VIH : en Centre-Val de Loire, le taux de séropositivité est l’un des plus élevés de France

Environ 278 nouveaux cas de VIH ont été recensés en Centre-Val de Loire en 2018. Un chiffre qui fait de la région, la deuxième de France métropolitaine a avoir un taux de découverte de séropositifs le plus élevé. C'est ce que vient de révéler l'étude de Santé Publique France.

Triste record pour la région Centre-Val de Loire : elle est l'une des régions où le taux de positivité pour le VIH (virus de l'immunodéficience humaine, responable du SIDA) est le plus élevé de France. C’est le constat que dresse le dernier bulletin de Santé publique France sur l’année 2018.

Dans notre région, quand 1 000 personnes se font dépistées, elles sont 2,7 à découvrir leur séropositivité, soit le second taux le plus élevé en France métropolitaine après l’Île-de-France (3,3). C’est près de deux fois plus que les autres régions où la moyenne est de 1,3.

Cela correspond à 278 personnes ayant découvert leur séropositivité en 2018 dans la région.
 
Le Centre-Val de Loire est également mauvais élève en matière de dépistage : la région pratique beaucoup moins de tests de dépistage qu'ailleurs. Au total, 61 personnes sur 1 000 se font dépister dans la région, contre 76 sur 1 000 à l’échelle nationale.

Depuis 2011, le docteur Guillaume Gras, infectiologue au CHRU de Tours et président du comité régional de lutte contre le VIH, observe que les statistiques en région Centre-Val de Loire "sont mauvaises. D’abord, cela peut s’expliquer par le fait que l’on cible mieux les personnes à risque dans la région, mais aussi par le fait qu'il y a un grand nombre de personnes qui ne savent pas qu'elles sont séropositives."
 

 

900 personnes vivent avec le VIH sans le savoir dans la région


"Nous allons nous pencher sur ces chiffres, mais il semble que le Centre-Val de Loire est une région avec une forte épidémie cachée – ce terme désigne les porteurs du VIH qui ne savent pas qu’ils sont contaminés." L’agence Santé publique France estime à environ 900 personnes le nombre de personnes dans ce cas, dans notre région.
 
Si de nombreuses personnes vivent avec le VIH sans le savoir, cela peut s’expliquer par la difficulté d’accès au dépistage en milieu rural. "La région Centre-Val de Loire est l'une des plus rurales de France avec une population importante qui vit à la campagne", analyse Fabien Rivière de AIDES.

"Pour cette population qui vit loin des grands centres urbains, l’une des seules possibilités de se faire dépister est de passer par son médecin traitant. Or, il est parfois difficile de parler de sa sexualité avec le médecin de famille." 
 

L'outil primordial : le dépistage

 
Le docteur Gras souligne par ailleurs que les acteurs de la région arrivent à dépister les personnes particulièrement à risque. Selon lui, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes migrantes sont les publics les plus exposés au VIH. Dans notre région, environ 54 % des personnes dépistées séropositives, soit 152 personnes, sont nées en Afrique sub-saharienne -alors qu’entre 2013 et 2017, elles concernaient en majorité des personnes nées en France (53,4 %).

"Près d’un migrant sur deux contaminés par le VIH l’a été sur le sol français", tient à préciser Fabien Rivière, chargé de projet pour l’association AIDES sur le volet réduction des risques sexuels, citant une enquête de l’Agence nationale de recherche contre le sida en 2018. À leur arrivée sur le territoire, les personnes d’Afrique subsaharienne vivent une période d’instabilité et de précarité et peuvent adopter des comportements à risques.
 

Pour l’association AIDES, l’un des outils primordiaux est le dépistage. "Nous avons encore beaucoup de mal à toucher ces populations", regrette Fabien Rivière. "Nous essayons d’être de plus en plus présents dans leurs lieux de vie : centres d’accueil et quartiers populaires."
 

Lever le tabou

Ce lundi 2 décembre, l’ARS Centre-Val de Loire lance la semaine régionale de dépistage du VIH et des IST. Baptisée "T’es sûr.e de toi ?", cette campagne a pour stratégie de banaliser le recours au dépistage en levant le tabou. Sur les réseaux sociaux mais aussi sur les applications de rencontres, des messages interpellent directement le public.
 
Objectif : inciter à faire un test pour enclencher un accompagnement médical en cas de résultat positif.
 

"Aujourd’hui, on ne meurt plus du VIH"


Pour Fabien Rivière de l’association AIDES, un meilleur accès au dépistage doit passer avant tout par un "changement de mentalités. Certaines idées sur le VIH persistent depuis les années 1990. Aujourd’hui, on ne meurt plus du VIH." Et le Dr Gras d’ajouter : "Il y a une invisibilisation de la séropositivité, mais aujourd’hui les personnes séropositives sous traitement vivent très bien avec leur maladie."
 

Le traitement contre l’infection par le VIH consiste en "un comprimé par jour et une prise de sang tous les six mois, avec aucun problème de santé. Aujourd’hui, la prise en charge des personnes vivant avec le VIH leur permette d’avoir la même espérance de vie qu’une personne séronégative et d’avoir des rapports sexuels sans transmettre le VIH."

Fabien Rivière de l’association AIDES tient à le rappeler : "Le combat n’est pas terminé".
 
Où se faire dépister ?
L’accès au dépistage peut se faire de différentes manières :
  • le dépistage par prise de sang dans un laboratoire de biologie médicale sur ordonnance d’un médecin, d’un gynécologue ou d’une sage-femme ;
  • le dépistage par prise de sang dans un CeGIDD (centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic) qui propose des consultations sans rendez-vous, anonymes et gratuites ;
  • le test rapide d’orientation diagnostique (TROD) dans un CeGIDD ou dans une association ;
  • l’autotest disponible en pharmacie sans ordonnance.
La liste des CeGIDD en région est disponible sur le site du COREVIH.
 
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