Victime de la lenteur de la stratégie vaccinale, des retraités du Loiret s'agacent dans une lettre ouverte à destination de l'ARS et des élus. Ils réclament que des mesures soient prises pour mieux accompagner les retraités et leur permettre d'accéder plus facilement aux vaccins contre le Covid.
"Réessayez plus tard". Ces mots, les personnes de plus de 75 ans sont lasses de les entendre.
Pas de créneaux disponibles, déplacements incertains, relations compliquées avec Doctolib... Pour se faire vacciner, il faut être patient, et même lorsqu’on appartient à la catégorie des personnes prioritaires.
"Consternés par les difficultés d’avoir accès à un vaccin", neufs organisations de retraités et de personnes âgées du Loiret ont adressé, ce jeudi 18 février, une lettre ouverte aux parlementaires, à l’ARS et au Préfet.
Entre autres, ils souhaitent que le Conseil Départemental de la citoyenneté et de l'autonomie "soit saisi de cette question et puisse contribuer à l’avancement des solutions qui permettront aux retraités et personnes âgées de bénéficier de la protection que la société leur doit."
Trois jours devant l’écran
Parmi les signataires, Christiane Lepennec. Du haut de ses 74 ans "et quelques mois", elle n’a pas encore droit au vaccin. Son mari en revanche, oui. Et pour lui obtenir un rendez-vous, ça a été toute une épreuve.
"Il faut prendre deux dates, mais on nous indique qu’une des deux dates n’est pas disponible, sans nous dire laquelle" explique la retraitée.
Pour les débloquer, la mairie de la commune d’Ingré, où ils habitent, leur a envoyé un par courrier un numéro. Au bout du fil, un monsieur "très sympathique" assure Christiane, mais pas vraiment d’une grande aide. Le standardiste regarde à son tour sur Doctolib, ce que le couple Lepennec avait déjà fait quelques jours plus tôt. Là encore, pas de dates disponibles.
"Il faut passer trois jours devant un écran" s'agace Christianne, qui a finalement pu réserver un créneau pour Claude. "Quelqu’un s’est désisté et il a fallu être rapide. C'est un peu la loterie".
Avec les autres signataires, ils s’inquiètent pour les personnes peu à l’aise avec le numérique. En France, selon l'Observatoire des Seniors, la moitié des + de 75 ans n’a pas d’accès internet à la maison, ou ne l’utilise pas. Et 9 personnes sur 10 éprouvent au moins une incapacité numérique.
Où est le vaccin ?
Dans la lettre ouverte, les organisations réclament :
- Plus d’effectifs
- Une aide à la prise de rendez-vous avec mise en place d’appels systématiques aux personnes concernées notamment pour les personnes âgées.
- Que l’accès aux lieux de vaccination soit facilité par la mise en place de services de transports locaux financés par l’ARS et l’organisation effective de dispositifs itinérants notamment dans les zones rurales ou péri-urbaines.
- La mise à disposition de doses de vaccins correspondant aux besoins réels de la population, y compris les 65 - 75 ans.
Mais surtout, elles se demandent pourquoi de telles difficultés existent. "S'il n’y a pas de vaccin, il n’y a pas de vaccin", répond Christiane. "Pourquoi ces vaccins ne peuvent-ils pas être produits en France en accordant aux laboratoires français les moyens nécessaires", poursuivent les auteurs dans la lettre ouverte. Ils pointent du doigt des difficultés qui seraient en lien "avec la diminution de 4 milliards d’euros des fonds consacrés à la santé" et "la diminution drastique des crédits alloués à la recherche ?"
Depuis que la campagne vaccinale a débuté en France, plus de 1,7 millions de Français ont reçu au moins une première dose de vaccin. Critiqué pour sa lenteur, le gouvernement a partagé son souhait de porter ce chiffre à quatre millions d'ici la fin du mois.
Mais la vitesse de cette campagne a d’ailleurs inspiré à Tom Février et Jules Grandin, journalistes aux Echos, la création d’un bot sur Twitter.
█▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒▒ 3,53 %
— Bot du Vaccin (@BotDuVaccin) February 18, 2021
? 2.357.946 injections réalisées (+59.860 en 24h)
?? 816.990 injections réalisées (+100.103 en 24h)
⏱️ Au rythme actuel, il faudrait 1228 jours pour que l'ensemble de la population ait reçu une dose, soit le 28 juin 2024