Infirmiers libéraux en colère : un collectif va porter le "cercueil de la profession" au ministère de la Santé

Les infirmiers libéraux se sont mobilisés à Tours ce 12 mai. Ils dénoncent la non-revalorisation de leurs actes depuis 2009 et ont créé, fin 2022, le collectif "Infirmiers libéraux en colère" pour porter leurs revendications et dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail.

La journée internationale des infirmières est célébrée chaque année le 12 mai, date de naissance de Florence Nightingale (1820-1910), pionnière des soins infirmiers modernes.

Une date symbolique retenue par le nouveau collectif  (asyndical et apolitique) "Infirmiers libéraux en colère" pour organiser des manifestations dans toutes les grandes villes de France. Pourtant en première ligne durant la pandémie de COVID, les infirmiers libéraux n’ont pas bénéficié du Ségur de la Santé.

"Les hospitalisations hors COVID n’étaient plus du tout possibles", rappelle Pauline Roche, infirmière libérale remplaçante, venue du Loir-et-Cher. Les hôpitaux refusaient les patients sans fièvre ou sans syndromes respiratoires. Ils devaient rester à domicile, même si cela les mettait en danger, et nous, nous étions là pour tenir ces patients en vie. Nos patients le savent et nous soutiennent aujourd’hui. Mais ce n’est pas reconnu, nous étions invisibles. Nos dernières revalorisations datent de 2009 et 2012 !  Nous adorons notre métier, nous sommes des passionnés, mais la passion ne remplit pas un caddie et ne permet pas de payer les factures."

La mobilisation était décevante ce 12 mai à Tours, seule une petite cinquantaine de manifestants se retrouve devant l’hôtel de ville en début d’après-midi, avant de défiler jusqu’aux bureaux de la CPAM et de l’ARS. Une déception, peut-être, mais pas vraiment une surprise.

"Si on fait grève, on met nos patients en danger, explique Anaïs de Moussac, infirmière libérale à Tours depuis 20 ans. Donc on continue à faire tourner nos cabinets et à encaisser sans vraiment de possibilité de faire pression. On ne veut absolument pas mettre en jeu la sécurité de nos patients pour obtenir gain de cause, il n’y a guère de marge de manœuvre."

Un cercueil porté au ministère de la Santé

Fort, tout de même, d’une pétition rassemblant plus de 110 000 signatures, le collectif créé en décembre dernier dans les Bouches-du-Rhône demande en premier lieu la revalorisation des AMI (actes médicaux infirmiers) et des frais de transport. Et pour les infirmiers libéraux aussi, la retraite est un sujet sensible.

"Nous avons une retraite à taux plein imposée à 67 ans par notre caisse", reprend Anaïs de Moussac. "Or nos journées font régulièrement 14 heures sans coupure, nos horaires sont décalés, nous portons des charges lourdes, il devrait y avoir une reconnaissance de pénibilité pour notre profession. Non seulement ce n’est pas le cas, mais nous devons partir à la retraite après les autres. Et notre retraite est minable au regard de nos cotisations, notre caisse de retraite est d’ailleurs l’une des rares à être excédentaires. "

Un cercueil noir portant l’inscription "A nos regrettés infirmiers libéraux morts par négligence de l’Etat" est parti aujourd’hui de Tours. Après un tour de France, il devrait être déposé au ministère de la Santé au mois d’octobre, rempli des doléances écrites par les manifestants.

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