COVID-19 : en première ligne, les personnels soignants présentent un risque élevé de troubles psychologiques

Le Conseil local de santé mentale (CLSM) de la métropole de Tours organisait ce jeudi 1er avril une conférence consacrée aux impacts de la crise sanitaire sur la santé mentale. Les professionnels de santé, en première ligne, peuvent aller jusqu'à développer des troubles de stress post-traumatique

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Wissam El-Hage est Médecin Psychiatre au CHRU de Tours, et Professeur de Psychiatrie à l'Université de Tours. Il est par ailleurs responsable du Centre Régional de Psychotraumatologie de la région Centre-Val de Loire. Il nous explique pourquoi les soignants, particulièrement dans les services de réanimation médicale, d'urgences, de prise en charge des patients COVID et dans les EHPAD, présentent des risques sérieux de troubles psychologiques.

"On retrouve chez les personnels soignants beaucoup des caractéristiques des personnes à fort risque de surmenage, de stress grave ou de dépression grave. Ce sont des femmes et des hommes empathiques, altruistes, soumis à des situations de stress chronique du fait de la COVID. Ils sont aussi souvent perfectionnistes, donc sujets à l'anxiété de performance. Et sont bien sûr confrontés à la maladie, la douleur et la mort."

30 à 50% des personnels surexposés sont à risque de détresse psychique aigüe

  • En quoi la crise sanitaire a-t-elle aggravé le risque de déterioration de la santé mentale?

"Certains soignants se sont vite retrouvés en surmenage du fait de moyens et d'organisation de l'hôpital insatisfaisants. Le surmenage, ou burn-out, menace d'autant plus que la patientèle est difficile, que les conditions de stress s'inscrivent dans la durée et que le taux de réussite est incertain. 

Les soignants sont là pour sauver des vies, pas pour accompagner vers la mort. Dans cette crise sanitaire, certains peuvent développer une fatigue compassionnelle qui aggrave le risque de burn-out, voire de stress post-traumatique.

Pfr Wissam El-Hage

 

  • Les soignants qui sont en souffrance psychologique ont-ils conscience de leurs difficultés ?

"Ils prennent moins soin d'eux-même naturellement, ils ont tendance à s'auto-médiquer, à s'auto-censurer pour ne pas demander d'aide, et à concevoir leur fatigue compassionnelle comme une faiblesse. Ils estiment qu'ils ne sont pas la priorité et, même malades, continuent à travailler avec l'idée qu'on ne lache pas son équipe, que l'on doit rester solidaires les uns des autres. Dans la population des soignants, les femmes et les jeunes présentent le plus de risques.  Chez certains, cette crise a pu réveiller ou faire écho à des traumatismes anciens. Partout dans le monde, les études ont montré que 30 à 50% de ces personnels surexposés sont à risque de détresse psychique aigüe."

  • Existe-t-il des signaux d'alerte avant le stress post-traumatique ?

"Les signaux d'alerte sont divers et variés : problèmes de sommeil, perte d'appétit, irritabilité, colère, détachement émotionnel ou sentiment de culpabilité...Nous avons mené une étude en ligne auprés de 1000 personnes pour identifier ces symptômes, d'abord légers, puis de plus en plus graves avec l'installation de cette crise dans la durée. Ce qui nous a permis d'établir trois niveaux d'exposition. Les personnes les plus exposées avaient des proches à risque pour la COVID ou testés positifs. Eux-même pouvaient être à risque ou avoir été contaminés. Anxieux ou en colère, ils avaient peur de ne pas protéger leurs proches. Certains dormaient à l'hôtel pour ne faire entrer le virus dans leur famille. Ils développaient des symptômes de stress post-traumatique dès mai 2020. Mais ils faisaient abstraction de leurs propres difficultés pour rester à l'écoute des patients."

  • Ces soignants en difficulté bénéficient-ils d'une aide ?

"Nous avons répondu à un appel d'offres du Ministère de la Santé et mis en place un outil dématérialisé, hard-Covid 19, à destination de 3000 soignants. Ils doivent s'auto-évaluer, s'auto-dépister tous les trois mois pendant un an. Chacun d'entre eux reçoit des conseils adaptés à son état clinique. Ceux qui présentent des symptômes plus sévères bénéficient d'une prise en charge de leurs soins, à proximité de leur domicile, pendant un an."

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