A cause de la tempête Caetano, jusqu'à 37 000 foyers se sont retrouvés privés d'électricité en Centre - Val de Loire. Les villages ruraux sont particulièrement touchés. En dehors des événements climatiques exceptionnels, leurs habitants sont aussi confrontés à des micro-coupures.
"Ça devient franchement pénible et usant. Comment ils font dans les régions montagneuses ?" Au moment où nous l'interrogeons, cette habitante de La Ferrière, village de 318 habitants du nord Touraine, n'a plus d'électricité depuis 24 heures. La faute à la tempête Caetano, ses chutes de neige et ses rafales de vent.
Résultat : "On s'éclaire à la bougie et surtout, on n'a plus ni téléphone ni Internet. C'est comme si on était coupés du monde".
17 degrés dans les classes, l'école fermée
Ce vendredi 22 novembre matin, le maire du village a fait fermer l'école. Plus de chauffage. "Il faisait 17 degrés hier en fin de journée, déplore Marc Leprince, maire (SE) de La Ferrière. Et comme ce matin l'électricité n'était pas revenue, on a préféré ne pas accueillir les élèves dans ce bâtiment."
Les 49 enfants ont été transférés dans une autre école du RPI (Regroupement pédagogique intercommunal), à quelques kilomètres de là. Le maire a aussi fait la tounée de la quarantaine de personnes âgées du village privées de chauffage. "C'est là qu'on se rend compte à quel point on est dépendant de l'énergie", souffle-t-il.
Cette fois, c'est un arbre qui est tombé sur une ligne électrique. Après l'intervention des techniciens d'Enedis, le courant a été rétabli en fin de matinée. Fin de l'histoire ? Pas vraiment.
Trois coupures en une semaine
Car l'incident est loin d'être isolé. A La Ferrière, c'est déjà la troisième coupure d'électricité en une semaine. Des micro-coupures et des coupures, d'une fraction de seconde à quelques heures, qui surviennent également pendant l'année. Pour l'une d'elles, un tracteur a heurté un poteau électrique.
"Et on a aussi un problème avec un propriétaire. La ligne électrique longe son bois. Dès que le vent souffle un peu, les arbres morts tombent et sectionnent le câble", regrette l'édile, qui affirme avoir réclamé à celui-ci d'entretenir son domaine. En vain.
Pourtant selon la société Enedis, que nous avons contactée, "l'élagage des arbres à proximité des lignes, lorsque ceux-ci sont sur le domaine privé, est bien à la charge du propriétaire. Nous intervenons seulement lorsque la végétation se trouve sur le domaine public".
Une pétition lancée en 2022 dans l'ouest tourangeau
Comme ce village, d'autres communes d'Indre-et-Loire sont elles aussi confrontées à ces désagréments électriques.
Dans l'ouest tourangeaux, une pétition a même été lancée, voilà deux ans, pour tenter d'y mettre fin. Six communes étaient concernées. "C'était des coupures quasi-quotidiennes, raconte le maire (sans étiquette) de Savigné-sur-Lathan, Hugues Brun. Les habitants devaient jeter de la nourriture car leur frigo s'était arrêté, d'autres voyaient leur four ou leur pompe à chaleur endommagés, et d'autres enfin ne se réveillaient pas à l'heure pour aller au travail car leur réveil s'était coupé pendant la nuit !"
D'autant qu'au bout de trois micro-coupures, la ligne se coupe automatiquement, par sécurité.
Démunis, les habitants ont demandé des comptes au Sieil, le Syndicat Intercommunal d'Energie d'Indre-et-Loire, propriétaire du réseau basse tension. Réseau dont la gestion et l'entretien sont sous-traités à Enedis. L'électricien a fait voler un hélicoptère pour inspecter les lignes, élagué les arbres et vérifié ses installations électriques.
"Depuis notre coup de pression, on a beaucoup moins de coupures. Il y avait plusieurs problèmes : un problème technique sur un poste-source, qui permet la redistribution de l'électricité, des lignes qui passaient dans des champs et qui étaient arrosées par les installations agricoles, ce qui entraînaient des micro-coupures, et, de façon plus marginale, des arbres ou des branches qui tombaient sur les lignes"
Emmanuel Bouchenard, habitant à l'origine de la pétition
Réduire de 35% le temps de coupure moyen
En Indre-et-Loire, le temps de coupure moyen par an et par foyer est de 99 minutes. Une moyenne qui cache de fortes disparités entre la métropole tourangelle et la campagne.
L'an dernier, le Sieil a renouvelé pour 30 ans son contrat de délégation avec Enedis. En lui fixant un nouvel objectif : réduire cette moyenne à 65 minutes : "On a un premier plan pluriannuel d'investissements de 16 millions d'euros sur quatre ans, explique Jean-Luc Dupont, maire (LR) de Chinon et président du Sieil. L'objectif, c'est de renforcer le réseau là où il est le plus fragile : soit en enfouissant les lignes, soit en installant des câbles torsadés, plus solides, pour faire baisser le nombre de coupures électriques".
L'an dernier en Touraine, plus de 230 chantiers de renforcement, de sécurisation ou d'enfouissement ont été réalisés.