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REPLAY. Documentaire. Immersion dans le relais routier "Les Platanes" sur la N10 près de Vendôme dans le Loir-et-Cher

"La Valse des Platanes", un titre qui nous donne la cadence des jours et des nuits dans ce restaurant destiné aux routiers. Patricia et François, les gardiens de ce point de rencontre, de réconfort et de repos apportent sans relâche, depuis 20 ans, cette note d’humanité indispensable à tous ces solitaires de la route mis en lumière dans ce documentaire de Laurie Pinon et Bertrand Amiot.

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Une invitation dans cette oasis où ceux qui restent et ceux qui partent posent des instants de vie entre les murs chaleureux des Platanes.

Patricia au cœur des Platanes

Fille de commerçants, Patricia a commencé à travailler à seize ans. Dans un bar de campagne, les habitués font partie du quotidien et les clients de passage se font rares. La routine s’ancre plus facilement quand les visages et les histoires ne se renouvellent plus.

"Moi, j’étais patronne à 18 ans, j’ai pris la succession de mes parents dans un petit village. J’ai tenu cette affaire pendant dix ans et j’ai toujours dit : jamais plus je ne ferai ce métier sauf si c’est un routier".

Le contact, la diversité des rencontres, les échanges et le voyage au travers des récits des routiers nourrissent Patricia et donnent du sens aux efforts qu’elle déploie jour après jour. Patricia reçoit et donne énormément en retour pour améliorer les temps de pause de ceux qui tracent la route pour gagner leur vie.

J’avais dit à François, tu sais, reprendre un restaurant, ça va être un vrai sacerdoce, c’est comme d’être curé, c’est 7/7, 24 heures sur 24. Il m’avait dit "Oh tu exagères" il a reconnu au bout de trois mois, que j’avais plus que raison.

Patricia

Les journées sont longues, très longues. Vie privée et vie professionnelle ne font qu’un. Les repas sont pris dans le restaurant, l’appartement du dessus ne sert qu’à dormir et la maison qui ne se situe qu’à trois kilomètres ne reçoit leurs propriétaires que le week-end. Choisir entre temps de trajet et temps de repos, la question ne se pose même pas.

"Je me lève, je bois mon café tranquille en espérant qu’il n’y en est pas un qui soit derrière la fenêtre à taper aux carreaux me dire "il fait froid dehors, tu peux ouvrir ? Non, il n’est pas cinq heures."

Patricia, "Patou", pour les routiers écoute les confidences, sait lire dans  les silences et les non-dits, prête son oreille et son  épaule pour consoler ces géants aux pieds d’argile qui vivent loin de leur famille pour les nourrir. L’absence, ce tue-l’amour qui vole des moments précieux de partage.

Moi, j’ai vu des gars me pleurer sur l’épaule mais, au sens littéral...Des divorces qui se passaient mal, des problèmes de couple, des problèmes avec les enfants, François m’appelait Mère Theresa.

Patricia

La langue n’est pas une barrière pour Patricia, elle, qui regrette de ne pas avoir de diplôme et qui par conséquent avoue ne pas se sentir légitime sait trouver des pirouettes pour mettre à l’aise sa clientèle.

"Dans chaque langue, j’essaie d’apprendre au moins les formules de politesse, merci, bonjour, en revoir, dans chaque langue, ça leur fait toujours plaisir."

Patricia aime son métier, elle aime la communication et certains de ses clients font un peu partie de la famille, mais elle est fatiguée. Elle aimerait vivre autre chose, semer des fleurs et profiter de son jardin. Mais il faut vendre et les repreneurs se font rares. Le travail est trop dur, les horaires à rallonge font peur. Patricia se soucie de l’avenir des Platanes, de ces murs qui ont entendu tant d’histoires et abrité tant de voyageurs. La séparation sera une délivrance, mais elle ne se fera certainement pas sans pincement au cœur.

"Il y a quelqu’un qui est intéressé, on attend les accords de banque. C’est quelqu’un qui a vingt ans de route, donc, il connaît parfaitement le métier de routier. Si c’est lui franchement, ça me fait plaisir, parce que je sais que les Platanes vont perdurer, parce que, ça aussi, pour moi, c’est important de savoir que les Platanes vont survivre."

François, chef d'orchestre

"Pour un établissement comme ça, il faut être à deux. Puis les travaux publics, ça commençait à me peser un petit peu. Il suffisait de sauter le pas et on a sauté."

François a rencontré Patricia dans son bar, il y a trente ans. Travailleur dans le BTP, il ne connaissait rien au commerce, ni au monde de la route.

Les premières nuits aux platanes, ça a été sans dormir. Non pas que la fatigue n’était pas là, mais le bruit que c’était. Les bagnoles qui passaient, les camions qui passaient et puis après, on ne les entend même plus. 

François

François est un véritable chef d’orchestre sur son parking. Il gère le stationnement à la baguette pour que chacun trouve sa place, "au bon endroit et en toute sécurité". Sur son terrain, à pied, en voiture, en quad, il se sent bien. Il donne un coup de main aux routiers qui en ont besoin, sifflote, chantonne, a toujours le bon mot, mots d’humour ou mots croisés mais il est intransigeant quand un routier veut dormir sans passer par la case repas. Un privilège parfois accordé par le couple aux jeunes femmes routières pour raison de sécurité.

François regarde les avions, il rêve de liberté. Le travail, il en a assez, à 62 ans, il veut maintenant s’arrêter pour profiter un peu, aller voir les gens qu’il aime.

"On a des amis, on ne les voit jamais."

Les routiers sont sympas

"Le patron, ce n’est pas ton père, ce n’est pas ton pote, mais c’est tout comme en fait quand tu viens, c’est ça qu’est top, et t’es comme à la maison, je vais te dire, il ne manque plus que les charentaises aux pieds, t’es bien."

La route, certains la font par choix, parce qu’ils ne supporteraient pas la vie de bureau. Un besoin de liberté, d’aller de l’avant.

Et puis, il y a ceux qui la subissent, qui attendent la retraite pour s’arrêter. D’autres qui ont choisi ce métier, faute de mieux, parce qu’il faut bien travailler pour gagner sa vie.

Que dire de ces jeunes pères de famille qui s’accrochent aux aiguilles pour pouvoir embrasser leurs enfants avant le lendemain ?

Une panne moteur, un client, un bouchon et c’est l’engrenage, les heures filent et la pause s’impose… Sur le bord de la route.

Dans le transport, on sait quand on part, on ne sait pas quand on revient.

Un routier

Beaucoup se plaignent des interdictions poids lourds dans les villes et villages qui ne leur permettent plus de s’arrêter pour acheter de quoi manger. La concurrence étrangère est rude et la période Covid a laissé un goût amer.

"On a été malheureux pendant le Covid, pas de restaurant, pas droit à l’accès des toilettes, pas le droit de se laver, des chiens, pire que des chiens."

Le camion devient une deuxième maison : les petites affaires, les rituels, les décorations. Le siège conducteur devient fauteuil de lecture et le téléphone écran de télévision pour regarder un match.

"J’ai toujours les rideaux ouverts, il n’y a qu’au moment où je vais me coucher que je ferme les rideaux, sinon, on se sent vraiment enfermé là-dedans." 

Des jeunes femmes enthousiastes trouvent leur place dans ce métier d’hommes en s’imposant et en faisant preuve de caractère. Mais les débuts sont parfois difficiles, "Comme une biche au pays des loups" elles préfèrent vivre en horaires décalés pour trouver refuge dans leur camion. Puis, le temps passe, les masques tombent et les conversations tournent tout naturellement autour de leurs préoccupations et de leur métier commun.

Au début, je n’y allais pas, toute la semaine, je faisais mes gamelles. Après, je me suis dit un bon resto ça fait du bien, manger chaud, voir du monde, ça fait parler.

Une routière

"Ce n’est pas comme avec mon métier d’avant, à la poste. Je me levais, j’avais la boule au ventre. Aujourd’hui, je me lève, je suis contente de prendre mon volant et de me dire ça y est, tu pars pour 9 heures de volant."

3 bonnes raisons de regarder ce documentaire

  • La première bonne raison de regarder ce documentaire est de passer les portes d’un relais routier et de ressentir cette ambiance particulière.

Ce lieu de regroupement où tous les solitaires de la route posent leurs pieds hors de leur camion pour un temps de convivialité, un repas chaud, une douche, un petit déjeuner avant de voir défiler les kilomètres. Ils profitent de cet intermède, de cette bouffée d’oxygène pour verbaliser les soucis du quotidien avec ceux qui rencontrent les mêmes problèmes, qu’ils soient professionnels ou personnels et qui sont à même de comprendre sans juger les conséquences et les aléas de ce choix de vie. En regardant ce documentaire, nous sommes témoins de cette intimité en nous rapprochant de ceux qui transportent par tous les temps et en surmontant nombre de difficultés, les produits nécessaires à notre survie.

  • La deuxième bonne raison est de suivre la cadence de Patricia et François qui cumulent 35 heures de sommeil dans une semaine.

Au service des routiers, ils se démènent en donnant le meilleur d’eux-mêmes en s’oubliant parfois, souvent ! Ils sont toujours là où les routiers s’attendent à les retrouver, fidèles au poste dans ce relais qui se dresse comme un phare au bord de la nationale au beau milieu de nulle part.

Le documentaire se ferme sur une nouvelle note qui donne le sourire à François et de nouvelles couleurs à Patricia.

  • La troisième bonne raison est de constater l’évolution du métier de routier depuis ces dernières années : les nouvelles réglementations, la concurrence avec les pays de l’est, le nombre grandissant de femmes dans la profession, la disparition progressive des points d’ancrage puisque les relais routiers tendent à disparaître.

Ce documentaire est une photographie d’une époque, d’un lieu dans ce monde en perpétuel mouvement sur une musique de Clément Oury, violoniste et tubiste blésois.

Documentaire "La Valse des Platanes". Un film de Laurie Pinon et Bertrand Amiot sur une musique originale de Clément Oury. Une production TV Tours-Val de Loire et Girelle production. Première diffusion, le 13 octobre 2022 à 22.45 sur France 3 Centre Val-de-Loire.

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