Depuis les révélations d'agressions sexuelles commises par l’Abbé Pierre, des statues à son effigie sont déboulonnées, des rues sont débaptisées, mais à Dreux dans le quartier Prod’Homme, le fondateur d’Emmaüs trouve encore des défenseurs. Une grande fresque devait être effacée, mais le comité de quartier s'y est opposé.
Peint en 2023 sur la façade d'une maison, le grand portrait de l’Abbé Pierre ne dérange pas dans ce quartier de Dreux. Certes, le square adjacent ne portera plus son nom, mais la grande majorité des habitants des Prod'homme ne souhaitent pas qu’il disparaisse de la mémoire collective.
A proximité, dans la cité d’urgence construite par l’abbé et ses compagnons dans les années 50, le fondateur d'Emmaüs a accueilli de nombreuses familles dans la détresse. Agé de 71 ans, Joël Dieu a eu l'occasion de le rencontrer. Il continue à perpétuer cette façon de vivre. Dans un hangar, il stocke tout ce qu’il trouve pour le redistribuer aux plus nécessiteux.
Grâce à des gens comme Joël, le quartier n'oublie pas d'où il est parti. Et même si beaucoup de ces logements à très bas loyers sont aujourd'hui emmurés, au Prod'Homme, même les nouveaux habitants aspirent à garder intacte cette mémoire. "Il faut garder en mémoire ce que l'abbé Pierre a fait de bien, c'est très important" indique un riverain.
Le maintien de la fresque a été votée par le comité de quartier par 7 voix pour et 3 abstentions. Une décision que le maire de Dreux, Pierre-Frédéric Billet, regrette mais respecte.