Une cyberattaque a touché le Conseil départemental d'Indre-et-Loire dans la nuit du 10 au 11 juillet. Depuis, les systèmes informatiques et téléphoniques de la collectivité territoriale sont toujours corrompus.
Inutile de tenter de joindre le standard du Conseil Départemental d'Indre-et-Loire ou d'envoyer un courriel dans l'un de ses services, vous tomberiez sûr une tonalité de dérangement ou accuseriez un échec d'envoi. "Les choses sont toujours bloquées", regrette Jean-Gérard Paumier, le président du Conseil départemental d'Indre-et-Loire.
Car depuis la nuit du 10 juillet, le département est victime d'une cyberattaque de grande ampleur qui paralyse la quasi-totalité de son système informatique. Dans un communiqué de presse envoyé par sms aux journalistes - faute de pouvoir utiliser les boites mails - le Conseil départemental explique que l'attaque a "corrompu les ¾ de ses installations informatiques" soit environs 250 serveurs. Seuls le site internet du département et ses réseaux sociaux ne sont pas impactés.
Une plainte a été déposée auprès du Commissariat central de Police de Tours et de la
Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL). L'Agence Nationale de Sécurité Informatique accompagnée de la cellule de cybercriminalité du Ministère de l'Intérieur sont également à l'œuvre pour enquêter sur les causes de l'attaque. "Les experts de l'agence sont toujours en train de rechercher les origines mais pour l'instant, l'urgence c'est d'atténuer les conséquences pour le personnel et assurer le versement des prestations."
"Des mesures d'urgence" mises en places pour payer les agents et verser les prestations sociales.
Plus de 13 000 personnes sont potentiellement impactées par cette cyberattaque, mais le département affirme avoir mis en place "des mesures d'urgence (…) en lien avec la Préfecture et la Direction Départementale des Finances Publiques".
Ainsi, la collectivité territoriale assure que la paye des 2591 agents du département sera bien assurée "au plus près des dates habituelles". Il en sera de même pour le versement des prestations sociales comme l'Aide Personnalisée d'Autonomie (APA) et la prestation de compensation du Handicap (PCH). "Pour ce qui est des 13 500 bénéficiaires du RSA, ces derniers ne sont pas impactés car le versement de cette allocation est assuré par
l'intermédiaire de la Caisse d'Allocations Familiales", détaille le communiqué.
Le Département émet également chaque mois des mandats qui permettent de régler des factures ou des subventions à destination d'Ehpads, d'établissements sociaux, d'associations ou d'artisans. "Ceux qui se signaleront seront assistés en urgence dès que la situation reviendra à la normale. Tout ça, c'est vu avec la trésorière générale", assure Jean-Gérard Paumier.
400 000 euros avaient été budgétés pour renforcer la sécurité informatique
Ironie du sort, l'attaque intervient alors que, dans le cadre du plan de relance, un audit des systèmes informatiques avaient été menés en 2021 au sein du Conseil départemental. Il avait démontré que la sécurité des installations "n'étaient pas sans faille mais que le niveau de protection de l'Indre-et-Loire était au-dessus de la moyenne des départements." A l'issue, 400 000 euros avaient été budgétés et devaient servir à renforcer la sécurité informatique. Un "responsable sécurité des systèmes" avait même été recruté. "On ne choisit pas le moment où ça arrive", ironise le président du Conseil départemental.
Malheureusement aujourd'hui personne n'est à l'abri, il n'y a pas de système infaillible. Des attaques, on en a en permanence. Ce n'est pas UNE attaque, c'est une attaque DE PLUS et une attaque plus violente que les autres.
Jean-Gérard Paumier - Président du Conseil départemental d'Indre-et-Loire
L'enquête devrait permettre d'en connaitre les causes "en début de semaine prochaine", espère Jean-Gérard Paumier. En attendant, les agents du Conseil Départemental ont dû prendre de nouvelles habitudes de travail. "On a des formulaires papiers qui peuvent se substituer au numérique. C'est une solution de secours pour pallier une paralysie dont on ne connait pas la durée."
Actuellement, "aucun mail ne peut partir du Conseil départemental" précise le communiqué, mais les services restent joignables par courrier ou physiquement dans l'ensemble des services du Département en Indre-et-Loire (Hôtel du Département, Maisons Départementales des Solidarités, Services Territoriaux.