Blois : l'usine apprenante et inclusive, un chemin vers l'insertion professionnelle

Depuis 2008, la surface de l'usine de Blois a été multipliée par trois et le nombre d'opérateurs est passée de 75 à 110 personnes. Grâce à leur CDI, ces personnes atteintes de handicap cognitif ou éloignées de l'emploi retrouvent confiance et autonomie. Témoignages. 

L'AMIPI développe des produits mais aussi des cerveaux.

Jean Marc Richard, président de la Fondation AMIPI-Bernard Vendre accueillait les élus de Blois et les partenaires de la nouvelle usine apprenante et inclusive qui emploie 110 personnes.
 
Entre 2008 et 2020, la surface de l'usine a été multipliée par plus de trois (de 800m2 à 2700 m2) et le nombre d'opérateurs est passée de 75 à 110 personnes à Blois. 

Ces hommes et ces femmes atteints de handicap cognitif ou éloignés de l'emploi,  produisent des faisceaux électriques pour Peugeot, Citroën ou encore Renault. 
 


Parmi ces opérateurs, Virginie qui va avoir 40 ans cette année.

Elle travaille à l'usine inclusive depuis plus de 20 ans. Elle monte des petits boîtiers pour l'industrie automobile.  "J'aime bien faire les faisceaux. Ici on apprend plein de choses. Tans que je me sens bien je reste. Ensuite j'aimerais travailler avec des personnes âgées ou dans un restaurant."
 

Un peu plus loin, Céline travaille ici aussi depuis plus de 20 ans. Sujette à de graves crises d'épilepsie, elle peut difficilement travailler en milieu "classique". "Quand il fait trop chaud ou que je suis stressée, je tombe. Ici au moins, les horaires sont adaptés à mes problèmes de santé. Ils sont très compréhensifs et gentils." 

Faire grandir les opérateurs à handicap cognitif

Au départ, il s'agissait d'ateliers protégés quand cette forme d'emploi a été créée il y a 50 ans. Aujourd'hui, il existe six usines de production, d'apprentissage et d'insertion en Pays-de la Loire et Centre-Val-de- Loire qui emploient 880 salariés dont 750 opérateurs porteurs de handicap cognitif.

Ils délivrent 8 millions de faisceaux et cbles électriques pour l'industrie automobile. 

L'objectif est de développer par le travail manuel les capacités cognitives des personnes handicapées en capacité de travailler pour qu'elles puissent s'intégrer ensuite dans une entreprise dite"normale". 
 

Objectif :  transférér ses compétences à l'extérieur


Lundi 3 février 2020, lors de l'inauguration de la nouvelle usine agrandie, trois anciens opérateurs ont reçu une médaille pour avoir été engagés dans une entreprise dite "normale".

Sabrina, après 20 ans d'usine inclusive a été engagée par l'entreprise McDonald's. Denis et Jessy ont été engagés par l'entreprise Chiesi. " C'est un super expérience pour nos équipes. C'est un échange partagé et une vraie richesse pour notre entreprise", confie au micro Franck Vilijn, le directeur de l'entreprise Chiesi à la Chaussée-Saint-Victor. 

Depuis novembre 2011, 80 opérateurs ont été recrutés par une entreprise dite "classique". 9 venaient de l'usine de Blois.
 

Mais trouver un emploi ailleurs n'est pas simple pour ces opérateurs. Un tiers ne veut pas partir. Un tiers est dubitatif et le dernier tiers seulement se dit pourquoi pas.

"Quand ils arrivent ici, ils sont persuadés qu'ils ne savent rien faire. On leur a toujours dit qu'ils étaient des bons à rien. Ici on leur redonne confiance et surtout on met en exergue leurs compétences", explique Maryse Vendre, co-fondatrice de l'AMIPI. "Il faut les convaincre ainsi que leur famille qu'ils sont prêts à partir. Ce n'est pas toujours simple."
 


Un premier pas vers un changement de vie


A 25 ans, Yann est au poste des finitions.
Avant d'arriver à l'Upai, il avait essayé l'Ecole de la seconde chance, l'informatique "trop compliquée", le travail en cuisine "trop de pression".

Yann sait qu'il ne va pas rester dans cette usine toute sa vie. C'est une étape dans sa construction. " Grâce à l'usine, j'ai pu passer mon permis, acheter une voiture et j'aurai bientôt un appartement. Travailler ici m'a permis d'être indépendant financièrement. Alors que je n'y croyais plus vraiment. " 

Quand partira-t-il ? Il n'en sait rien. Il vit au jour le jour, au fur et à mesure de ses progrès. Et ça lui va bien ainsi. 
 

Le projet de la fondation AMIPI : implanter et développer dans les territoires d’autres Upai


L’idée est d’inciter les entreprises qui ont délocalisé leurs activités à en rapatrier une partie afin de développer l’activité économique et l’emploi dans nos territoires. Les Upai ont un double avantage : former, donner du travail à des personnes handicapées mais aussi à toutes les personnes éloignées de l’emploi en capacité de travailler (NETT - 2,8 millions de Français ‘Not in Education, Employment or Training’ - « décrocheurs », personnes issues de l’immigration…) et revitaliser les territoires.

L'autre intérêt de ce modèle est économique : l’insertion représente une économie non négligeable pour les comptes sociaux sachant qu’une insertion réussie représente une non-dépense publique de 350 000 à 400 000 euros.



 
La méthode de l'usine apprenant et inclusive :
La Fondation AMIPI - Bernard VENDRE a développé un véritable savoir-faire dans la formation et le développement des compétences des personnes handicapées, fondé sur l’analyse de son comité scientifique qui a mis en évidence le rôle des neurones miroirs dans les apprentissages et du travail manuel dans la plasticité du cerveau.

Dès 1985, l’activité de câblage, décomposable en multiples tâches nécessitant concentration et agilité, a été identifiée comme un support d’apprentissage permettant de développer l’activité neuronale et les capacités neuro-cognitives.

Cette méthode est décrite très précisément et validée par Jean-Michel Oughourlian, neuropsychiatre, dans son ouvrage : Le travail qui guérit l’individu, l’entreprise, la société, rédigé à l’issue de son immersion dans les usines de la Fondation AMIPI - Bernard VENDRE.
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