Salon de l’agriculture : passion Percheron, le cheval aux 1000 et un attraits

Victor Mesnil est tombé amoureux du Percheron tout petit. Il devient éleveur par passion, et comme beaucoup contribue à sauver cette race que l'on retrouve sous toutes les latitudes des USA au Japon.

Victor Mesnil n’est pas du sérail. Rien ne le prédestine à embrasser l’élevage. Rien, si ce n’est cette rencontre qui le fait tomber en amour. Ses yeux en brillent encore à la simple évocation de cette journée avec son papa.

« J’ai 7 ou 8 ans, on se rend chez un éleveur près de la maison en bord de l’Huisne dans le Perche. Et je vois Tombeur un étalon noir Percheron. C’était un peu tôt pour nous, nous ne l’avons pas acheté. Mais à partir de ce moment j’ai su… Que c’était juste une question de rendez-vous. »

Apprendre des rencontres

Le temps de lire, écouter, se renseigner. Apprendre. Et voir naitre Diego dans le même élevage. Il est beau ce poulain, mais alezan crins lavés.

« Une robe qui n’est pas reconnue chez les percherons français forcément noirs ou gris plus ou moins foncés ou clairs. Alors je l’ai acheté, débourré. Je le monte encore. »

Un premier acte qui ne le satisfait pas et pour cause. Lui, c’est l’élevage qui l’intéresse. Il se remet en marche. Il questionne, veut apprendre.
 
 

Dauphine, le coup de foudre

« Je m’inscris comme bénévole en septembre 2016 au championnat de France de modèle et allures. Toujours ma formation empirique ; et à l’issue de l’événement je me rends auprès de la carrière principale pour la remise des prix. Devant moi apparaît « Dauphine des Lilas », une diligencière. Un vrai coup de foudre. J’ai recherché le propriétaire, trouvé son numéro de téléphone. Elle devait venir au salon de l’agriculture quelques mois plus tard. Il a accepté que je la monte régulièrement pour la préparer, et la présente pendant la semaine de la Porte de Versailles ». 

Obstiné et investi dans sa démarche, à l’issue du SIA 2017 il l’achète. Elle a 4 ans.

La première pouliche

Sa merveille acquise, il faut passer à l’étape d’après. Choisir un étalon n’est pas simple. Il aime la génétique, rechercher des critères particuliers… Il aime aussi les modèles d’utilisation. Mais il sait qu’il est loin d’être encore expert : il suit les conseils avisés de professionnels. 11 mois plus tard il devient réellement éleveur avec la première naissance.

« Une pouliche, It’s Me, superbe. J’ai cherché un peu de longueur de dos et une encolure plus longue. Et aussi un peu de taille. »
 

 

Rendez-vous aux premiers concours de modèles et allures

Dans les semaines à venir, Dauphine va être à nouveau saillie. En changeant l’étalon déjà choisi -Black Boy- pour son modèle un peu plus costaud et qui apportera d’avantage de couleur avec un pomelage plus marqué. « It’s Me » quant à elle Victor l’attend quelques années.

« Ses premiers concours me diront si son modèle fonctionne. Si oui je la garderai en poulinière ; sinon, je la passerai en cheval d’utilisation et après le débourrage, je trouverai un gentil propriétaire. »
 

Faire naître et élever,  un métier

A 20 ans aujourd’hui Victor Mesnil continue son apprentissage intensif. « Pour mon plaisir. Sans vouloir devenir éleveur professionnel » mais le lien avec le patrimoine, la terre est essentiel. Depuis qu’il est enfant, il aime faire naitre et élever des poules, des lapins, des canards et maintenant des chevaux… C’est une suite logique.
 
Si logique d’ailleurs qu’il fait partie des 142 000 étudiants et élèves de la filière agricole. En licence professionnelle « management des activités commerciales » à l’école supérieure d’Agriculture d’Angers.

Les chevaux Percherons ont évolué

Victor n’est pas le seul à être attaché au patrimoine Français, aux berceaux de races. Le regain d’intérêt pour les chevaux de traits est encore limité mais patient. Pour le Percheron, comme pour les autres, les amoureux ne tarissent pas d’efforts.
 
Et en 30 ans les repères ont évolué. La mode dans la race du Percheron est au « Diligencier »… En d’autres termes, des formats plus légers que les chevaux de labour (utilisés pour les travaux des champs). Toute proportion gardée sur la légèreté : a minima 600/700 kg quand même contre 1 tonne et jusqu’à 1,2 tonne pour les plus lourds…

Sauvés en 1993

Les « Diligenciers » sont les chevaux issus des croisements réalisés avec les 7 étalons américains importés en 1993… La race connaît alors des difficultés pour exister alors que la mécanisation a vidé depuis longtemps les écuries de nos campagnes. Ces héritiers sont d’ailleurs plutôt de grande taille ; jusqu’à 1,85m. Les postiers, eux, sont plus petits. Une version que l’on apprécie encore pourtant dans certains métiers comme le débardage où le besoin se porte sur des chevaux plus râblés et près de terre (1,60m – 1,65 au garrot).

Mais le Postier et sa petite taille n’ont jamais eu vraiment la côte. D’abord parce que la concurrence est rude avec les bretons ou les comtois solidement implantés sur le créneau. Ensuite car le percheron depuis la perte de vitesse des chevaux de traits a été élevé comme race à viande en France. Et le Postier n’atteint jamais le poids des autres, plus costauds.
  

Un symbole du Perche avec un patrimoine génétique surprenant

Ce cheval hors norme est intelligent, endurant et courageux… Il est le symbole de son pays, le Perche. Ses origines sont lointaines et les experts d’accord pour souligner que la race est imprégnée d’influence orientale depuis le VIIIè siècle. Même si le format fluet et la nature tempétueuse du Pur Sang Arabe est très éloigné de la silhouette de nos gros pépères.
 

Des étalons arabes furent, c’est certifié, introduits comme améliorateur de race à plusieurs reprises. Aujourd’hui encore, de bien méchantes langues, jaloux de nos vertes vallées percheronnes à l’herbe grasse, se répandent pour dire même que le Percheron est « un arabe grossi par le climat ».

 
 

Le rendre plus sportif

La mécanisation n’est pas la seule raison pour laquelle nous avons failli voir disparaître les silhouettes tranquilles de nos gros pépères des vallées verdoyantes. La modification des habitudes alimentaires a également pesé avec la baisse significative de l'importance dans la filière viande en France depuis la fin des années 80. Et cela même si les statistiques montrent qu’1/3 du cheptel est encore élevé pour la boucherie, mais à destination de l’étranger.

Le modèle du Percheron a été allégé pour l’aider à devenir davantage agile, plus tonique et vif, tout en gardant ce qui fait sa singularité. Bref, le rendre plus sportif. Chacun a apporté ce qu’il recherchait.
Les anglais l’ont croisé avec leur grands « Hunters » enregistrant des résultats intéressants en dressage. Les Argentins ont mis des Criollos, plus petits et plus rapides, pour le travail sur bétail. Les américains en ont fait un cheval de sport, en « Barrel Racing » par exemple et parfois même à la marge en chevaux d’obstacle.

Aimé jusqu'au Japon

Au Japon, le Percheron s’est fait une place au soleil avec l’engouement autour du Trait-Tract, une course de chevaux de trait qui fait l’objet de paris… 
Le « ban'ei », pratiqué sur l’ile d’Hokkaido, est constitué à 70% de chevaux du Perche où les charges pèsent plus de 500 kg.
 
Leur calme légendaire a même inspiré les éleveurs de chevaux de sport. A l’avant-garde, les percheronnes servent parfois de « mères porteuses », et d'allaitantes pour les embryons des juments de concours hippique… Un phénomène resté limité car le placenta, par ses apports génétiques modifie, selon certaines observations, les caractéristiques des parents biologiques. Dans un sens… peu sportif.
 

Préservation de l’environnement

Les problèmes environnementaux poussent ces dernières années à trouver des alternatives aux solutions polluantes des moteurs à explosion. On a vu revenir les chevaux de trait dans nos villes, tant en termes de travaux que de transports scolaires. Les Percherons participent à ce retour des chevaux dans nos cités. Saint Pierre-sur-Dives en Normandie a ouvert la voie. Depuis, de nombreuses communes ont suivi l’exemple notamment dans le domaine du transport scolaire, avec d’autres races.
 

Un élevage éclaté géographiquement

Son traditionnel bassin d’élevage est la Normandie mais le gros des naissances se trouve ailleurs. En Sarthe, en Mayenne, et dans le Centre.
Leur adaptation est grande et leur permet de vivre partout dans le monde. De l’Europe du nord (en Norvège) à l’Australie, ou l'Afrique du Sud… Mais leur prix en France restent très raisonnables. Entre 1 000 et 5 000 euros pour les plus beaux d’entre eux, déjà dressés…
 

Le cheval de tous les records

1 547 kg déplacés sur 5 mètres. La traction est la spécialité du cheval Percheron. C’est une jument, un sujet australien, qui tient le record du monde de traction (officieux)…
2,13 m et 1,372 Tonnes… C’est a priori le plus grand Percheron. Américain il est né en 1902.



 
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