REPLAY. Éguzon : la châtaigne dans tous ses états, une fête conviviale qui ne manque pas de piquant

À l’occasion de la nouvelle édition de la fête de la châtaigne, Laurent Debesse et les équipes de France 3 Centre-Val de Loire présentent en direct depuis Éguzon une émission spéciale. Vous découvrirez la richesse de l’artisanat et de la gastronomie liée à ce fruit ni sec ni à coque.

Replay de l'émission spéciale "Eguzon, la châtaigne en ADN"

L'émission spéciale en direct d'Eguzon a été diffusée sur France 3 Centre-Val de Loire le dimanche 31 octobre à 15h15. Laurent Debesse, accompagné de ses invités, vous fera découvrir la châtaigne dans tous ses états : ramassage, épluchage, sculpture sur bois sans oublier la gastronomie avec des confitures et des bières à la châtaigne.

Voici le replay du programme :

La châtaigne est consommée depuis des siècles sur tous les continents. À Éguzon, au pied des premiers contreforts du massif Central, elle est célébrée depuis 36 ans.

  • Quel est le point commun entre Éguzon et la Chine ?

Comme vous peut-être, je l’ignorais avant de m’intéresser à ce charmant village. La réponse pique un peu. C’est la châtaigne.

L’analogie s’arrête là car l’empire du milieu est le premier producteur mondial avec presque deux millions de tonnes alors que la petite commune, nichée tout au sud de l’Indre, en récolte au plus une tonne et demi. Entre ces deux extrêmes, le Portugal est champion d’Europe avec une production de quarante-quatre mille tonnes de châtaignes. La France se contente d’une place d’honneur avec huit mille tonnes.

Ce qui est important c'est la convivialité

Mais à Éguzon, la quantité ne compte pas. Il y a trente-six ans, une joyeuse troupe de bénévoles a décidé de faire de la châtaigne une fête. Et ce n’est pas une petite fête, non !

C’est une très grande fête. Elle se déroule sur trois jours et le village voit sa population se multiplier au moins par dix. Plus de quinze mille visiteuses et visiteurs viennent parcourir le cœur du bourg totalement piétonnier et transformé en salon de la châtaigne à ciel ouvert.

À l’instar de bon nombre de territoires en France, Éguzon, terre de marrons, prend ses racines dans un passé où la châtaigne offrait bien plus qu’une friandise au coin du feu. Ce n’est pas pour rien si dès le Moyen Âge le châtaigner est surnommé l’arbre à pain. Cet arbre a plus d’un talent dans ses bogues.

Ainsi, le châtaignier est utilisé pour la construction ou l’ameublement, comme par exemple la frabrication de berceaux ou de tonneaux pour l’alcool, notamment le cognac. Il sert aussi à réaliser les manches des outils mais pas ceux des couteaux.

"Comme le chêne, c’est un bois avec beaucoup de tanins. Au contact de l’eau, il se noircit et oxyde le métal" m’a confié Louis Kapnist-Blanchet, coutelier à Saint Plantaire à douze kilomètres d’Éguzon et exposant à la fête de la châtaigne. Mais ces mêmes tanins offrent une belle résistance face aux intempéries.

Voilà pourquoi les piquets des clôtures sont en châtaignier. Ce bois permet aussi de se chauffer.

Enfin son fruit offre une nourriture de base. Il est consommé rapidement où transformé, par exemple en farine.

"Toutes les châtaignes sont des marrons comestibles sauf le fruit du marronnier d'Inde"

La châtaigne est aussi fragile que la salade. Au moment de la récolte d’octobre à novembre, voire décembre, elle est constituée de 50% d’eau et près de 40% de lipides. Pour préserver toutes ses vertus nutritionnelles, sa conservation doit se faire dans un lieu frais voire froid.

Il faut surtout rappeler que toutes les châtaignes sont des marrons comestibles, sauf le fruit du marronnier d’Inde. À l’automne, la confusion persiste et demeure l’une des principales causes d’intoxication alimentaire.

Vers une mécanisation de la récolte ?

À Éguzon, trois grandes parcelles ont été complantées. Ces châtaigneraies offrent l’avantage d’être planes. Cette topographie permet un ramassage simplifié grâce au passage d’une sorte d’aspirateur géant. Il "avale" les fruits tombés à terre entre les rangées de châtaigniers et les régurgite en deux parties. D’un côté il évacue les bogues évidées, de l’autre les châtaignes tombent dans des sacs.

Mais cette mécanisation de la récolte est impossible sur certains terrains. Michel Grange est le président du syndicat national des producteurs de châtaignes. Il m’a expliqué que "dans nombre de régions, les châtaigneraies avaient été plantées là où rien d’autre ne poussait". Les parcelles en pentes ou accidentées sont encore récoltées manuellement.

Cette situation explique un peu l’abandon de cette culture, mais ce n’est pas la raison essentielle. À partir de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème, les châtaigneraies ont été confrontées à l’exode rural, aux maladies et surtout à la concurrence de cultures mécanisées plus rentables et donc plus attractives. En soixante-dix ans, la production française de la châtaigne a été divisée presque par dix.

Depuis quelques années, un plan de relance a été activée, comme par exemple en Ardèche où d’anciennes parcelles sont remises en état. Ce département produit à lui seul un peu plus de 45% des châtaignes hexagonales. Une appellation d’origine protégée AOP a même été créée.

Mais cela reste insuffisant. Désormais la concurrence vient de pays où la main d’œuvre représente un faible coût, comme la Turquie, la Grèce ou l’Albanie. Les principaux pays européens se regroupent et ont depuis dix ans créé les journées européennes de la châtaigne. . L’organisation est tournante et chaque année un pays différent accueille les autres membres m’a raconté Jean-Luc Bellat. Ce négociant en châtaigne exerce depuis quarante ans.

Les français consomment la châtaigne de façon saisonnière, surtout au moment des fêtes de fin d’année. Ce n’est pas le cas des turcs, des portugais ou des chinois. Cet aliment fait encore partie de leur culture culinaire quotidienne.

Jean-Luc Bellat

Le fruit à la bogue piquante bénéficie d’une image saine auprès du consommateur français. Avec l’avènement du bio et du consommer local, la châtaigne revient en grâce depuis quelques années, mais sa production reste marginale.

Quand la châtaigne inspire...

À Éguzon, elle inspire quelques artisans, comme par exemple les époux Mitchell. Ce couple anglais est venu s’installer il y a seize ans à Orsennes. Stewart, ancien journaliste, ne trouvait pas de bière à sa convenance. Alors il s’est rappelé qu’étudiant il s’était lancé comme brasseur individuel, "la bière était trop chère pour moi à l’époque, je n’avais pas assez d’argent, je la fabriquais donc dans ma cuisine".

Il s’est donc de nouveau remis à brasser. Après l’avoir goûté, certains proches et amis lui ont suggéré qu’il pourrait sûrement la commercialiser. Il a lancé sa micro-brasserie. Elle s’appelle la bière verte. Elle fonctionne si bien qu’en 2022 il devrait l’agrandir.

L’autre artisan du cru à utiliser ce produit local est un personnage haut en couleurs qui nage en plein paradoxe, "je suis connu et suivi sur les réseaux sociaux dans le monde entier mais ici à Éguzon personne ou presque ne me connait". Pourtant Jean-Christophe Michelet est installé au coeur du village depuis presque deux ans. "Ça tombe bien", me lâche-t-il, "j’ai choisi Éguzon pour m’éloigner de toutes les sollicitations". C’est réussi !

Jean-Christophe Michelet est à lui seul le Zidane et le M’Bappé réunit de la confiture. Comme l’équipe de France de football, ses chemises arborent fièrement deux étoiles. Jean-Christophe est une sommité dans l’univers des confituriers. Il est double champion du monde. Je pourrais vous décrire la subtilité de sa gelée de foin, la suavité prononcée de l’une de ses confitures de fraises, l’enfance retrouvée de sa confiture de mandarines, mais toute les descriptions ne remplaceront jamais une dégustation sur place. Prenez rendez-vous et son équipe vous accueillera pour visiter le laboratoire de production.

Ces quelques lignes vous ont peut-être donné envie de récolter vos propres châtaignes. À l’achat, un jeune plant vous coûtera autour d’une vingtaine d’euros. Une fois en terre, vous devrez l’arroser, mais pas trop. Vous anticiperez les attaques éventuelles de nuisibles. Enfin, il vous faudra être patient, car le châtaignier donne ses premiers fruits au bout de 7 ans.

Cela vous laisse donc le temps de venir du côté d’Éguzon déguster quelques châtaignes grillées avec convivialité par les bénévoles de la confrérie de la fête de la châtaigne.

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