Une quinzaine de salariés de l'Ehpad de Bracieux dans le Loir-et-Cher nous ont contactés pour défendre leur directeur. Aides-soignantes, animateur, infirmières, veilleuses de nuit : ils réagissent à notre article publié le 14 mars. Dans cet article, des salariés accusaient de façon anonyme Pierre Gouabault d'avoir tenu des propos sexistes. " Impossible" selon eux.
"On se sent trahis et salis". Sophie Pinot est aide-soignante depuis 14 ans à l'Ehpad public de Bracieux La Bonne Eure dirigé par Pierre Gouabault depuis 4 ans. Quand elle a appris par les réseaux sociaux que son directeur était accusé d'avoir tenu des propos sexistes à l'encontre de certaines des salariées, elle est tombée des nues : "Il y a une super ambiance ici. On en serait pas là aujourd'hui sans lui. Il se bat pour nous trouver des moyens. J'ai des problèmes personnels et il a été très soutenant. Il m'a même proposé d'adapter mon emploi du temps".
Anne-Claire Gable est agent de service hospitalier à l'Ehpad de Bracieux. Quand elle a lu les mots "sexisme" et "harcèlement" dans notre article du 14 mars, elle a bondi :"Il m'a aidée en tant que femme et en tant que mère. Il m'a offert un contrat de travail adapté pour m'occuper de ma fille handicapée".
Catherine Arnault, veilleuse de nuit, âgée de 56 ans complète : "On ne peut pas dire qu'il est sexiste. Je suis vraiment choquée. Certaines disent qu'il pousse les anciennes à partir pour des jeunes et jolies recrues. C'est faux. Au contraire, il insiste pour qu'on reste le plus longtemps possible".
Alors pourquoi certaines salariées seraient allées voir la CGT Santé qui n'est pas présente dans l'établissement pour dénoncer leur directeur ?
Pour Sandrine Brisset, aide-soignante depuis 30 ans et représentante du personnel, "Il s'agit peut-être de filles que le directeur a remises en place parce que leur travail n'était pas bien fait". Elle explique: " C'est un directeur. Le travail dans les Ehpad est difficile. Quand le travail n'est pas bien fait, il le dit. Mais on n'est pas terrorisés quand on vient au travail. Notre directeur est humain."
Même constat de Sylvie Bessonnier, infirmière: "Oui il remet en place les agents quand le travail n'est pas fait. Et oui on a des moyens qui manquent ailleurs parce qu'on est autonome et que notre directeur se bat pour en avoir. A part la jalousie, je ne vois pas."
Pour ces salariées, il s'agirait donc de jalousie ou de vengeance. "C'est un peu gros à une semaine de sa remise de médaille" (ndlr : Pierre Gouabault a reçu la légion d'honneur le samedi 12 mars à Chambord), note Sophie Pinot, aide-soignante.
Résultat : depuis les publications de la CGT sur ces accusations et la médiatisation de cette histoire, la méfiance grandit au sein de l'Ehpad. "On va se méfier de tout le monde maintenant. Quand on a un problème avec quelqu'un, on en parle en face. Là je trouve ça mesquin", s'indigne Sylvie Gouineau, aide-soignante.
"C'est dommage que les filles qui l'accusent ne montrent pas leurs visages et qu'elles n'aillent pas au bout des choses", ajoute Sophie Declerck, aide-soignante.
Marie-Emelyne Danger, infirmière, conclut : "Il a beaucoup aidé à changer l'image des Ehpad. Il apporte un élan qui est celui qu'il faut. Là, après la crise sanitaire, il porte un poids très lourd. Il est loin de mériter ça. "
Accusations anonymes et aucune plainte déposée
Les salariées qui accusent le directeur de l'Ehpad de Bracieux disent avoir peur de témoigner et préfèrent rester anonymes. Pour le moment aucune plainte n'a été déposée.