Prise en charge des femmes victimes de violences : la Maison des femmes de Tours en tension face aux demandes toujours plus nombreuses

Au CHRU de Tours, la Maison des femmes a ouvert ses portes dans l’enceinte de l’hôpital Bretonneau le 1er juin 2021. Conçue pour améliorer la prise en charge des victimes de violences, cette structure a déjà reçu près de 1500 femmes. Mais les demandes d’accompagnement sont de plus en plus nombreuses, au point où une levée de fonds doit lui permettre de déménager dans des locaux plus vastes.

La Maison des Femmes a été créée en 2021 pour permettre aux femmes victimes de violences de bénéficier d’un parcours de soins personnalisé pour faciliter leur retour à l’autonomie et pour prévenir les complications des violences.

Chaque type de violence peut être pris en charge : violences physiques, psychologiques ou sexuelles, mutilations sexuelles, violences intrafamiliales, au travail, sur le parcours migratoire. Dans les faits, 68% des patientes de la Maison des Femmes sont des victimes de violences conjugales.

Tout le monde est concerné

"On recense aussi différents types de violences dans les violences conjugales", explique Justine Canales, médecin coordinateur de la Maison des Femmes. "Elles peuvent être psychologiques, financières, physiques ou sexuelles. Et il n'existe aucun profil type de la victime. Elles sont de tous âges, de la jeune fille à peine majeure à la dame d'un certain âge, et de tous milieux, des plus défavorisés aux plus aisés. Tout le monde est potentiellement concerné par ces violences, c'est là toute la difficulté du sujet."

Chaque patiente se voit proposer un parcours personnalisé, sécurisé et gratuit, adapté à ses besoins, respectant son rythme et tenant compte, le cas échéant, des enfants. Bien souvent, en effet, les patientes se présentent en consultation avec leurs enfants, qu'elles n'ont pas la possibilité de faire garder.

"Lorsqu'il y a des enfants au sein de ces violences intrafamiliales, témoins ou victimes directes, nous ne les examinons pas directement à la Maison des Femmes, mais nous devons déterminer s'il existe un danger pour eux", reprend le Dr Canales. "Et nous les orientons afin qu'ils puissent être dépistés. Il peut y avoir un signalement judiciaire, une information préoccupante ou une orientation vers les urgences pédiatriques de Clocheville, qui ouvriront bientôt une unité enfance en danger."

Équipe pluridisciplinaire et parcours personnalisé

Aux victimes de violences, l’équipe de la Maison des Femmes va proposer une prise en charge médicale, médico-légale, psychologique ou sociale, mais aussi des conseils juridiques, par exemple.

" C'est vraiment du cas par cas, c'est pour cela que notre équipe est pluridisciplinaire. L'idée est de proposer à la patiente un parcours réellement adapté à ses besoins. Pour certaines, s'il y a urgence, cela commence par une mise en sécurité. Nous proposons également un accompagnement dans le dépôt de plainte ou le signalement, en fonction de critères de danger immédiat. Ce peut être aussi une prise en charge sociale, pour limiter la dépendance financière par exemple, ou psychologique, pour travailler sur l'emprise ou les psychotraumatismes. Et puis nous avons mis en place des ateliers de karaté, de prises de parole, ou de soins socioesthétiques ".

Plus d'un mois d'attente pour une prise en charge

Sur les trois premiers mois de 2023, 864 consultations ont déjà été enregistrées. La demande, malheureusement, est telle que, hors urgence, les délais d'attente pour une prise en charge sont aujourd'hui d'un mois et demi.

"Pour toutes les situations d'urgence, lorsqu'il y a danger à la maison, lorsqu'il faut constater des blessures ou effectuer des prélèvements médico-légaux dans le cadre de violences sexuelles, la prise en charge est immédiate", poursuit la coordinatrice. "Mais dans les cas un peu moins urgents, le délai d'attente est frustrant pour les patientes comme pour les équipes. À l'heure actuelle on ne peut faire mieux, mais on a pour objectif de continuer à renforcer l'équipe."

Et pour accueillir correctement ces nouveaux professionnels ainsi que les patientes, ou pour développer les ateliers, les locaux sont devenus trop étroits. Pour financer un lieu plus adapté à l'interdisciplinarité de la prise en charge, le Fonds de dotation du CHRU de Tours vient de lancer une collecte majeure de dons.

L'objectif est de réunir 1,3 million d'euros, somme estimée pour permettre la construction d'un nouveau bâtiment et le déménagement (toujours dans l'enceinte de l'hôpital Bretonneau).

Un investissement dont la justification ne fait aucun doute pour le Dr Canales :

Nous faisons de la prévention, nous intervenons au plus tôt et nous limitons les conséquences des violences dans la vie de ces personnes. Cela permet de limiter les arrêts maladie, la morbidité en lien avec ces violences, à terme ce sont aussi des dépenses qu'il n'y aura pas à fournir. Pour la société, il est évident qu'il y a tout intérêt à financer ce type de structure.

Dr Justine Canales, Coordinatrice de la Maison des Femmes de Tours

 La Maison des Femmes du CHRU de Tours est située à proximité de l'entrée principale, au 2, boulevard Tonnelé (bus ligne 4 et 15, arrêt Bretonneau). Du lundi au vendredi de 9 à 17 heures.

Tel : 02.47.47.46.00.

Membre du collectif Re#Start, la Maison des Femmes accueillera en septembre 2023 le troisième colloque réunissant l'ensemble des Maisons de Femmes de France et de l'étranger.

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