la peinture et est nommé Professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Paris avant de devenir professeur des Arts de dessin à Bourges où il épouse sa cousine germaine.
Dès 1800 tout son temps est consacré à l’horlogerie en étudiant la théorie et la pratique en Suisse où il effectuera de longs séjours.
Reconnu par ses pairs, il est nommé Président de la Société Chronométrique de Paris et collabore, puis se lie d’amitié, avec un grand horloger Abraham-Louis Breguet.
D'extraordinaires pendules sortent de son atelier dont une pour Napoléon Bonaparte. Elle est réalisée en 1806 et est équipée d’un mouvement de 8 jours, elle donne bien évidemment les heures, les minutes mais aussi la date. Un mécanisme indique la phase de lune à l’intérieur des aiguilles des jours grâce à une bille en ivoire.
Il réalise aussi des horloges pour les présidents américains Thomas Jefferson et James Monroe mais aussi pour de nombreuses têtes couronnées en Europe.
En 1816 il invente le chronographe, ancêtre du chronomètre. Une pièce incroyable qui mesure le 60ème de seconde, bat à 216,000 vibrations heure et est munie d’un retour à zéro.
Pionnier dans le domaine il a une avance de 100 ans sur le développement de ses mécanismes. D’ailleurs il est aussi l’inventeur de concepts singuliers et de mécanismes surprenants pour des montres de poches.
Tout cela il le partage volontiers avec ses confrères horlogers et aussi dans un ouvrage, qui fait office de référence encore aujourd’hui : le traité d’Horlogerie qu’il publie en 1848. Le plus bel ouvrage d’horlogerie du 19ème siècle dans lequel il décrit les meilleures techniques horlogères.
Il meurt à Paris en 1853 à 85 ans et aujourd’hui deux plaques lui rendent hommage : l’une est apposée sur la façade de l’école des Beaux-Arts de Bourges et l’autre dans une impasse à proximité de la maison où il a vécu.
Enfin si vous voulez voir l’une de ses horloges, vous pouvez aller séjourner dans l’Hôtel de Panette puisque sur l’une des cheminées il y a une horloge signée Louis Moinet.