Construit en 2014, le quartier de la rue Besnard n'est alimenté que par une chaudière au bois, incapable de faire face à la surconsommation hivernale. Face à des coupures d'eau chaude ou de chauffage, les habitants sont à bout.
Les habitants de la rue Paul Besnard, à Romorantin-Lanthenay en Loir-et-Cher, ont, au premier abord, tout pour se plaire chez eux : un quartier quasi neuf, de belles maisons bien entretenues, une école juste en face... Jusqu'ici, tout va bien.
Les locataires ont un problème de taille : depuis la construction, ils sont confrontés à des coupures récurrentes de chauffage et d'eau chaude, notamment en hiver. La responsable, c'est la chaudière à copeaux de bois, toute seule pour chauffer 19 maisons et tous leurs occupants (entre deux et sept personnes par habitation).
Des casseroles d'eau chaude pour se laver
Pire encore : la situation dure. Depuis longtemps. Car la construction date de 2014. "Tous les matins, on a une peur au ventre : est-ce qu'on va avoir de l'eau chaude ?, raconte Julie, une habitante. Pour le chauffage, à la limite on se met des pulls. Mais l'eau chaude pour les enfants ou les personnes âgées, c'est super important..."
Et ce n'est pas Lydie Niel, sa voisine, qui lui donnera tort. Mère d'une petite fille d'une dizaine d'années, elle est obligée de faire chauffer de l'eau dans des casseroles avant de les monter, à l'étage, dans sa baignoire pour pouvoir se laver. En hiver, les températures ne peuvent jamais dépasser les 14 degrés dans sa maison. Et encore : c'est grâce à un radiateur électrique prêté par des proches.
"Des dysfonctionnements"
"Nous avons eu des dysfonctionnements", concède Sandrine Espiau, directrice générale du bailleur social 3F Centre-Val de Loire, qui gère l'ensemble du quartier. Elle décrit un système de chauffage "innovant", qui "n'arrive plus à chauffer suffisamment" dès qu'il "y a des pics de consommation". Des pics qui arrivent globalement chaque hiver, et qui sont encore arrivés cette semaine. Elle tient pourtant à rassurer : ce jeudi 25 novembre, l'eau chaude "est revenue par intermittence". Et ce alors que le problème avait été signalé déjà lundi.
Pour tenter de résoudre la situation, les habitants ont lancé des pétitions, qui n'ont "rien donné", se désole Julie. "On n'est pas écoutés, assène Lydie Niel. 3F c'est des logements sociaux, un gros organisme... Qu'ils nous laissent comme ça, on ne comprend pas." En plus, selon elle, "ils ne répondent plus". Les locataires doivent donc directement se tourner vers Engie, qui, à les croire, aurait expliqué que la chaudière était structurellement sous-dimensionnée pour autant de maisons.
25 jours sans eau chaude en 2021
Après plusieurs années de problèmes, le bailleur avait finalement réagi en installant une chaudière de secours au gaz en 2018. Pas de quoi résoudre complètement le problème : depuis la pose, Lydie Niel a recensé 44 journées sans chauffage ni eau chaude, et 25 rien qu'en 2020. Des chiffres que Sandrine Espiau de 3F n'a pas infirmés, tout en estimant que la chaudière d'appoint "a réglé une partie des dysfonctionnements".
Désormais, le bailleur "réfléchit à la pose d'un ballon supplémentaire", et autres "solutions pérennes" pour "garantir le chauffage et l'eau chaude tous les jours". Pas sûr que de telles annonces convainquent les habitants après sept ans de combat plus ou moins vain. Une réunion doit se tenir la semaine prochaine entre les locataires, 3F et des élus locaux.