Une série de dessins représentant les personnages cultes de l’enfance sous forme de sexes masculins, orne une vitrine près de l’école Saint-Martin à Tours (Indre-et-Loire). Des parents choqués souhaitent leur retrait.
"Je n’avais jamais vraiment fait attention à ces dessins. De loin on ne se rend pas compte de ce que c’est réellement", reconnaît un parent d’élève, qui depuis, a eu l’occasion d’admirer de plus près les illustrations exposées dans la vitrine de l’ancienne librairie Tridon, située à l’angle de la rue Descartes à Tours.Des zizis Batman, Hello Kitty, Omer Simpson, Dark Vador, Mickey … ornent la devanture de ce lieu devenu un atelier partagé et occupé par des artistes, des designers, et autres professionnels de la communication par l’image.
Parmi eux, Stephan Delafond, alias Adam, un illustrateur tourangeau. Les Zizis dans la vitrine, c’est lui. Enfin, c’est le fruit de son imagination. "Cette série s’appelle "Hérorigine". C’est la partie qu’on ne voit jamais du super héros, et moi je voulais revenir à l’origine des super héros, comme en clin de d’œil à "L’origine du monde" de Gustave Courbet … mais version POP", explique-t-il.
Le problème, c’est que l’atelier se trouve à quelques dizaines de mètres de l’école élémentaire Saint-Martin, un établissement d’enseignement catholique qui accueille des enfants en maternelle et primaire. Plusieurs parents d’élèves ont récemment découvert l’œuvre d’Adam en allant déposer leurs enfants à l’école.
"Il y avait le carnaval jeudi dernier et ce jour-là j’ai décidé d’en parler à des policiers municipaux pour savoir si la présence de ces images près d’une école était autorisée ou non par la loi", nous confie un parent d’élèves.
"Les enfants sont forcément attirés par ces images de Disney, Hello Kitty et autres… mais moi en tant que parent, ça me gêne que mes enfants voient ça. Ailleurs, Ça ne m’aurait pas dérangé, mais là, c’est près d’une école".
Ce papa d’une fille de 6 ans et d’un garçon de 12 ans élève ses enfants selon certains préceptes religieux. Il reconnaît que la vue de ces dessins va à l’encontre de l’éducation qu’il souhaite donner à sa famille. "On a dans notre vie privée la notion de la pudeur. Si on peut préserver aussi les enfants de cela à l’extérieur, c’est notre rôle de parents de le faire".
La police municipale s’est donc rendue devant la vitrine. C’est là qu’Adam a su que ses illustrations posaient quelques problèmes : "Les policiers municipaux ont pris des photos et pour l’anecdote, ils étaient morts de rire en les faisant" raconte-il. L’illustrateur ne comprend pas pourquoi ses dessins choquent certains parents. "Je me disais bien que cela arriverait un jour, que quelqu’un soit outré, et c’est arrivé !" Mais pour lui, ces zizis sont "mignons, rigolos, pas sales". "Ce n’est pas de la provoc’ !" insiste-t-’il.
Adam affirme également avoir déjà "vu des gamins passer, devant, prendre des photos se marrer. Des enfants de tous les âges. " "Je n’ai jamais eu de problème. Il y a même des mamans qui m’en ont acheté pour leurs enfants ! "
Les dessins ont aussi été signalés auprès de Disney
Plusieurs parents d’élèves auraient également signalé les dessins au directeur de l’école Saint-Martin, que nous n’avons pas réussi à joindre. Mais aussi à la mairie et, plus surprenant, à la Société Disney.
Un parent se demande en effet si le célèbre producteur de dessins animés a autorisé l’artiste à grimer en zizis ses personnages cultes. "Je ne suis pas particulièrement défenseur de Disney, mais ici, la symbolique à l’enfance a été touchée et qui plus est, sur le chemin de l’école, à la vue des enfants. Moi ma fille joue avec sa poupée Minnie. Si elle voit Mickey dans cette situation elle va être choquée" explique-t-il pour justifier sa démarche.
Un signalement qui fait sourire Adam. La série Hérorigine était visible en 2018 lors de l’exposition "Les petits formats érotiques" à la Boite Noire de Tours, mais aussi à la galerie Sakura à Paris. "C’est quelque chose de répandu en pop culture, de reprendre les codes de la POP et de les détourner. Je ne suis pas inquiet. Si c’était de la contrefaçon, les galeristes ne m’auraient pas pris cette série".
Selon un parent d’élèves, une médiation entre la municipalité et Adam aurait eue lieu pour que ce dernier retire les dessins. Mais l’illustrateur affirme n’avoir "encore vu personne". "Je ne vois pas le mal que je fais, on n’est pas en Iran ! Il y a toujours des gens à qui ça ne plait pas. Tout le monde a le droit de s’exprimer et moi, je m’exprime comme ça et puis c’est tout".
Mais Adam, bien qu’attaché à son œuvre, ne souhaite pas pour autant s’engager dans un conflit "Si la mairie ou la police me dit qu’il faut les enlever, je leur dirais que c’est malheureux, mais je le ferais".