Seules cinq antennes sont visibles de l'extérieur : les militaires du Centre de détection et de contrôle de Cinq Mars-la-Pile (Indre-et-Loire) surveillent le ciel de la moitié nord de la France, 24H sur 24h et 365 jours par an, pour détecter les menaces.
Dans la partie basse du bâtiment, un rideau métallique et des plots en acier empêchent tout accès au tunnel creusé sous 36 mètres de roche. Au total : 17 kilomètres de galeries d'anciennes carrières souterraines transformées en champignonnière, puis en entrepôt bunker par les Allemands lors de la seconde guerre mondiale pour éviter les bombardements. Le BIVC, le Bureau d'Information de Vol Centralisé, y a pris ses quartiers en 1990.
Une trentaine de personnes s'y consacrent 24 heures sur 24, 365 jours par an. Une fois acceptés, les plans de vol sont diffusés dans l'ensemble des services qui vont scruter le parcours de tous les aéronefs ainsi déclarés, de leurs point initiaux jusqu'à leurs points finaux.Nous avons pour mission de traiter l'intégralité des plans de vol des aéronefs militaires français partout dans le monde et des militaires étrangers qui volent au-dessus du territoire national", explique le lieutenant-colonel Cédrik Bureau.
Installé provisoirement en surface pour cause de travaux, le Centre de détection et de contrôle 07927, une des unités du site de Cinq-Mars-La-Pile, scrute en permanence le ciel de la moitié nord de l'héxagone pour repérer les avions en difficulté ou représentant une menace potentielle.
"Nous sommes la police du ciel !", lance le commandant du CDC, ancien pilote de chasse. La France est un noeud de communication en Europe.
Dans la salle d'opération, casque sur la tête, les yeux rivés sur des écrans de contrôles radars, les militaires observent en temps réel l'ensemble des aéronefs qui circulent.Nous avons jusqu'à 10.000 survols par jour avec des pics à 1.000 survols par heure, précise-t-il.
Les avions peuvent être anormaux, déviants ou dangereux
"Les contrôleurs associent un comportement aux appareils. Normal. Anormal. Déviant. Dangereux. Quand un appareil dévie de son plan de vol, on le suit. Et si la situation commence à dégénérer, on fait décoller des appareils pour agir", poursuit le commandant d'unité.La mission peut aller de l'assistance à un pilote égaré ou à un avion militaire ou civil en panne, à des mesures coercitives, "jusqu'à la neutralisation d'un appareil
hostile".
Dans ce dernier cas, une fois la décision politique prise par la Haute Autorité de Défense Aérienne et le Premier ministre, tout va très vite: "Il y en permanence au moins quatre avions chasseurs capables d'être opérationnels quasiment partout en France en moins de quinze minutes", souligne le commandant du CDC. A ce dispositif, il faut ajouter des matériels en astreinte, ravitailleurs ou avions de détection aéroportée, prêts à décoller... Ce fut le cas encore récemment.
Démonstration russe
"Nos amis russes, discrets depuis quelques années, viennent depuis deux ans, régulièrement, nous démontrer qu'ils ont la capacité de voler au large de nos côtes. Nous leur démontrons, inversement, que nous avons la capacité de les détecter, de les suivre et de nous interposer. Ça peut durer des dizaines d'heures", détaille le lieutenant-colonel. Il montre un cliché, datant de moins d'un an, sur lequel on peut voir un mirage 2000 à environ 500 mètres d'un bombardier stratégique, type Tupolev 160, conçu dans les années 1980, pouvant transporter en soute de l'armement conventionnel ou nucléaire.Le CDC a aussi récemment aidé un appareil civil léger belge qui avait perdu le cap : "L'avion, clairement en danger, a été conduit vers une plateforme sûre grâce au service du contrôle". Entre 320 et 340 personnes travaillent sur la totalité du site tourangeau, qui dépend de la base aérienne 705 de Tours, et n'a qu'un seul équivalent en France, à Lyon.
Le futur système de défense aérienne de l'armée est en test dans la nouvelle salle des opérations de la base militaire de Cinq-Mars-la-Pile. Sous terre, et labellisé OTAN, il devrait être fonctionnel dans quelques années.