Artiste, plasticien du vent Michel Gressier imagine et crée des cerfs-volants depuis près d’un demi-siècle dans son atelier à Tours. Faire voler ses peintures, un rêve d’adolescent qui l’a fait voyager dans le monde entier, de la Corée au Japon, du Danemark en Italie pour y tester ses nouvelles créations.
Cerf-volant, jeu d’enfant, cerf-volant de combat pour compétiteurs, cerf-volant d'artiste, le cerf-volant est quasiment de toutes les cultures. Il est devenu la passion de Michel Gressier, créateur et fabricant de cerfs-volants à Tours. Un artiste pas comme les autres, qui un jour a décidé de faire voler sa peinture !
"Immense dans la tête, grand dans l’atelier, petit dans le ciel" : Voici la vision du cerf-volant par Michel Gressier, qui se définit lui-même comme artiste plasticien du vent et s’amuse depuis 47 ans à jouer avec l’espace et les couleurs sans jamais se lasser.
Des peintures volantes, un rêve d’adolescent
C’est près de Chambéry, que Michel Gressier découvre la peinture à 17 ans. Il voit grand et peint sur des bâches, trop grandes pour l’atelier. C’est en plein air qu’un coup de vent intempestif va changer sa vie. "Le vent était pour moi était une contrainte et un jour en déployant mes grandes bâches je me suis imaginé, quand je les mettais dans l’alpage, que ça créait une certaine distance et ça m’intéressait, donc pourquoi pas les mettre sous les cumulus ?".
Une évidence pour le jeune artiste peintre : "C’est comme ça que je me suis passionné pour essayer de faire voler ma peinture, j’y ai trouvé plein d’intérêt et ça a même fait évoluer ma peinture. Je ne la conçois pas pour une vision dans une galerie. Je la conçois en me disant, il y a des échelles, des distances de lecture qui vont me permettre de bien m’amuser."
Il y a eu petit à petit une cohérence dans ma peinture volante et ça fait 47 ans que je m’amuse
Michel Gressier cervoliste-plasticien du vent
Après Les Arts Décoratifs à Grenoble, les Beaux-Arts à Marseile, c’est à l’école Boulle, la référence en métiers d’art à Paris, que Michel Gressier a continué d’acquérir un savoir-faire et une rigueur dans la mise en œuvre de ses cerfs-volants. Tel un ingénieur, il construit ses créations qui, selon les modèles, peuvent voler par tous les vents, même les plus faibles. "C’est un rêve d’adolescent mais je m’y suis toujours tenu. J’ai eu un peu ce fil conducteur qui m’a tenu et je pense que c’est cette obstination qui fait qu’actuellement j’en suis là", explique-t-il.
Des créations en évolution
Installé depuis plus de 40 ans dans son atelier à Tours, ses créations évoluent avec les matériaux de plus en plus performants, des carbones de plus en plus légers. Michel se souvient : "Plus jeune, j’allais fouiller dans les poubelles de Garbolino, le fabricant de cannes à pêches à Amboise". Les matières aussi ont changé et c’est avec de la toile de Spi, utilisée pour les voiliers, un tissu à la fois léger et résistant, que Michel Gressier crée ses formes sur du polyester immaculé avant d’intervenir avec ses pinceaux ou au pistolet à peinture pour ses cerfs-volants, les plus spectaculaires, près de 100 m2 de toile. Dans la peinture aussi tout a changé. "J'ai travaillé avec un chercheur sur ces pigments pour obtenir ce que je voulais", confie-t-il.
Je travaille plutôt comme un vitrailliste, les deux faces du cerf-volant, avec des pigments plus transparents ou opaques
Michel Gressier, plasticien du vent
Ses dernières créations les Navettes, pour le festival Artevento en Italie, sont le reflet de sa création toujours en mouvement. "La navette, c’est entre le grain de riz et la navette des tisserands", précise Michel Gressier.
Il poursuit en détaillant sa nouvelle création : "Ce cerf-volant, bien sûr, est en accord avec le ciel, je voulais avoir un bleu complètement transparent, la feuille d’or est totalement opaque alors que le bleu restera une transparence tout le temps et je veux qu’à des moments il y ait une partie du cerf-volant qui se dilue dans le ciel".
Le ciel pour cimaise
Si Michel Gressier expose, de temps en temps dans les galeries, le ciel, avec ses lumières et ses vents changeants, reste son espace de liberté préféré.
Ce que j’aime bien, c’est que le vent est toujours différent, le ciel ce n’est pas un mur blanc de galerie et le même cerf-volant va pouvoir raconter différentes histoires en fonction du lieu et du moment où je vais le faire voler. Quoi de mieux ?
Michel Gressier-Le Ciel pour Cimaise
En ce moment, au festival international Artevento, Michel Gressier retrouve des cervolistes passionnés comme lui et des rencontres qui l’enrichissent, toujours, comme il le partage avec nous : "On a tous notre personnalité et le travail de l’un apporte à l’autre, mais on fait toujours très attention à ne pas copier l’autre. C’est un art individuel dans un esprit collectif. "
L’infatigable plasticien du vent a pourtant choisi de partager les plans de ses modèles signature "des "bols" et des "couronnes" disponibles pour tous les cervolistes . Avec ces créations, "l’idée, c’était d’orienter le regard du spectateur, les yeux en l’air. C’est comme un hublot ou un diaphragme d’appareil photo dans le ciel", explique Michel Gressier.
En juin, chaque année à Fanø, une île du Danemark, un rassemblement international de cervolistes met en l'air ces bols signature le temps d'une journée.
Michel Gressier sera de retour en Indre-et-Loire à la biennale d’art contemporain Art+ au domaine de Cangé à Saint-Avertin, du 24 au 26 mai 2024, Avec pour thème "De l’air ! De l’Art !", un thème idéal pour découvrir ses œuvres volantes.
C’est un acte de vie, c’est ma vie, c’est mon plaisir, c’est ma passion
Michel Gressier-Créateur de cerfs-volants
Tutoyer les nuages avec ses peintures volantes, c’est la vie de Michel Gressier depuis près d’un demi-siècle, un rêve d’adolescent devenu réalité, au fil du temps, au gré des vents.