Après qu’une collégienne de 13 ans ait été mise en examen pour tentative d'assassinat avec un cutter sur un professeur à Richelieu, en Indre-et-Loire, l’heure est à la reconstruction pour le collège et à l’analyse pour les syndicats enseignants.
Les cours ont repris ce lundi 2 décembre et le week-end qui s’est écoulé a à peine atténué le traumatisme. Dès cet après-midi, 2 infirmières scolaires et une psychologue étaient présentes au collège Le-Puits-de-la-Roche à Richelieu, pour écouter ceux qui auraient besoin de se confier après les faits de violence qui se sont déroulés au sein de l’établissement.
"Vendredi à 13h, il y avait déjà 2 médecins scolaires et 3 infirmières", explique Hervé Heugue, chef d’établissement du collège Le-Puits-de-la-Roche à Richelieu (Indre-et-Loire), qui raconte que depuis vendredi, les élèves sont nombreux à solliciter les membres de la cellule psychologique. "Je les avais rassemblés dans la cour et leur avait expliqué qu’un évènement grave s’était produit et que l’élève passerait devant le conseil de discipline et serait poursuivi par la justice".
Le jour de l’incident et après être sorti des urgences, l’enseignant agressé avait également tenu à revenir dans l’établissement pour rassurer ses élèves. "Nous avons fait le tour des classes ensemble", raconte le chef d’établissement. Légèrement blessé au thorax, le professeur de mathématique a repris le travail ce lundi matin "à sa demande et de manière normale".
C’est un excellent professeur, très apprécié et qui est dans l’établissement depuis longtemps. Connaissant son tempérament, je ne suis pas surpris qu’il ait souhaité reprendre.
Un enseignant ne s’est pas senti apte à reprendre
2 assistantes sociales sont également présentes ce lundi, à la demande du rectorat, pour accompagner le personnel. "Certains enseignants sont encore sous le choc", explique Hervé Heugue. "Un enseignant ne s’est pas senti apte à reprendre et a été renvoyé chez lui". Le directeur académique s’est également rendu dans le collège vers 10h30 afin de rencontrer les professeurs.L’élève a été exclue à titre conservatoire, jusqu’à sa convocation devant le conseil de discipline dont la date n’est pas encore connue. La cellule d’écoute est maintenue "le temps qu’il faudra", insiste le proviseur, qui a dès vendredi, adressé un courrier aux parents d’élèves afin de les informer de l’incident.
La violence scolaire ne serait pas l’apanage des zones péri-urbaines
De leur côté les syndicats saluent la réactivité de l’établissement qui a su mettre en place rapidement des moyens d’écoute et d’accompagnement. "On est contents que l’administration ait réagi aussi vite, c’est plutôt bon signe", se satisfait Cédric Picard, secrétaire départemental SE-UNSA 37. Le collège qui accueillait à peine 235 élèves en 2017 et se trouve à la limite du département de la Vienne et à l’extérieur de la commune de Richelieu, n’est selon lui, pas un établissement à problèmes.L’adolescente de 13 ans n’avait par ailleurs, pas d’antécédents judiciaires et semblait avoir des difficultés à expliquer son geste au cours de sa garde à vue. Selon Grégoire Dulin, Procureur de la République de Tours. Elle avait indiqué "avoir une haine des mathématiques sans en vouloir de manière personnelle à son professeur".
"Ces problématiques de violences potentielles existent aussi dans le rural où il n’y a pourtant pas beaucoup de collèges en ZEP (Zone d'éducation prioritaire)" explique Cédric Picard.
Certains coins ruraux où on vit avec peu de salaire, où les services publics disparaissent, peuvent aussi amener à un sentiment d’abandon, de délaissement comme dans les zones péri-urbaines", analyse le secrétaire départemental. "Cela crée des profils défavorisés. C’est moins visible et moins important en nombre, mais ça arrive".
La collégienne de 13 ans a été mise en examen pour tentative d’assassinat. Vendredi 29 novembre en fin de matinée, elle avait agressé son professeur, à la fin d'un cours, avec un cutter. Immédiatement interpellée et placée en garde à vue, la mineure a été présentée le lendemain au parquet de Tours. La poursuite des investigations a été confiée à un magistrat instructeur qui diligentera des expertises psychiatriques et psychologiques pour parvenir à comprendre ce passage à l'acte.