En visite dans le Loiret, ce vendredi, Emmanuel Macron a annoncé des mesures pour faciliter la transmission agricole alors que 100 000 exploitations pourraient disparaître d'ici à 2035. Des promesses qui n'ont pas convaincues tous les agriculteurs.
Il aurait dû tirer sa révérence l'an passé, mais Jean-Marie Vecten est toujours au chevet de ses brebis. Depuis trois ans, cet agriculteur de Chantillon-sur-Loire, au sud-est du Loiret, n'a toujours pas trouvé de repreneurs pour son exploitation d'une soixantaine d'hectares dédiée à l'élevage de brebis laitières et à la polyculture. " On a vu pas mal de monde qui souhaitait s'installer, mais aucun projet ne s'est finalisé. On a eu une personne qui est restée en stage pendant six mois sur l'exploitation, mais qui a abandonné pour différentes raisons " se désole-t-il.
Comme lui, ils sont des milliers d'exploitants agricoles à chercher repreneurs. La profession vieillit : près d'un quart des agriculteurs devraient prendre leur retraite à l'horizon 2030. Et les jeunes arrivants ne se bousculent pas au portillon. En France, on ne compte qu’une seule installation pour trois départs, selon les chiffres de la fédération associative pour le développement de l’emploi agricole et rural (Fadear).
Un fonds de 400 millions d'euros pour l'installation des jeunes agriculteurs
C'est dans ce contexte, qu'Emmanuel Macron s'est rendu, ce 9 septembre, aux Terres de Jim, la fête agricole annuelle organisée par le syndicat des Jeunes agriculteurs à Outarville (Loiret). Le président de la République y a annoncé plusieurs mesures pour faciliter l'installation de nouveaux exploitants. Des aides financières, d'abord, avec un investissement de vingt millions d'euros dans la formation agricole. Ensuite, la création d'un fonds de 400 millions d'euros pour aider les nouveaux agriculteurs à s'installer. Enfin, le président a annoncé une consultation sur le sujet, sans en détailler les contours.
Pour l'exploitant loirétain, Jean-Marie Vecten, cette annonce est utile, mais trop tardive : "Je ne pense pas que ce qu'a décidé Emmanuel Macron va régler notre problème de reprise d'exploitation. Les mesures qui sont prises aujourd'hui, on les prend pour dans plusieurs années. Ce n'est pas un problème que l'on va résoudre du jour au lendemain."
Alors Jean-Marie Vecten a trouvé une parade : "On va mettre l'exploitation au nom de mon épouse pour l'année 2023. Puis, je vais prendre ma retraite à la fin de l'année même si je ne trouve pas de repreneur. On va se donner l'année 2023 pour essayer d'en trouver un autre." Durant l'automne, l'exploitant compte aussi se séparer de ses brebis laitières afin d'alléger sa charge de travail au quotidien.
"Il va falloir décider de quelle agriculture nous voulons demain"
Laurent Beaubois, le porte-parole de la Confédération paysanne du Loiret, n'a, quant à lui, pas du tout été convaincu par les annonces du Président : " On ne se fait pas d'illusions. 400 millions d'euros, c'est bien, mais pour les orienter vers quoi ? De l'agriculture industrielle ? Il va falloir décider de quelle agriculture nous voulons demain. Un chèque ne règle pas le fond du problème" s'agace-t-il.
Restent les futures consultations promises par Emmanuel Macron pendant son déplacement. Ces dernières doivent se dérouler durant les six prochains mois en vue de la mise en œuvre d'"un pacte de renouvellement et d'avenir pour l'agriculture".