Unité mixte de l’Université de Tours et du CNRS, l'Institut de Recherches sur la Biologie de l'Insecte (IRBI), fondé en 1961, réunit chercheurs et enseignants-chercheurs de nombreuses disciplines. Un laboratoire précieux, à l’identité internationale affirmée, autour des sciences de l’insecte
L'Institut de Recherche sur la Biologie de l'Insecte est né en 1961 et sa petite équipe de chercheurs s'est installée en 1965 dans les nouveaux locaux universitaires du Parc Grandmont au sud de Tours.
Au départ, le laboratoire s'oriente vers l'étude des agrosystèmes, des relations entre les plantes et les insectes qui leur sont inféodés. Un thème de recherches qui était peu développé dans les années 60 en France :
"Le laboratoire s'est d'abord intéressé aux insectes ravageurs et aux cultures auxiliaires qui permettent de maîtriser ce risque de manière raisonnée, ce qu'on appelle aujourd'hui la lutte biologique", explique David Giron, directeur de l'IRBI depuis 2016.
Le plus grand laboratoire en Europe pour les sciences de l'insecte
Cette lutte biologique, qui est plus que jamais d'actualité, a été le fil conducteur de l'Institut au long de ses 60 années d'existence. Mais en se développant, il s'est enrichi de bien d'autres thématiques.
L'IRBI, aujourd'hui, regroupe une centaine de collaborateurs, dont 30 chercheurs ou enseignants-chercheurs de différentes disciplines, ce qui en fait le tout premier centre européen dédié à l'entomologie.
L'interdisciplinarité est, depuis le début, la règle, la philosophie même de ce lieu : écologie, physiologie, génétique, chimie, physique, bio-informatique et mathématiques, sont autant de discipline sollicitées à l'IRBI pour faire progresser les sciences de l'insecte.
25 espèces élevées et étudiées en permanence à l'IRBI
En 60 ans, bien sûr, la méthodologie a beaucoup évolué, au fil notamment du développement technologique. L'IRBI dispose d'équipements de pointe, de matériels innovants pour mener à bien ses missions.
Et l'évolution s'est faite, aussi, dans la diversité des modèles étudiés : aujourd'hui 25 espèces sont élevées en permanence dans ce laboratoire, et de nombreuses autres y sont maintenues sur des périodes plus ou moins longues, pour des projets bien spécifiques.
"On est aujourd'hui à la fois sur des questions très fondamentales, comment les insectes évoluent, comment ils fonctionnent et interagissent avec leur milieu, reprend David Giron. Mais aussi sur des approches plus appliquées, diversifiées l'agriculture durable, la santé humaine, avec les vecteurs de maladie, ou la robotique, avec le déplacement des insectes sur l'air, à la surface de l'eau ou sur différents sols."
On aborde à la fois des questions purement de biologie de l'insecte, mais on essaie aussi de répondre à de grands enjeux de demain, comme la perte de biodiversité, le changement climatique ou la production de nouvelles formes d'alimentation, par exemple.
David Giron, Directeur de l'IRBI
Autant de questions cruciales pour le devenir même de l'humanité, sur lesquelles se penche aujourd'hui l'Institut de Recherches. Et qui pourraient contribuer à faire évoluer notre regard sur les insectes.
"On a une vision un peu simpliste, dichotomique de l'insecte, poursuit David Giron. Il est gentil, libellule, papillon, coccinelle, ou il est méchant, moustique, chenille, puceron, etc. On en a peur ou on l'admire. Aujourd'hui, il y a un regain d'intérêt pour l'insecte, qui n'est plus seulement vu comme un problème, mais comme une solution à des problèmes. L'exemple-type étant la production d'insectes pour nourrir les hommes et les animaux. Toute une filière industrielle émerge autour de l'entomologie, et la France est très bien positionnée."
Il n'en reste pas moins que, pour le directeur-chercheur, tous les clignotants sont au rouge : l'effondrement de la biodiversité est certes généralisé, mais les insectes sont particulièrement touchés.