Laurence de Bourbon-Parme, candidate comme prédicatrice laïque : "L'Eglise ne veut pas de la sensibilité des femmes"

Dans la ligne d'Anne Soupa, 7 femmes ont annoncé le 22 juillet leur intention de se proposer pour des postes qui, au sein de l'Eglise catholique, sont encore réservés aux hommes. 

Fin mai, une femme a capté l'attention de toute l'Eglise catholique. Anne Soupa, théologienne, écrivaine, a pris le monde de cours en annonçant sa candidature comme archevêque de Lyon. En principe, pour ce poste et pour bien d'autres, on ne candidate pas : on est appelé. Mais qui appelle les femmes ? Personne. 

A la suite d'Anne Soupa, sept femmes, unies au sein du collectif Toutes Apôtres, ont annoncé le 22 juillet leur intention de candidater pour divers postes au sein de l'Eglise catholique : prédicatrice laïque, diacre, curé, évêque, nonce… Laurence de Bourbon-Parme, 69 ans, qui partage son temps entre Paris et l'Eure-et-Loir, espère bien être officialisée comme prédicatrice laïque. Nous l'avons rencontrée. 
 

  • France 3 : Quelle place occupe la foi dans votre vie ? 

Laurence de Bourbon-Parme : Depuis 20 ans, je suis enseignante spirituelle. J'ai des les gens à trouver le sens de leur vie, à vivre l'enseignement de Jésus concrètement. Ma foi est entière, c'est du 24/24. Elle est là depuis mon enfance, et j'ai toujours eu une proximité avec le Seigneur. Pour moi, tout ce qu'il a dit, tous les évangiles, c'est très proche de moi. 
 
  • Que représente pour vous ce poste de prédicatrice laïque ? 

Laïque, c'est parce que je ne veux pas être enfermée dans l'Eglise catholique, qui est complètement à réformer aujourd'hui. Ce que je fais, je le fais aussi bien pour les laïques, les juifs, les orthodoxes, les musulmans. Je suis d'obédience catholique, mais aujourd'hui, je suis universelle. Je souhaite une religion unie, la spiritualité est illimitée, elle est dans tout ce qui nous entoure. La prédicatrice que je veux être, c'est celle qui annonce la bonne nouvelle, c'est-à-dire l'évangile de Jésus, et c'est déjà ce que je fais depuis 15 ans. 

Tous les prêtres sont des prédicateurs. La prédication, c'est expliquer l'évangile. Au sein de l'Eglise, une femme ne peut pas faire ça. On estime qu'une femme n'est pas assez intelligente pour être capable de comprendre l'évangile de Jésus. Rien dans les textes ne le justifie, d'autant que les plus beaux enseignements que le Seigneur a donné, c'est aux femmes. Le jour de sa résurrection, c'est à une femme, Marie-Madeleine, qu'il s'est montré, pas aux apôtres. Et qu'est-ce qu'il lui a dit ? "Va prêcher à tes frères". Jésus n'a jamais demandé aux hommes d'aller prêcher. Baptiser, oui. Evangéliser, il l'a dit à une femme. Jesus a toujours été entouré de femmes, suivi par les femme, et je revendique la place qu'il leur a donné. C'est pour cela qu'on a lancé notre appel le 22 juillet, car c'est la fête de Marie Madeleine. Je peux parler du message du Seigneur, j'en suis capable. 
 
  • Est-ce pour cela que vous avez décidé de défier l'ordre établi ? 

Je ne viens pas défier, ce n'est pas mon caractère. Pour moi, c'est une évidence : je suis cela, point. On l'accepte, ou pas. A vrai dire, je n'attends rien, je ne vais pas attendre un hoquet d'un homme pour agir en tant que femme. 

Je suis là pour que l'Eglise bouge, et qu'on permette à la femme d'y être. Je souhaite être officialisée, car au fond, c'est ce que je fais déjà. Je veux pouvoir le faire sans qu'on me dise : "Mais comment vous vous permettez ?!"  
 
  • Si les textes ne s'y opposent pas, pourquoi interdit-on ces charges aux femmes ?

Je crois que c'est tout simplement une question de pouvoir. Les femmes, nous vivons avec notre intuition, notre bon sens, notre sensibilité. L'Eglise ne veut pas de la sensibilité de la femme, même si on ferait sans doute aussi bien, voire mieux. Dans la façon dont je parle, je ne change absolument pas les phrases de notre Seigneur. Par contre, je cherche le "sens féminin" avec lequel il a voulu s'exprimer, et je trouve des choses extraordinaires, qui touchent l'être. 
   
  • Comment a été accueillie l'annonce de votre collectif ? 

Anne Soupa a reçu beaucoup de phrases désagréables, car elle a été la première. Nous, nous avons eu des retours d'amis, de prêtres, d'évêques, qui nous ont tous dit : "c'est génial !" J'ai envoyé personnellement 150 mails, je n'ai pas eu une seule réflexion négative. Anne Soupa a commencé, et depuis que nous sommes passées dans la presse, plus de 100 femmes nous ont dit qu'elles voulaient rejoindre notre groupe, Toutes Apôtres. Elle nous disent : si je peux retourner à ma religion grâce à vous, c'est merveilleux, car j'en ai marre que la femme n'ait pas son mot à dire. On vit un moment magnifique, auquel on ne s'attendait pas. 
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