En cette période estivale, les étudiants cherchent un logement. Mais la situation est particulièrement compliquée cette année, à Orléans et à Tours.
"Bonjour, je cherche un studio ou un F2 à louer pour ma fille qui va faire ses études à Orléans à partir de septembre". Cette annonce, publiée sur Facebook, n’est pas unique. Des messages comme celui-ci fleurissent sur les réseaux sociaux, particulièrement en cette période estivale. Mais certaines familles ont commencé très tôt.
Dans cette agence de Tours, les appels ont débuté depuis la fin du mois de mai, bien avant les résultats de Parcoursup. "Les étudiants ont su tout de suite s’ils ont eu leurs diplômes grâce au contrôle continu", explique Coralie Chol, directrice de l’agence Guy Hoquet Orléans centre. "Ils veulent être sûrs d’avoir un bien placé au bon endroit. Ils veulent avoir le choix", confirme Antoine Faure, en charge du service location et gestion à Century 21 Centre Habitat Tours centre.
"Ça bouge beaucoup"
Proche des transports. Pas loin de la faculté. Assez grand pour avoir un coin nuit. Avec un terrasse. Chacun a ses critères pour trouver son logement idéal. Mais cette année, c'est particulièrement compliqué, notamment dans les deux métropoles de la région, à Orléans et à Tours. "Aujourd’hui j’ai deux studios et deux T2. D’habitude, on en a une dizaine", estime Coralie Chol. "Depuis le début de l’été, on a eu des résidences où il y a eu jusqu’à douze préavis. Mais tout est déjà parti", rajoute Antoine Faure, en Indre-et-Loire. "Ça bouge beaucoup", confirme Marie Lefort, 19 ans, études de kiné à Orléans. "On commence à repérer des appartements et quand on regarde deux jours après, ils sont partis".
Comment expliquer ce manque de logements ? "Je pense que le Covid est passé par là", suggère Coralie Chol. "Les étudiants ont peut-être redoublé leur année. Du coup, ils restent une année de plus. Ou ils trouvent un emploi et ils restent dans leur logement". Stéphane Durand-Montouché, directeur du groupe d’agences éponyme à Orléans, voit plus loin. "Depuis 20 ans, le marché du neuf n’a pas créé de studios". Et d’ajouter, "en ayant aujourd’hui des écoles de commerces et une université qui va venir en centre-ville, la plupart des étudiants chercheront à se rapprocher du centre plutôt qu’à s’excentrer à Orléans la Source ou à Saint-Marceau". La pénurie de biens risque donc de durer.
Miser sur l'intergénérationnel
Pour optimiser ses chances, les agents immobiliers conseillent de venir aux visites avec des dossiers complets. D’ailleurs, les étudiants l’ont bien compris. Ils sont de mieux en mieux préparés. "Ils ont dû se faire souffler un appartement sous le nez", commente Coralie Chol.
L'une des solutions pour trouver une chambre, c'est la colocation intergénérationnelle. Les sites internet se sont multipliés, comme Colibree Intergénération qui enregistrent 300 demandes au niveau national, une trentaine de dossiers en cours à Orléans. "C'est énorme", précise Mélanie Slufcik, sa fondatrice. "C'est une démarche particulière. On a des étudiants parce qu'ils ont un empathie forte. Précédemment ils se sont occupés de leurs propres grands-parents. Du coup, ils ont envie de se sentir utile et d'aider leurs prochains. On fait se rencontrer les étudiants et les retraités qui ont des affinités de vie commune, qui mangent la même chose, qui écoutent le même style de musique, qui attendent la même chose".
Des places disponibles en résidences universitaires insuffisantes ?
Selon un questionnaire fait en mars dernier, par l’Association Générale des Assos Tourangelles Étudiantes (AGATE) auprès de 1 347 étudiants de Tours, 49,5 % des répondants disent être logés dans un parc privé contre 9,6 % en CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires). Signe qu'il n'y a pas assez de places dans le parc universitaire ? "Il y a un manque d’informations", estime Oscar Bretonneau, président de l'AGATE. Tout le monde ne sait pas qu’il peut avoir accès à une chambre au CROUS. Les critères sont mal connus des étudiants".
Mais l'UNEF, de son côté, sort quand même sa calculette. "Il y a un réel manque de logement universitaire", affirme Jonathan Bruneau, vice-président étudiant au CROUS de l’Académie Orléans-Tours. Il estime qu’il y a le double des demandes d’hébergement comparées aux places disponibles – 6 500, selon le rapport d'activité 2020 du CROUS. Mais il n’a pas plus de chiffres plus précis. "C’est quelque chose qui n’est pas fourni aux élus étudiants malgré les demandes formulées auprès des résidences", assure-t-il.
Les résidences étaient peut-être correctes, il y a 20 ans. Mais aujourd’hui, la population étudiante a tellement augmenté, à Orléans et Tours, voire même sur des centres universitaires plus petits, qu’au final, les résidences construites à l’époque ne sont pas assez nombreuses.
Alors les associations et les syndicats d'étudiants sont présents pour répondre aux appels à l'aide. Ils réorientent vers les services sociaux ou vers d'autres structures, comme le Centre régional information jeunesse Centre-Val de Loire, E-logement, Lokaviz et la Maison de l'Habitat à Orléans.