Née à Romorantin-Lanthenay, Nassira El Moaddem revient sur les lieux de son enfance et de son adolescence à travers son premier livre, "Les filles de Romorantin". Elle était l'invitée du JT de France 3 le 17 octobre.
C'est un récit autobiographique que livre Nassira El Moaddem avec "Les filles de Romorantin", publié le 16 octobre aux éditions de l'Iconoclaste. Née dans la commune solognote de parents marocains, elle a quitté le Loir-et-Cher pour de brillantes études à Grenoble, Istanbul, le Caire, et Lille. Après une carrière journalistique marquée par son poste de directrice et rédactrice-en-chef du Bondy Blog, média en ligne dédié aux banlieues, elle raconte dans ce premier livre son retour et sa réconciliation avec la ville qui l'a vu naître.
Celle qui ne voulait pas rester et celle qui n'est jamais partie
Écrire ce livre, "ça faisait très longtemps que j'avais envie de le faire" se souvient l'autrice, invitée du JT de France 3. "J'avais envie de raconter l'évolution de cette ville depuis que je suis partie en 2003". L'ouvrage raconte donc les retrouvailles d'une journaliste qui ne rêvait que de quitter sa campagne natale et de sa meilleure amie d'enfance, jamais partie.Partie à l'époque de la crise de l'usine Matra, où travaillait son père, originaire du Maroc, Nassira El Moaddem retrouve une Romorantin changée, où vibre désormais la révolte des gilets jaunes. "C'est vrai que le mouvement populaire des gilets jaunes m'a donné une justification supplémentaire d'y retourner", admet la journaliste, qui désirait couvrir le mouvement dans sa ville d'origine.
Matra, "une blessure qui n'a pas été refermée"
Troisième personnage du livre, la capitale de la Sologne porte encore les stigmates des fermetures d'usines. Lorsque la direction de Matra annonce le 26 février 2003 la fermeture du site de production de Romorantin, c'est le premier employeur privé de la région qui disparaît, dans une ville qui vivait jusque là au rythme des équipes."Ce qui m'a frappé, c'est la difficulté des Romorantinais de parler de Matra", se souvient Nassira El Moaddem. "C'est une souffrance encore aujourd'hui en 2019. C'est une blessure qui n'a pas été refermée."
L'extrême-droite n'est "plus la seule" à vouloir attiser les haines
A travers "Les filles de Romorantin", Nassira El Moaddem rencontre des habitants, des commerçants, des artisans, et jusqu'au maire, Jeanny Lorgeoux, un "observateur" aux commandes de la commune depuis qu'elle est née. Elle constate aussi la montée de l'extrême-droite et, pire encore, la haine de l'autre attisée par d'autres bords politiques."Le FN a l'habitude d'aller chercher les haines, en effet c'est inquiétant", diagnostique la journaliste. "Mais il n'est plus le seul" Comme l'a illustré la polémique autour du voile et des "signaux faibles de radicalisation" de la semaine passée, "des gens essaient d'attiser les tensions, et ce n'est pas le monopole de l'extrême-droite, à gauche comme à droite il y a un souci là-dessus."