Covid-19 : la Culture en Centre-Val de Loire encore une fois éprouvée par les mesures du gouvernement

Entre incompréhension et résignations, les professionnels de la culture de la région Centre-Val de Loire ont réagi face à l'annonce du gouvernement de prolonger de trois semaines la fermeture des cinémas, théâtres, salles de spectacle et musées. 

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La lumière reste éteinte et les rideaux encore tirés sur la scène culturelle française. Les cinémas, théâtres, salles de spectacle et musées devront encore garder les portes closes pour trois semaines supplémentaires, contrairement à ce qu'avait annoncé Emmanuel Macron lors de son allocution le 24 novembre.

Car, si la situation sanitaire "s'est améliorée ces dernières semaines", a affirmé Jean Castex, "les conditions posées pour leur réouverture ne sont hélas pas réunies". Lors de son point hebdomadaire sur la crise du Covid-19 jeudi 10 décembre, le Premier ministre a justifié cette décision "douloureuse" par la volonté d'éviter "d'accroître les flux et les brassages de public"

 "Je sais à quel point le secteur culturel s’était préparé, que les artistes ont répété, que toutes les filières étaient mobilisées, que tout était prêt pour que les rideaux se lèvent et les écrans s’illuminent", a-t-il continué. La ministre de la Culture Roseline Bachelot a pour sa part ajouté :  "La culture est essentielle, mais on peut, pour des raisons sanitaires, faire en sorte de se protéger pendant quelques semaines".

Les acteurs culturels de la région Centre Val-de-Loire ont accueilli cette décision avec résignation et incompréhension. Le temps commence à se faire long, alors que les portes sont fermées au public depuis plus d'un mois, suite au second confinement. "Cette indécision chronique nous fait beaucoup de torts", s'agace Jérôme Montchal, directeur de la salle de spectacle Equinoxe, à Châteauroux. François-Xavier Hauville, le directeur de la Scène nationale d'Orléans, confirme de son côté : "ce 'stop and go' du gouvernement est très préjudiciable à nos activités"

Pour le moral de la population, "il aurait plutôt fallu réouvrir" 

C'est surtout le postulat selon lequel les lieux culturels seraient des foyers de contamination en puissance qui consternent les acteurs de la culture. Deux poids deux mesures, alors que les transports et magasins sont, eux, ouverts. "Il nous semblait qu’on avait fait la preuve de notre sérieux du point du vue sanitaire", déplore Christine Melet. La directrice du cinéma indépendant Studio à Tours l'affirme : "Avant le deuxième confinement, il n'y a pas eu de problèmes dans le cinéma. Les gens portaient le masque et respectaient la distanciation sociale." 

François-Xavier Hauville en est aussi intimement convaincu : "Le Covid ne se diffuse pas dans les lieux de spectacles, où les mesures sanitaires sont bien meilleures que dans d’autres endroits". Christine Melet ajoute : "Alors qu'il y a eu une priorité du gouvernement sur le commerce et les déplacements pour Noël, la Culture se retrouve en point d’interrogation". 

Alors que "la crise sanitaire du Covid-19 a révélé la vulnérabilité psychique de nombreux Français", comme l'a souligné le directeur général de la santé Jérôme Salomon le 17 novembre, le moral de la population est aussi un enjeu crucial soulevé par le secteur culturel. Une étude publiée le 7 décembre par Santé Publique France a mis en valeur une "augmentation importante des états dépressifs pour l’ensemble de la population". Ce à quoi Jérôme Montchal répond : "Est-ce que la fermeture des théâtres a servi à quelque chose ? Non. Est-ce que le moral est bon ? NonIl aurait plutôt fallu réouvrir les théâtres et cinémas pour se divertir et changer du quotidien pesant." De son côté, Chaterine Melet rit jaune : "C'est ironique, parce que nous avions programmé des comédies et choses dynamiques qui auraient pu faire du bien aux spectateurs".

La pression s'accentue d'autant plus que l'entracte risque d'être prolongée : même la date du 7 janvier pour une possible réouverture semble incertaine. La minsitre de la Culture, Roseline Bachelot, reste prudente. Interrogée sur cette échéance par BFMTV vendredi 11 décembre, elle avance que "le 7 janvier n'est pas une date de réouverture" et que, si la situation sanitaire ne s'est pas améliorée, cette date pourrait être déplacée. 

Roseline Bachelot a par ailleurs indiqué avoir demandé une aide supplémentaire de 35 millions d'euros pour le secteur, qui s’ajoute donc aux 7,5 milliards déjà prévues lors du premier confinement au printemps 2020. 

Optimistes malgré tout 

"Nous allons sortir du confinement avec quelques centaines de milliers d’euros de déficit, nous sommes en train de prendre sur nos réserves d’investissement", note Catherine Melet. Elle ajoute qu'avec les "distributeurs fébriles et les retards de tournage", "nous nous retrouvons sans perspective et nous ne pouvons pas dépendre des aides de l'état en permanence". Mais la directrice du cinéma Studio veut rester optimiste : "On sent qu'il y a un besoin de culture". Elle raconte les dons spontanés de ses spectateurs et les réabonnements. "Nous bénéficions d'un ancrage local et d'un public cinéphile, nous aurons des spectateurs, nous en sommes convaincu".

Par ailleurs, fermeture au public ne veut pas dire arrêt total des activités, insiste François-Xavier Hauville. Les scènes d'Orléans continuent de soutenir les artistes et de travailler avec eux sur leurs représentations. "Certes, on ne peut pas les présenter au public, mais nous travaillons dans l’objectif de la reprise. Sinon on ne pourrait pas montrer de spectacles lors du déconfinement !", précise le directeur.

Initiatives semblables du côté de l'Equinoxe à Châteauroux : "On prend notre mal en patience et on essaie de soutenir la filière artistique de deux manières : la coproduction et la résidence de compagnies qui ne sont pas aidées habituellement", explique Jérôme Montchalt.  Car ce qui inquiète François-Xavier Hauville, ce n'est pas tellement que sa salle mette "la clef sous la porte", mais plutôt la situation "des artistes n’ont plus rien pour vivre et qui survivent avec 'l'aumône'".

Il se dit prêt à soutenir les artistes s'ils veulent monter des actions pour cette situation et prend l'exemple d'un baryton allemand qui a attaqué son Land (région fédérée d'Allemagne), car il ne pouvait pas travailler. François-Xavier Hauville conclut : "On n'a pas le droit d’être pessimistes. Il faut être combatif, et surtout optimiste". 

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