"Les parents connaissent leur enfant" : comment repérer un handicap chez votre tout-petit ?

Le CHRU de Tours s'est associé à une campagne nationale de sensibilisation au handicap des très jeunes enfants. La Dr Laurence Thibault, pédopsychiatre et cheffe de service du Centre d'Action Médico-Sociale Précoce, répond à nos questions. 

"Agir tôt", c'est le slogan et le mot d'ordre d'une nouvelle campagne nationale de sensibilisation au handicap des tout-petits. Le CHRU de Tours s'est associé à cette campagne, grâce à l'expertise de son Centre d'Action Médico-Sociale Précoce (CAMPS), dirigé par la pédopsychiatre Laurence Thibault. 

"A la naissance, il y a ce qu'on appelle une migration neuronale, dans tout le cerveau, qui est génétiquement programmée et sous influence de l'environnement. Tout se met en place lorsque les neurones migrent dans les parties du cerveau qui correspondent à leur fonction. Si c'est empeché, et qu'on tarde à mettre en place un réseau parallèle, il y a une perte pour l'enfant. Il y a des périodes critiques où il faut intervenir. Si un enfant a une surdité, on sait que passé un certain âge, les appareillages ne sont plus efficaces. Le cerveau "oublie". Même dans le cas de maladies génétiques, il faut intervenir tôt pour éviter le surhandicap" explique la spécialiste.  Kinésithérapie, psychomotricité, orthophonie, ergothérapie... Autant de soins qui peuvent favoriser le développement neuronal de l'enfant en lui créant des "systèmes de compensation".
 

Les parents, un maillon essentiel


Jusqu'à présent, les campagnes de sensibilisation visaient surtout les professionnels médicaux et de la petite enfance. Mais certains enfants, peu malades ou gardés à la maison par exemple, passent entre les mailles de ce circuit de détection. C'est pourquoi "Agir tôt" est une campagne grand public, et très pédagogique. Par une série de petites vidéos, l’association nationale des équipes contribuant à l’action médico-sociale précoce (ANECAMSP) veut éveiller les parents sur les signes à repérer. "A 3 ans, mon enfant ne joue pas avec les autres", "à 1 an, mon enfant ne réagit pas à son prénom", "à 6 mois, mon bébé ne tient pas sa tête"... Autant de détails qui doivent pousser vers une consultation médicale.

"On a vu arriver au CAMPS des enfants de 2 ans qui ne maîtrisent pas la marche, regrette le Dr Thibault. Les parents ont une place prépondérante là-dedans. Ils connaissent leur enfant, et c'est important. Il ne faut pas qu'ils hésitent à alerter. Si l'enfant est inconfortable, irritable, il y a quelque chose et il faut aller le chercher."


Un manque de personnel pour la petite enfance


En 2019, le CAMPS a accueilli 624 enfants, dont plus de 30% avaient moins de 3 ans, aussi bien adressés par l'hôpital de Tours, les généralistes ou les crèches de la ville. Seul bémol : sans personnel supplémentaire, l'expertise ne suffit pas à accueillir tous les petits patients qui le souhaiteraient.

"On ressent cette tension, sans aucun doute. On devrait accepter tous les enfants de 0 à 6 ans, mais ce n'est absolument pas possible, reconnaît Laurence Thibault. Pour les enfants qui ont des handicaps lourds, ou qui nécessitent d'être accompagnés très vite, on a mis en place des rendez-vous d'urgence pluridisciplinaires. On essaie de s'organiser pour ne pas faire attendre des enfants qui ne peuvent pas attendre."

Actuellement, une place dans un institut médico-éducatif  peut valoir jusqu'à deux ans d'attente, une allocation pour enfant en situation de handicap jusqu'à six mois. 
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