L’avenir de la place Jean Jaurès est un sujet sensible pour les Tourangeaux. Avec l’annonce du tracé de la deuxième ligne de tramway qui impacterait la place emblématique de Tours, la municipalité a choisi la concertation avec les habitants, sous la forme d’un happening ce lundi.
"Marcher sur la pelouse n’est pas un crime !"
Annaelle Schaller, adjointe déléguée à la démocratie permanente et à la citoyenneté, précise tout de suite l’objectif de cette concertation. "C’est un premier diagnostic, il ne s’agit pas de dire si on est pour ou contre la deuxième ligne de tramway, mais ce projet questionne sur l’aménagement de la place Jean-Jaurès."
Ce que nous voulons faire, c’est voir quels sont les points forts, les points faibles, pourquoi les gens y viennent et ce qu’ils aimeraient voir changer.
Pour réaliser ce premier diagnostic et connaître les avis et souhaits des usagers pour l’avenir de la place, la municipalité a fait appel à une agence spécialisée dans la coconstruction de projets de territoires, l’agence Deux Degrés.
Cette agence composée d’urbanistes, de géographes et de designers, a effectué une première résidence de trois jours sur site en septembre dernier. Une centaine de micro-trottoirs auprès des usagers a permis de dégager quelques thématiques proposées ce lundi sous forme d’un happening, plusieurs fois dans l’après-midi.
"Jouons, plantons et posons nos fesses, bienvenue sur la place Jean-Jaurès !"
De fausses manifestations, des chansons, des slogans pour interpeller et faire réagir les passants, qui sont invités à répondre sur les quatre thématiques abordées par ces happenings :
- S’asseoir dans l’herbe,
- Davantage de bancs et de mobilier pour s’asseoir,
- Jouer sur la place,
- Des arbres pour faire de l’ombre.
Claude et Jeannine, un couple de personnes âgées, a été interpellé par le slogan "Marcher sur la pelouse n’est pas un crime !" Jean est plutôt d’accord sur le principe "Tout ce qui peut susciter le dialogue, c’est bien".
Mais pas question pour eux de changer l’architecture de la place à cause du tramway. "Qu’on mette une gare de triage à la place d’une fontaine, qu’on détruise l’harmonie de cette place avec ses jardins à la française, c’est une injure à notre ville. Tours est quand même la capitale des châteaux de la Loire !" Malgré tout Claude ne serait pas contre plus de sièges pour s’asseoir et aussi "pas de voitures du tout sur la place".
Jeannine, elle, a des doutes sur la concertation. "On a appris la fermeture du pont Wilson aux voitures comme ça, d’un coup, alors on peut douter".
Le dialogue n’est pas forcément simple mais cette façon de donner la parole aux habitants pour qu’ils puissent s’exprimer, en dehors des réunions traditionnelles, est plutôt bien perçue pour ce début de concertation. Et l’appropriation de la place jean-Jaurès est évidemment différente selon les âges et les publics mais les fontaines restent le lieu préféré des tourangelles et tourangeaux pour fêter victoires sportives, élections, tous les grands événements de la cité.
Pour Annaelle Schaller, ce travail avec l’agence Deux Degrés est très instructif sur la manière de pratiquer la concertation et la co-construction, en dehors des réunions publiques.
"Vive la pelouse pour réviser"
"Dans la première série de réponses en septembre, sur les 100 personnes interrogées, 25% étaient des lycéens. Ils ont des attentes mais ils ne viennent pas aux réunions publiques. Je pense aussi aux jeunes actifs, aux familles qui ont du mal avec les horaires de ces réunions en fin de journée. Qu’en pensent les fêtards ? Ce sont tous ces usagers qui sont les experts. C’est pour ça qu’on a choisi cette façon d’aller vers tous les publics, pour voir leur façon de penser cette place".
La concertation se poursuivra par une série d’ateliers avec les habitants en octobre, peut-être un travail avec le conseil municipal des jeunes, avec les services de la ville. Le bilan de cette concertation sur l’aménagement de la place Jean-Jaurès sera pour la fin de l’année.