Le château de Talcy est un héritage typique de la Renaissance. Rebâti à partir de 1520 par un banquier florentin avec le soutien de François 1er, ce monument national doté du label Jardin Remarquable, reste un patrimoine discret. Il fut pourtant fréquenté par des élites et siège d'un sommet majeur.
En 1562, en pleine guerre de religion, le porche d'entrée du château de Talcy s'ouvrit à l'arrivée de Catherine de Médicis et de Charles IX. Le déplacement était officiel. La cause: la tenue d'un sommet qu'on appellera plus tard la "Conférence de Talcy". Il s'agissait alors de réunir catholiques et protestants qui ferraillaient férocement dans le royaume.
À cette table ronde, Catherine de Médicis tenta une dernière fois de les réconcilier. Deux jours de négociations, les dimanche 28 et lundi 29 juin. Le sommet se tint à Talcy, car la famille italienne propriétaire des lieux, était apparentée à Catherine de Médicis. Le Duc de Guise; Antoine de Bourbon, roi de Navarre; Condé, siégeaient autour de la table. Mais l'entrevue fut un échec... Catherine de Médicis ne put obtenir la paix qu'elle appelait. Les protestants refusèrent l'interdiction d'exercice de leur culte qu'on leur demandait en échange. La guerre entre catholiques et protestants s'intensifiera à partir de cette date.
Facétie de l'histoire, bien plus tard, après la Révolution, le château devint la propriété d'une famille suisse protestante: les Stapfer. Elle fit du château de Talcy un "lieu de culte protestant évangélique". L'inscription est toujours visible sur le manteau d'une cheminée du rez de chaussée, au fond de ce qui fut appelé "salle de culte".
Villégiatures et salons intellectuels
Si l'histoire du château de Talcy retient ces faits politiques au XVIème siècle, elle nous rapporte également au fil des décennies les nombreuses visites de courtoisie offertes à d'illustres personnalités de lettres ou politiques, tels Prosper Mérimée ou Adolphe Thiers. Il faut dire que dans la ligne de la famille Salviati qui abrita Théodore Agrippa d'Aubigné en 1572 et inspira Pierre de Ronsard pour son "Mignonne, allons voir si la rose", la dimension intellectuelle était un pivot pour les Stapfer. Des suisses dont l'un de ses piliers, Albert, fut le traducteur en français du Faust de Goethe.
Et que dire de la bibliothèque du château ! Patiemment constituée de pièces essentielles. Un rayonnage exceptionnel qui fut rachetée en 1931 par Sacha Guitry.