Escalade de violence en Israël-Palestine : la députée Nadia Essayan soutient la solution à un seul Etat

D'origine palestinienne, la députée MoDem du Cher s'émeut de l'escalade de violence en cours au Moyen-Orient. Elle fait partie de ceux, encore peu nombreux, qui veulent abandonner la solution à deux états, en échec depuis les années 70.

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40 palestiniens tués en une seule journée, ce dimanche 16 mai, à Gaza. C'est le plus lourd bilan depuis la reprise des hostilités entre Israël et la Palestine, le 10 mai. Le Hamas lui, a envoyé depuis cette date plus de 3000 roquettes vers le territoire voisin. Une offensive qui semble lourde, mais le bilan humain reste moins important du côté israelien, avec une dizaine de morts recensés depuis le début du conflit.

Israël-Palestine, un conflit asymétrique qui s'enlise

A sa source, une confrontation entre des Palestiniens et la police israélienne, sur l'Esplanade des Mosquées de Jérusalem, qui a fait plus de 500 blessés parmi les civils. Ce grave incident a cristallisé des tensions montantes depuis un mois, sans parler de celles qui montent depuis les années 70. L'asymétrie du conflit pousse Amnesty International à accuser Israël de "crimes de guerre", faisant notamment référence aux "déplacements forcés, à l'expansion des colonies illégales et la répression brutale des personnes qui manifestent contre ces graves violations." Le bombardement par l'Etat hébreu d'un immeuble abritant les locaux de la chaîne Al Jazeera et de l’agence Associated Press a également beaucoup fait réagir.

Depuis sa circonscription du Cher, la députée MoDem Nadia Essayan, d'origine palestinienne, assiste, impuissante, à cette nouvelle flambée de violences. "C'est un pan de l'Histoire du Moyen-Orient, qui continue d'être marqué par ce conflit. Le peuple palestinien est probablement celui qui a le plus longtemps souffert d'une situation d'injustice qui le marque au quotidien, et qui continue de s'exercer sans qu'on ne voie d'ouverture pour l'avenir, regrette-t-elle. Je ne comprends pas que l'indignation ne soit pas plus générale."

Le vivre-ensemble, "ça peut être retrouvé"

Mais pour l'élue, il y a encore un vrai espoir de paix entre les peuples. "J'ai grandi dans une famille palestinienne, qui a subi l'expulsion, témoigne Nadia Essayan. Mes parents en ont été meurtris, mais ils n'ont jamais cultivé la haine pour le juif, jamais. Nous avions des amis de toutes confessions. Pourquoi ? Parce que la Palestine, historiquement, était une terre où il y avait des musulmans, des chrétiens et des juifs. Ils avaient l'habitude de vivre ensemble. Je suis sûre que ça, ça peut être retrouvé."  Dans de nombreuses villes, éloignées de l'épicentre que représente Jérusalem, la cohabitation quotidienne entre Juifs et Arabes se fait d'ailleurs sans heurts.

La première étape pour marcher vers la paix, selon Nadia Essayan, c'est de reconnaître l'échec de la solution à deux Etats, née dans les années 1970. Sur le terrain, on tend à lui donner raison. "Fin 2018, les Palestiniens de Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza n’étaient plus que 43 % à croire à une solution à deux Etats, selon un sondage du Palestinian Center for Policy and Survey Research" écrit Le Monde.

La solution à un seul état : un système à imaginer

"Il y aurait d'une certaine manière une absorption [de la Palestine], je le comprends. (...) Mais Israël a le pouvoir sur tout ce territoire. Il peut couper l'eau, l'électricité, le ravitaillement, empêcher les personnes de se déplacer... rappelle Nadia Essayan. Qu'Israël et la Palestine deviennent un seul pays, et que tous les citoyens qui vivent sur ces terres aient les mêmes droits !"

Pour cette solution à un seul état, tout est encore à inventer. "Il faut réfléchir à un état binational ou fédéral, qui laisse aux Palestiniens une possibilité de gestion mais aussi d'existence au sein de cet état-là, avance l'élue du Cher. Ce n'est pas possible aujourd'hui, avec un territoire disséminé comme des bouts de mouchoirs. Il faudra imaginer une solution originale, qui permette de préserver des équilibres démographique, confessionnel... Peut-être peut-on penser à une entité étatique composée de deux chambres au Parlement : une chambre laïque, et une chambre représentante des différentes confessions. Il y a des possibilités, elles sont à rechercher ! Mais tant qu'on reste sur cette solution à deux états, on remet le problème à plus tard."

L'essentiel, pour Nadia Essayan, c'est d'amener dans la discussion de nouveaux interlocuteurs. Les forces diplomatiques mondiales, d'abord, pour pousser vers cette solution. Mais surtout les forces locales rendues inaudibles par le bruit des bombes et des roquettes. "Travailler sur la paix, c'est couper l'herbe sous le pied des extrémistes israéliens comme du Hamas. Parce qu'on va aller chercher des forces de paix, qui sont présentes sur ce territoire, mais qui n'ont pas la possibilité de se faire entendre en temps de crise. C'est avec ceux-là qu'il faut construire quelque chose."

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