Spike Groen, maire estampillé LR du village de Saint-Gilles dans l'Indre, est à la tête d'un comité de soutien d'Eric Zemmour en vue de la présidentielle. Une aventure qui dérange au sein de son propre parti. Nicolas Forissier, député et patron des Républicains du 36, se dit "un peu meurtri".
"Nous allons en tirer les conséquences." La phrase est cryptique, mais la menace à peine voilée. C'est avec ces mots que Nicolas Forissier, président de la fédération Les Républicains du 36, a accueilli la nouvelle : Spike Groen, maire estampillé LR du village de Saint-Gilles dans l'Indre, a décidé de créer un comité de soutien au polémiste d'extrême-droite Eric Zemmour en vue de la présidentielle.
Une nouvelle que de nombreux Républicains de l'Indre ont appris dans la presse, mardi 5 octobre, avec un article de la Nouvelle République. "C'est ma faute, l'article est paru trop tôt et je n'ai pas eu le temps de prévenir tout le monde", regrette le jeune maire. Il le reconnaît lui-même : son engagement a provoqué "de l'incompréhension et de la déception" chez des "collègues" qu'il a contactés avant la sortie de l'article.
"Je suis un peu meurtri", dit Nicolas Forissier
Spike Groen a pourtant oublié de prévenir deux personnes : Nicolas Forissier, qui est aussi député de l'Indre, et le maire de Châteauroux Gil Avérous, les deux pontes LR du département. "Je n'en ai pas été prévenu et je regrette", affirme le député, qui se souvient avoir "aidé" le jeune maire de Saint-Gilles pendant la campagne des municipales en 2019 :
Je lui ai fait confiance. Aujourd'hui, je suis un peu meurtri par cet aspect personnel qu'il n'a pas respecté.
Il affirme par ailleurs que Spike Groen lui a, depuis, envoyé un texto, auquel il n'a "pas encore répondu".
Au-delà des relations humaines, Nicolas Forissier soutient que la création de ce comité par un militant LR, édile qui plus est, est "totalement personnelle" et "n'est pas représentative de la réalité de la situation et de ce que pensent les adhérents". "Il décide de prendre parti et c'est son droit, mais il n'a pas à s'exprimer au nom des Républicains", ajoute-t-il. Le jeune maire note de son côté que, comme Eric Zemmour, "Valérie Pécresse et Xavier Bertrand ne sont pas adhérents LR non plus".
"La digue entre LR, RN et Zemmour vient de sauter"
Il estime également que Zemmour "représente la tête forte de la droite, y compris pour les Républicains mais aussi pour le Rassemblement national". Une déclaration, proche de celles qu'il tenait dans la Nouvelle République, qui fait dire au député LREM François Jolivet que "chez [lui], dans l'Indre, la digue entre LR, RN et Zemmour vient de sauter".
Chez moi dans l'Indre, la digue entre #LR, #RN et #Zemmour vient de sauter. Terrifiant cette déroute. Plus que jamais la droite républicaine vit dans le bloc central et présidentiel via @EmmanuelMacron, @EPhilippe_LH, @GDarmanin, @BrunoLeMaire... https://t.co/F6MvAUXQtN pic.twitter.com/E5h53DGdfT
— François Jolivet (@FJolivet36) October 5, 2021
Le jeune maire soutient d'ailleurs que de nombreux adhérents LR rejoindront le polémiste d'extrême-droite, qui ne se contente plus de seulement zieuter les électeurs traditionnels de la famille Le Pen. "C'est un peu présomptueux par rapport au succès des opinions et de l'isoloir", ironise Nicolas Forissier, alors même qu'Eric Zemmour serait deuxième du premier tour selon un sondage Challenge dévoilé le 6 octobre.
Désormais, Spike Groen dit vouloir se focaliser sur la récolte de promesses de signatures en faveur de la candidature d'Eric Zemmour -toujours pas officiellement déclaré- et sur la distribution de flyers et autre collage d'affiches.
Le polémiste, condamné en 2011 pour "provocation à la discrimination raciale", continue de grimper dans les sondages, tout en enchaînant les déclarations polémiques. D'abord en affirmant que "Vichy a protégé les Juifs de France", une contre-vérité historique. Et plus récemment, ce 6 octobre, en comparant la transidentité chez les adolescents aux expériences du docteur Mengele pendant la Seconde Guerre mondiale.