Certaines communes préparent déjà des places d'hébergement, tandis que d'autres organisent des collectes de biens de première nécessité. En Centre-Val de Loire, à 2300km du front, la solidarité avec les Ukrainiens s'organise.
Cinq jours après le début de la guerre en Ukraine, les bombardements se poursuivent dans les principales villes du pays, notamment Kiev et Kharkov. Au moins 200 civils auraient déjà été tués selon le gouvernement ukrainien, et plus d'un millier ont été blessés suite aux frappes visant des infrastructures importantes et des zones densément peuplées, comme la tour de télévision de Kiev, visée ce 1er mars.
Jusqu'à "sept millions de réfugiés" dans les deux prochains mois
Sur place, la situation humanitaire se dégrade rapidement. Alors que l'Union européenne a annoncé le déblocage de 500 millions d'euros pour l'aide humanitaire, les Nations Unies estiment qu'au moins un million d'Ukrainiens ont été jetés sur les routes, dont 660 000 ont d'ores et déjà quitté le pays. Selon Jean-François Mézières, président de la Croix Rouge du Centre-Val de Loire, l'association humanitaire "estime déjà à sept millions le nombre de réfugiés potentiels dans les deux mois qui viennent". La majorité d'entre eux serait déjà en train de franchir la frontière polonaise.
Plusieurs pays dont la France l'Allemagne et la Pologne ont déjà pris des mesures, comme la gratuité des transports en commun pour les déplacés, mais la solidarité s'organise aussi à l'échelle locale.
Des initiatives dispersées à travers la région
Dans le Loiret, la ville d'Orléans a quant à elle annoncé que le maire, Serge Grouard, solliciterait "un certain nombre de partenaires et d'entreprises pharmaceutiques locales afin de trouver les voies et moyens les plus efficaces pour acheminer au plus vite des médicaments sur place".
La ville d'Orléans se tient par ailleurs "à la disposition du Quai d'Orsay" pour accueillir des réfugiés et a encouragé les collectivités à mettre à disposition des hébergements. Plus symboliquement, le conseil municipal s'est rassemblé lundi 28 février devant l'Hôtel de ville paré des couleurs du drapeau ukrainien. Toujours sur un plan symbolique, le pont de l'Europe a quant a lui été provisoirement rebaptisé "Pont de l'Ukraine".
D'autres villes et collectivités ont également, à la mesure de leurs moyens, annoncé des rassemblements, des collectes de dons et même la mise à disposition de logements afin d'aider les Ukrainiens. Depuis le 28 février, cela a été le cas à Tours, Issoudun, Bourges et jusque dans de petites communes rurales. A Naveil, petit village du Loir-et-Cher, les habitants se sont organisés pour collecter un stock de produits de première nécessité, qui seront directement envoyés vers l'Ukraine.
L'État et les régions veulent structurer la solidarité
Après ces premiers gestes nombreux mais désorganisés, les instances publiques essaient désormais de coordonner la solidarité et la générosité des citoyens. Lors d'une visio-conférence de presse, le président de la région Centre-Val de Loire Fraçois Bonneau a insisté sur l'importance des dons financiers, notamment à la Croix-Rouge qui possède des relais en Ukraine et dans le Donbass.
"Il ne s'agit pas de stocker ici ou là des dons en matériel dont les Ukrainiens n'auraient pas immédiatement besoin", et qui seraient difficile à acheminer, a expliqué François Bonneau. Ce dont ils ont besoin ce sont des moyens. Un appel aux dons en matériel sera mis en œuvre "dans un deuxième temps".
Il est important que nos concitoyens savent qu'ils peuvent agir, qu'ils peuvent être utiles, mobiliser leur solidarité, mais aujourd'hui c'est en donnant à la Croix Rouge qu'ils le feront de la manière la plus efficace possible
François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire
A ce titre, la Région va participer à hauteur de 100 000 euros à un fonds humanitaire que l'État est en train de créer. "Il est trop tôt pour du matériel dont la logistique de l'acheminement est très complexe", a abondé Jean-François Mézières au cours de ce point presse. La Croix Rouge, "installée depuis 2014 au Donbass", est en revanche bien placée pour aider à prendre en charge l'afflux de réfugiés, mais nécessite pour cela un soutien financier. L'argent récolté aidera notamment à mettre en place "des camps avec tous les éléments d'hygiène", notamment l'acheminement en eau, en médicament, et un soutien social et humain.
Le président de région a également appelé les particuliers, les collectivités et les associations susceptible de fournir des conditions d'accueil aux réfugiés de "faire état de leur disponibilité". C'est le cas par exemple d'Issoudun, dont le maire André Laignel a fait savoir par communiqué qu'après avoir permis notamment à des familles syriennes "de débuter un nouveau moment de leur vie" sur son territoire, la commune allait mettre à disposition ses services pour "anticiper" l'accueil de nouveaux réfugiés. Dans un second temps, quand les besoins sur place seront connus, des appels aux dons pour du matériel seront à nouveau lancés.
Pour participer à cette collecte, vous pouvez vous rendre sur le site de la Croix rouge française ou envoyer un chèque par voie postale à l'ordre de Croix Rouge française - Conflit Ukraine 2022, et à l'adresse suivante : Croix Rouge française C.S. 20011 59895 Lille Cedex 9.