Contres fait figure d’exception en Région Centre Val de Loire. Le maire, Jean-Luc Brault, a réussi au fil des années à faire de cette petite commune de Loir-et-Cher, un eldorado de l’emploi. Une réussite enviée, parfois contestée mais tout à fait explicable.
Il a le regard bleu azur de la couleur de son pull du jour. Crayon à la main, il paraphe des documents déposés délicatement par son assistante sur la table de réunion. Un rapide coup d’œil pour une signature expresse. Il faut dire qu’à 69 ans, Jean-Luc Brault n’a pas perdu de temps. Cet ancien plombier s'est fait seul : ce fils d'ouvriers agricoles, a créé sa propre société, "Climatelec", à trente-trois ans. Au fil des ans, la PME s'est agrandie pour atteindre 120 salariés. Si depuis Jean-Luc Brault l'a revendue, il n'est pour autant jamais rassasié. Cet homme de caractère a toujours cherché à avancer pour développer l'emploi et faire vivre des familles au coeur du Loir-et-Cher.
3000 salariés pour 3500 habitants
Entrepreneur et visionnaire, Jean-Luc Brault se lance en politique en 1995. Cette année-là, il se présente pour la première fois aux élections municipales face au sénateur-maire de l'époque, Jacques Bimbenet. Un défi relevé au deuxième tour. Contres recense alors sur sa commune environ 500 salariés dans le secteur privé. Vingt-cinq ans plus tard, ils sont six fois plus, soit 3 000 mille sur le même territoire.Nous faisons tout pour mettre les entrepreneurs dans les meilleures dispositions pour favoriser l'emploi. Si quelqu'un vient me voir avec un projet intéressant et structuré, je lui trouverai un local avec un loyer dérisoire pour l'aider à se développer. Si ça marche, le loyer augmentera et il pourra même racheter les locaux. Si cela n'a pas fonctionné tant pis mais on aura donné une chance à un entrepreneur et à l'emploi.
Près de 25 ans plus tard, cette expansion se poursuit encore : début 2020, un sous-traitant de la SNCF et de la RATP, Barat Group (production des portes pour les trains à grande vitesse et les métros), a choisi de rassembler ses activités ici à 24 kilomètres au sud de Blois. Novellini, la marque italienne de salles de bain et de parois de douche a, elle, finalement décidé de maintenir son unique site français de production à Thenay dans le controis « par fidélité, affinité…et parce qu’on leur a trouvé une solution » précise fièrement, Jean-Luc Brault.
Un problème, une solution
Et oui, le naturel revient au galop, le chef d'entreprise conserve ses réflexes. Un problème administratif, une difficulté logistique, technique ? Le président de la communauté de commune de val de Cher Controis trouve la solution dans la journée au pire dans la semaine. Il n'hésite pas pour cela à mettre la pression sur les représentants de l'Etat, parfois même le préfet directement en public. Car il n'est pas du style à lâcher prise ou gagner du temps pour laisser mourir un dossier. Un sport numéro un pour d'autres politiques mais inconcevable pour lui. C’est bien pour cela que la direction du vaisseau amiral de Contres, l'entreprise de biscuits Saint-Michel, a choisi de maintenir son siège social et la production de madeleines ici où au départ il n'y avait rien. La famille Gervoson est d'ailleurs très attachée à sa relation avec le maire actuel.Secteurs traditionnels et innovation
Saint-Michel, Transport Bruno Robert, D’aucy Long Life Logistic, des entreprises des secteurs traditionnels….mais aussi quelques pépites de l'agroalimentaire français ont également choisi ce "gros bourg" de 3680 habitants pour s’implanter. C’est le cas de Marco Polo Foods (sushis) ou encore de l’incubateur industriel Food Val de Loire dans lequel on retrouve des jeunes marques à l'image de « Comme des papas ». Et deux mille mètres carrés vont bientôt sortir de terre pour construire ateliers et lieux de conférences.Contres, l'exception du 41
Ce dynamisme est conforté dans une étude publiée au Château de Blois le 17 décembre dernier. Selon les conclusions menées par l'Observatoire de l'Economie et des Territoires entre 2000 et 2018, le nombre d'emploi dans le secteur privé à Contres a été multiplié pratiquement par trois. Un miracle économique dans un territoire dépourvu de gare TGV et d'axes routiers majeurs. Contres n'est pas situé à un carrefour d'autoroutes comme peuvent l'être ses voisines Vierzon, Romorantin ou Blois dans la région.Contres ne fait pas de bruit, tout le monde ici ne parle que du zoo parc de Beauval et pourtant, Contres est même devant des communes réputées pour leur croissance exceptionnelle comme Sablé-sur-Sarthe dans le Maine-et-Loire. Pour preuve une fois encore de ce dynamisme, 600 m2 carrés de bureaux sont en cours de construction sur la "rocade" de la ville. Des assurances, la BPI (Banque Publique d'Investissement) ou encore la chambre d'agriculture de Loir-et-Cher avec la création d'une annexe, ont décidé de venir se greffer à cette synergie sur ces anciennes terres viticoles. Tout le monde veut prendre le train en route.Ce développement est remarquable, c'est un territoire qui s'est pris en mains en misant sur le développement économique au milieu des années 90. Cette réussite s'explique grâce aux disponibilités foncières et aux propositions immobilières faites aux jeunes entrepreneurs mais aussi aux grandes entreprises (...) il n'y a pas d'équivalent dans la région, ni même dans les départements limitrophes, précise un membre de l'association de l'Observatoire de l'Economie et des Territoires.
Un cercle vertueux au service de la ville
Cette croissance du secteur privé profite in fine au bourg et à l'agglomération. En 2016, la commune du centre de Loir-et-Cher comptait 6820 habitants soit une hausse de 767 habitants depuis 1999 (+ 13 %). Et lorsque l'on circule dans les rues de la commune, un autre constat saute aux yeux : aucun commerce de proximité n'est fermé et 4 boulangeries indépendantes sont encore présentes.En mars prochain, il sera donc de nouveau sur la ligne de départ. Une évidence pour poursuivre le travail et le développement de Contres même si faire de la politique en 2020 "n'a plus rien à voir avec le debut des années 2000". Avant on réglait une affaire à la fin d'un déjeuner, aujourd'hui il faut un peu plus de temps et de patience.La communauté de commune rachète les murs des commerces, pas les fonds, on restaure, on nettoie et on reloue à des jeunes commerçants. On est l'une des dernières, peut-être la dernière commune rurale du département, à avoir encore une maison de la presse. Il y a plein de choses qui dépendent de nous, ça marche très bien. Et on aura très bientôt un nouveau boucher et un nouvel huissier, dit-il non sans une certaine fierté.
Rivalités, jalousies et coups bas
Cette réussite, personne n'ose vraiment la reconnaitre dans le département, elle est jalousée. "Brault" à Contres, il agace. Il faut dire qu'à Blois ou à Romorantin, deux villes plus importantes situées à 24 kilomètres de Contres, on ne connaît pas la croissance depuis bien longtemps....c'est plutôt même la récession.De son côté, Maurice Leroy, ancien président du Conseil Départemental, reconnaissait en lui qu'il était le seul politique capable de lire un bilan comptable. Pourtant, il a tout fait lors des dernières élections sénatoriales pour faire battre Jean-Luc Brault par son poulain, Jean-Marie Janssens alors maire de Montrichard.
D'autres encore tentent de discréditer le maire de Contres. C'est ainsi qu'un forum des entreprise de la Vallée du Cher a été organisé au château de Selles-sur-Cher, en mai 2018, sans qu'il ait été averti. Tout a été décidé dans le dos de la communauté de communes val de Cher Controis dont le président n'est autre que Jean-Luc Brault. Guillaume Pelletier, le député LR, serait à l'un des investigateurs à la manoeuvre. Et pourtant la première compétence d'une communauté d'agglomérations, c’est le développement économique....mais le président n'a pas été associé dans l'organisation.