Le moteur diesel est plus que jamais décrié et la voiture électrique s'impose peu à peu dans nos villes. Où en est-on réellement aujourd'hui dans son développement ? Quel type de véhicule choisir ? Le nombre de bornes de recharge est-il suffisant ? Éléments de réponse.
Très décriés en raison de la pollution qu’ils engendrent, les moteurs diesel sont aujourd'hui sur le déclin. Leur fin précèdera à plus ou moins long terme celui de l’ensemble des moteurs thermiques. Les pouvoirs publics s’y sont engagés. Mais, pour les remplacer, les solutions ne sont pour l’heure pas si nombreuses – du moins en attendant l’émergence de nouvelles techniques, comme la voiture à hydrogène (voir encadré). Place, donc à la voiture électrique.
Outre l’agrément de conduite, salué par la totalité de ses utilisateurs – silence dans l’habitacle, souplesse du comportement -, le moteur électrique présente le gros avantage de ne rejeter aucun polluant, du moins en roulant. Car ses détracteurs objectent notamment l’impossibilité actuelle de fabriquer des batteries « propres ». Celles-ci contiennent aujourd’hui de nombreux métaux et matériaux extrêmement polluants. Reste que la priorité est aujourd’hui de limiter l’émission de gaz à effet de serre comme le CO2.
En taxant de plus en plus lourdement l’essence et le gasoil à la pompe, tout en offrant de – légères – ristournes fiscales lors de l’achat de véhicules plus propres, les pouvoirs publics espèrent ainsi encourager la transition. Car le surcoût d’un modèle électrique par rapport à un modèle thermique équivalent peut faire réfléchir, malgré des frais d’entretien plus réduits. L’encouragement est réellement nécessaire pour ce marché encore balbutiant.
L’offre des constructeurs est de plus en plus importante
L’offre s’accroît peu à peu ; les fabricants se mettent tous à proposer des modèles hybrides rechargeables ou tout électriques. Sur ce terrain, les constructeurs asiatiques ont pris une sérieuse avance. Le modèle le plus vendu au monde reste la Leaf du Japonais Nissan. Les Coréens ne sont pas en reste. Les constructeurs allemands ont, pour leur part, misé sur l’électrification de quelques modèles haut de gamme. En France, seul Renault a cherché à s’installer significativement sur ce qui était jusqu’à présent un marché de niche, en proposant la « Zoe », équivalent 100% électrique de la Clio. Mais voilà que le groupe PSA commence à s’intéresser à ce marché, en évoquant l’arrivée prochaine d’au moins sept modèles.
La multiplication de l’offre ne suffira pourtant pas à elle seule à assurer le développement de la voiture électrique. Ce qui en a longtemps constitué le frein majeur, c’est l’autonomie limitée de ces véhicules. Impossible de traverser la France avec des batteries qu’il faut recharger tous les 200 km. Et la difficulté de trouver des bornes de recharge rend tout voyage un peu long franchement aventureux. C’est bien la multiplication des bornes de recharge le long des routes, dans les villes et les villages même reculés, qui constitue la clé du développement de la voiture électrique.
La multiplication des bornes de recharge, clé du développement de la voiture électrique
Dans ce domaine, le département de l’Indre-et-Loire fait figure de pionnier. Le SIEL (l’organisme public chargé d’installer ces bornes) a implanté un maillage de plus de 400 bornes de recharge, réparties sur la totalité du territoire. Un exemple que l’on pourrait voir se reproduire dans d’autres départements.
L’autre bonne nouvelle, c’est que les différents opérateurs, publics comme privés, commencent à s’entendre pour rendre les cartes permettant d’accéder à leurs bornes de recharge « inter-opérables », c’est-à-dire compatibles entre elles. Il n’est aujourd'hui plus nécessaire de posséder des dizaines de cartes pour pouvoir accéder aux différentes bornes.
Une solution d’avenir : la voiture à hydrogène
La voiture 100 % électrique telle qu’on la voit se développer aujourd’hui ne constitue pour autant pas la seule voie d’avenir. A plus long terme, il y a aussi la piste de l’hydrogène. Une technologie propre (à condition de fabriquer le gaz lui-même de façon propre), parce que la seule émission produite par ce type de moteurs, c’est de l’eau. Mais elle n’est pas encore suffisamment au point pour être généralisée. Des prototypes commencent à circuler. Il faudra cependant patienter quelques années avant de trouver les premiers modèles dans les concessions. Autre verrou : l’absence quasi totale à ce jour de stations permettant de faire le plein de ce précieux gaz. Tant que leur maillage ne sera pas suffisant, il est impossible d’imaginer un quelconque développement de ce procédé.
La France aimerait à terme devenir leader de l’hydrogène. Dans la région, des entreprises et des organismes comme le CEA de Monts sont déjà à la pointe sur les questions du stockage, avec la mise au point des réservoirs du futur et de leur certification. Et l’une des toutes premières stations de production d’hydrogène devrait voir le jour sur le site d’Isoparc, à Sorigny dans l’Indre-et-Loire.
Le reportage de Luc Pérot, Pascal Epée et Gilles Engels :
Des associations pour s’entraider
Les utilisateurs de voitures électriques ont éprouvé le besoin de se regrouper pour s’entraider, se renseigner mutuellement, et aussi pour peser davantage sur les pouvoirs publics. Voici les principales associations :L’Acoze (association des conducteurs de véhicules zéro émission) : http://blog.acoze.org/
Leaf France Café (l’une des plus anciennes associations du genre. Au départ destinée aux possesseurs de voitures électriques Nissan, elle s’est depuis ouverte aux autres conducteurs de véhicules électriques) : https://leaffrancecafe.jimdo.com/
Autre mine d’information, le site de l’AVEM (Association pour l'Avenir du Véhicule Electro-Mobile) : http://www.avem.fr/
Hybride, hybride rechargeable, 100 % électrique : quelles différences ?
Hybride
Ce type de véhicules récupère l’énergie cinétique produite lors d’une décélération ou d’un freinage et la transforme en électricité disponible. Celle-ci est stockée dans une petite batterie qui offre une autonomie limitée à quelques kilomètres. Au final, cela permet de réaliser de toutes petites économies de carburant.
Hybride rechargeable
C’est le même principe, donc avec une double motorisation essence ou diesel et électrique. Mais ici on peut en outre charger la batterie en branchant la voiture sur une borne de recharge. L’autonomie de la batterie est de l’ordre d’une cinquantaine de kilomètres. On peut donc aisément effectuer un trajet périurbain. Si le déplacement est plus lointain et que la batterie ne suffit pas, le moteur thermique prend automatiquement le relais.
Plusieurs constructeurs (comme Volkswagen par exemple) se sont orientés, pour la formule hybride rechargeable, sur une autre technologie : le moteur thermique n’entraîne plus directement la voiture, mais il fait tourner un générateur qui recharge la batterie. C’est donc ici le moteur électrique qui entraîne le véhicule.
Tout électrique
Une motorisation exclusivement électrique et une batterie offrant une autonomie de l’ordre de 300 kms. Parfait pour les trajets interurbains domicile-travail, mais leur autonomie reste encore insuffisante pour prétendre rivaliser avec les voitures familiales ou les grandes routières. Pour le moment, une marque fait figure d’exception, Tesla, avec deux et bientôt trois modèles sur le marché qui ouvrent la voie du remplacement des grandes routières thermiques avec une autonomie à peu près équivalente. Mais leur prix reste parfaitement dissuasif pour Monsieur tout le monde.
La voiture à hydrogène
Tous les grands constructeurs travaillent sur cette technologie. Il s’agit de véhicules dotés d’un moteur électrique. Mais au lieu de stocker l’électricité dont on a besoin dans des batteries, on stocke le moyen de produire l’énergie électrique au moment où on en a besoin. Concrètement, le véhicule dispose d’un réservoir d’hydrogène et il produit de l’électricité au moyen d’une pile à combustible. Trois minutes suffisent pour faire le plein de gaz.