L'examen de la proposition de loi sur la maltraitance animale s'achève ce vendredi à l'Assemblée nationale, après 4 jours de débats intenses. Réelle avancée ou pure opération de com', avis partagés de militants de la cause animale dans notre région.
La proposition de loi portée par des élus LREM suscite bien des réactions et des débats, ce qui témoigne d'une évolution profonde de la société sur la question de nos rapports avec les animaux.
Avant même le début de son examen à l'Assemblée nationale, la plupart des associations "animalistes" ont dénoncé l'absence dans ce texte des dossiers les plus sensibles, à commencer par la chasse.
L214, par exemple, déplore que les pratiques les plus cruelles, chasse à courre, chasse des oiseaux à la glu ou déterrage des renards et blaireaux ne soient même pas évoquées.
Militant tourangeau de longue date, Emilien Cousin, aujourd'hui référent EELV sur ces questions, nous déclare :
"On sait très bien que le Président Macron est un un grand ami des chasseurs, qu'il a relancé par exemple les chasses de Chambord. La cause animale n'est pas vraiment son point fort, donc on n'espérait pas grand-chose de ce texte."
Circulez, y'a rien à voir, en quelque sorte... Et le constat se répète pour les pratiques de l'élevage industriel (broyage des poussins, castration à vif des porcelets, etc) ou pour la corrida.
Les Français en avance sur leurs dirigeants
Les associations de défense de la cause animale estiment que l'opinion publique est beaucoup plus en avance sur toutes ces questions que le gouvernement ou les députés. A ce titre, le sondage que publie ce mois-ci (janvier 2021) l'IFOP en partenariat avec 30 millions d'amis est édifiant. Quelques exemples :
- 85% des Français sont favorables à l'interdiction de l'élevage intensif
- 77% sont favorables à l'interdiction de la chasse à courre
- 75% sont favorables à l'interdiction des corridas en France.
Ainsi, avec cette loi sur la maltraitance animale, la majorité se donnerait-elle bonne conscience à peu de frais... Comme souvent, la réalité est peut-être plus nuancée et se situe sans doute quelque part entre une loi "historique" et une pure opération de communication.
Des progrès mais peut mieux faire
Ce texte, par exemple, instaure un certificat de sensibilisation pour les futurs propriétaires d'animaux : rappel des obligations de soins, de vaccination et des coûts liés à la possesssion d'un animal de compagnie. Un combat de la SPA, notamment, pour lutter contre les achats impulsifs et donc contre les abandons, dont la France est championne d'Europe (100000 par an).
Mais les députés ont voulu aller plus loin. Le 27 janvier, contre l'avis du gouvernement, ils ont voté l'interdiction de la vente de chiens et de chats dans les animaleries à partir de 2024. Là encore, il s'agit de limiter les achats "coup de coeur". Une décision saluée par plusieurs associations.
La problématique des NAC (nouveaux animaux de compagnie) s'est installée dans les débats dès le lendemain. Et là encore, les députés de la majorités ont passé outre les consignes gouvernementales. Une victoire pour Alexandra Morette, la Présidente tourangelle de l'association Code Animal :
"Certains députés de la majorité, dont Philippe Chalumeau pour l'Indre-et-Loire, ont défendu le principe de liste positive pour la détention d'animaux sauvages. L'amendement a été adopté, et la victoire est d'autant plus belle que le gouvernement a voté contre !"
De quoi s'agit-il ? La liste positive autorise la vente et la détention de certaines espèces sauvages (reptiles, oiseaux, rongeurs,etc) lorsqu'on sait qu'il n'y a pas d'impact sur la biodiversité, sur la santé et la sécurité humaine (risque de zoonose) ou sur le bien-être de l'animal. Alexandra Morette ajoute : "en autorisant la détention de certaines espèces sauvages, de facto la liste positive interdit toutes les autres. Elle protège les animaux car lorsqu'on ne dispose pas de suffisamment d'informations pour une espèce, elle est tout de suite rayée de la liste."
Au dernier jour de l'examen de cette proposition de loi, vendredi 21 janvier, les députés se sont penchés sur une question chère au coeur des militants de la Région, celle de l'interdiction des animaux sauvages dans les cirques. Rappelons qu'en décembre 2020, le Centre-Val de Loire a été la première Région de France a prendre position pour cette interdiction. Là encore, le gouvernement a déposé un amendement visant à limiter la portée du texte, en autorisant finalement certaines espèces. Et là encore les députés ont dit non, rejettant cet amendement à la grande satisfaction des défenseurs de la cause animale.
Au final, il y aura donc eu tout de même d'indéniables avancées dans ce texte, pour certaines associations au moins, dont Code Animal.
"C'est un premier pas, c'est clairement timoré, mais on avance petit à petit, poursuit Alexandra Morette. Reste que cette proposition de loi arrive bien tardivement par rapport aux changements sociétaux."