Promis à la destruction, quinze logements sociaux conçus par le célèbre architecte Paul Chemetov pourraient être sauvés par l'intervention in extremis de la communauté de communes.
Les grignoteuses ont commencé leur besogne, transformant irrémédiablement le visage de cet ensemble immobilier né dans les années 80 de la plume du célèbre Paul Chemetov, (concepteur entre autres de la grande galerie de l'évolution de Paris, de la cour carrée du forum des Halles et plus récemment de la médiathèque de Chartres) mais le bâtiment tient toujours debout.
Au pied de la façade donnant sur le centre historique de Saint-Benoît (labellisé "Plus beau village de France"), derrière les grilles de chantier, les gravats ont commencé à s'entasser mais il reste un espoir.
Ces HLM sont nées à une époque où la commune connaissait une croissance constante de sa population sous l'impulsion du principal employeur de la ville, le fabricant de matériel de cuisine Sitram. Parce qu'il avait noué des liens affectifs avec l'Indre où il s'était réfugié pendant la 2e guerre mondiale, Chemetov avait répondu favorablement à la demande du maire de l'époque Jean Chatelut qui lui avait commandé un collège, une caserne et des logements sociaux. Certains de ces logements qui correspondaient aux besoins du moment se sont depuis progressivement vidés de leurs occupants. Depuis les années 80, l'usine Sitram est passée de 500 à 50 salariés et le village de Saint-Benoît ne compte plus que 615 habitants contre 850 auparavant.
Une offre de rachat pour un euro
Dans ce contexte, difficile de maintenir une occupation à plein du parc HLM, d'autant que les logements construits par Chemetov sont très grands, difficiles d'accès pour les personnes à mobilité réduite et plus aux normes du jour en matière d'isolation. Depuis de nombreuses années, dix d'entre eux sont régulièrement inoccupés, ce qui pèse sur les finances de leur propriétaire, le bailleur social Scalis (implanté à Châteauroux) qui a pris la décision de les détruire, avec l'aval de la commune et de l'architecte des bâtiments de France, bien qu'ils se trouvent un périmètre classé.
Depuis qu'il a appris le projet de destruction, l'ancien maire Jean Chatelut, en fonction au moment de la construction, s'est démené pour tenter de les sauver, imaginant la transformation des lieux en une pépinière qui pourrait accueillir des entreprises naissantes, des artisans, une association d'aide à l'enfance et quelques logements rénovés. Le projet semblait arriver trop tard par rapport au calendrier fixé par Scalis qui avait déjà provisionné les 300 000 euros nécessaires à la construction des bâtiments et signé les contrats avec les prestataires. Sans nouvelle précise du projet de reprise, le propriétaire a lancé les premières opérations de démolition le 29 janvier mais depuis le projet de reprise s'est étoffé.
A la demande du président de la communauté de communes de Saint-Benoît-du-Sault, Philippe Gourlay, plusieurs élus travaillent activement à un projet de reprise qui prévoit le rachat des HLM pour un euro symbolique et leur réhabilitation ultérieure. Celui-ci devrait être voté fin février par l'assemblée communautaire. En attendant, Scalis, qui ne s'oppose pas un rachat , a suspendu son chantier pour un mois. Temps nécessaire à la construction du dossier ainsi qu'à l'examen des procédures obligatoires de désamiantage.