C’est un combat que mène depuis quatre ans l’association de défense pour obtenir de meilleures dessertes de la ligne Paris-Limoges. Avec des hauts et des bas. Dernier rebondissement en date : le nouveau refus des autorités ferroviaires d’accorder un quatrième arrêt quotidien. Ses membres viennent d’adresser un courrier au chef de l’Etat.
Martine Irzenski, la présidente du comité de suivi de la gare d’Argenton n’en revient pas. La dernière réunion de suivi en présence de la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer, la DGITM, des représentants d’usagers sous la présidence de la Préfète de la région Nouvelle Aquitaine, s’est très mal passée selon elle : "ça a été très violent, on était un peu suffoqués. Quand nous avons posé notre question concernant la possibilité de mettre un quatrième arrêt à l’issue des travaux du POLT (ligne Paris Orléans Limoges Toulouse) à l’horizon 2025, les représentants de la DGITM nous ont répondu un non très ferme, ajoutant : on ne reviendra pas sur notre décision. Et tout ceci sans aucun argument technique pour expliquer ce choix et cette décision formulés très brutalement".
Les participants à la réunion ont d’ailleurs marqué le coup, "il y a eu une minute de flottement", note-t-elle, face à cette déclaration "c’était une attitude brutale, à la limite de l’impolitesse franchement(…) donc là, il y a vraiment un blocage, c’est certain. Il va falloir que ça bouge car nous, on ne cédera pas".
Une situation de blocage qui appelle une riposte
Le comité de Défense crée il y a quatre ans, a montré par le passé sa détermination à mener des luttes pour désenclaver ce territoire rural, mais choisi par de nombreux urbains, toujours inquiets de la pérennité des arrêts en gare d’Argenton.
Un combat auquel les membres ont su associer les décideurs et les politiques locaux. L’association compte désormais 435 membres, des élus de 35 communes. C’est un bassin de population de 12 000 habitants, pour qui prendre le train à Argenton est important.
Des travaux sur la ligne qui ne bénéficieront pas à Argenton ?
Martine Irzenski rappelle qu’en janvier, lors d’une réunion en Préfecture des représentants des trois communautés de communes adhérentes, Châteauroux, Argenton, Val d’Anglin, les deux sénatrices, le Président du Département, un représentant du député Nicolas Forissier, tous ont défendu ce quatrième arrêt quotidien.
Les courriers adressés par les élus de la République au ministre des transports attendent toujours réponse. Tous connaissent les enjeux pour le département. Le développement de l’installation d’urbains venus de région parisienne passe par une pratique du télétravail et de la possibilité de rejoindre facilement la capitale. Il en est de même pour le développement touristique, et singulièrement les séjours courts, week-ends ou week-ends prolongés.
Enfin rappellent les membres de l’association, le département de l’Indre s’associe financièrement aux travaux d’amélioration de la ligne POLT, par la suppression de passages à niveaux. "Est-il normal que ces travaux ne bénéficient qu’aux principales agglomérations de la ligne, au détriment du département de l’Indre et de ses territoires ruraux ?"
Forts de ces arguments, un courrier a été adressé au ministre délégué aux transports Jean-Baptiste Djebbari, pour souligner l’incohérence des horaires qui laissent sans desserte Argenton pendant 8 heures en journée.
Une association prête à riposter pour faire entendre sa voix
L’association rappelle que la fréquentation de la gare d’Argenton, malgré le covid et les confinements, a gagné 1%. Dans le même temps, certaines dessertes perdraient jusqu’à 26% de fréquentation sur cette même ligne, selon elle. Une preuve supplémentaire de l’attraction pour ce moyen de déplacement dans ce bassin de vie.
A la question de savoir ce qui va se passer maintenant, Martine Irzenski répond : "On attend une réponse du Ministre Djebbari, qui ne nous répond pas et un rendez-vous, j’ai écrit au président de la République (…) si nous n’avons pas de réponse d’ici un mois, nous allons nous réunir et voir ce qu’on fait. Et si nous avons une réponse négative, nous allons aussi agir. Et là, on est reparti pour arrêter des trains, faire des actions. On va en parler. Il y a aussi les élections qui bouleversent un peu les calendriers".
Elle avoue en "avoir un peu gros sur la patate" parce que pour les membres de l’association, leur demande est légitime et s’inscrit dans des discours politiques qui prônent l’utilisation du rail plutôt que les déplacements individuels en voiture. D’où leur déception et leur incompréhension. "On a de nouveaux adhérents qui viennent de s’installer. Ils nous disent, on est avec vous, on a choisi cet endroit parce que la desserte était en voie d’amélioration et on espère que cela va continuer". Alors bien sûr tout le monde est déçu, mais "on se bat, car on sait que c’est très important pour le dynamisme du territoire".