Au procès des attentats du 13 novembre 2015, Maître Laurent, avocate tourangelle, défendra l'une des victimes

Le procès des attentats du 13 novembre s'ouvre ce mercredi 8 septembre. Cette affaire est historique, tant pour le président de la cour d'assisses que pour les plus de 300 avocats impliqués. Parmi eux, une tourangelle, qui représentera l'une des parties civiles : Maître Marie-Isis Laurent.

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"Le procès du siècle", comme l'appellent déjà certains magistratss'ouvre ce mercredi 8 septembre. Face à 1 800 parties civiles, 14 accusés et complices présumés des attentats du vendredi 13 novembre 2015, dont le seul membre des commandos survivants, Salah Abdeslam. Les six autres autres jugés sont présumés morts ou en fuite.

L'attentat a coûté la vie à 130 personnes et en a blessé plus de 1 300. Ce soir-là, la France est en deuil et le monde entier a les yeux rivés sur Paris. Au même moment, à Rochecorbon (Indre-et-Loire), Me Marie-Isis Laurent révisait son grand oral d'examen du barreau chez ses parents. Pour elle, c'était impensable qu'un tel évènement se déroule dans la capitale. "J'étais terrorisée. Mon frère et ma belle-soeur habitaient le Xème arrondissement donc je ne faisais que les appeler. On a fini par les joindre et ils nous ont dit qu'ils avaient été mis à l'abri dans un établissement". Aujourd'hui avocate, installée à Paris, elle défendra ce mercredi 8 septembre l'une des victimes de cet attentat.

Des séquelles physiques comme psychologiques chez sa cliente

Ce vendredi 13 novembre 2015, l'équipe de France de football affronte l'Allemagne lors d'un match amical au stade de France. Dehors, ils sont nombreux en ce début de week-end à être attablés dans les bars et restaurants environnants. Parmi eux, Chloé*, 25 ans. Elle est avec des membres de sa famille et son petit-ami.

Le cauchemar commence vers 21h20. Trois kamikazes font exploser les gilets explosifs qu'ils portent à une dizaine de minutes d'intervalles. L'un d'entre eux se trouve derrière Chloé*. Séparée de ses proches, la jeune femme ne le voit pas et reçoit des boulons dans la jambe. Après plus d'un an d'hospitalisation et de rééducation, pendant lequel les médecins ne savaient pas si elle pourrait marcher à nouveau, elle ne ressent aujourd'hui plus aucune sensation dans ce membre. "Elle ne peut plus faire certains actes de la vie courante, à commencer par se pencher. Elle est handicapée à près de 80%". Les séquelles sont physiques comme psychologiques.

Elle a peur de la foule. Elle ne peut plus prendre les transports en commun. Tout son quotidien a été bouleversé et elle est angoissée à l'idée de voir les accusés en face pour la première fois.

Me Laurent au sujet de sa cliente

"C'est une cliente à qui j'ai dit qu'on pouvait s'appeler jour et nuit" 

Chloé* a saisi Me Marie-Isis Laurent au mois de mai dernier. Des jours et des nuits entières pour préparer au mieux ce "dossier colossal", mais aussi pour recueillir la parole de sa cliente et se préparer psychologiquement à l'entendre. "Dans ce genre d'affaire on n'a plus un simple rôle de juriste. On est aussi des accompagnants. C'est une cliente à qui j'ai dit qu'on pouvait s'appeler jour et nuit, ce qu'elle a eu besoin de faire" raconte-t-elle, une certaine émotion dans la voix. L'avocate confie même avoir eu besoin d'en discuter avec ses confrères du même cabinet. 

A l'approche de l'ouverture du procès, l'inquiétude grandit chez la victime, aujourd'hui âgée de 31 ans et son avocate. Diplômée depuis quatre ans seulement, c'est la première fois que Maître Laurent est confrontée à un dossier concernant des actes terroristes. "Je me sens jeune, mais la matière pénale je la pratique au quotidien". Celle qui s'est passionnée pour le droit dès le collège après avoir lu les ouvrages de Robert Badinter sur la peine de mort, se sent aujourd'hui investie "d'une immense responsabilité" à l'idée de défendre sa cliente.

Quand j'entends tout le monde parler d'un procès historique et filmé pour les archives j'ai peur. C'est unique en France. Les moyens humains et logistiques sont impressionnants.

confie Me Laurent

Un procès sous très haute surveillance

Les audiences débuteront à 12h30. Chaque jour, les accusés seront amenés à leur box sous très haute surveillance. Dans des fourgons blindés, ils seront escortés par l'élite de la police et de la gendarmerie et surveillés par un hélicoptère.

D'autres consignes de sécurité sont fixées, sans toutefois être ancrées : si des victimes souhaitent finalement s'exprimer, elles pourront témoigner au dernier moment. Un dispositif de sécurité inédit sera mis en place durant ces neuf mois de procès. Neuf longs mois durant lesquels Maître Laurent va se relayer avec les membres de son cabinet pour assister aux audiences, synonyme d'un premier pas vers la reconstruction. 

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