Rencontre avec Adib El Sarakby, cavalier installé à Sury-aux-Bois et de son cheval "Walk of fame". Ensemble, ils vont prendre la route pour la Belgique cette semaine, pour participer à une compétition Internationale de Para-dressage. Découvrons la belle histoire de ce couple pas comme les autres.
Quand un cheval redonne à un homme, plus que le goût de la compétition…
C’est toute la magie du sport, c’est tout le talent des chevaux, l’équitation allie les deux, comme une force dont Adib El Sarakby est empli. Pourtant, il a dû surmonter bien des difficultés, des doutes et des angoisses, avec pour toile de fond le coronavirus et des confinements qui remettent trop souvent tout en question.
« Je plains la génération covid », dit-il, ces jeunes qui doivent se construire dans cette drôle d’époque. Il plaint les autres, quand d’autres pourraient le plaindre lui : hémiplégique du côté droit, cavalier depuis son plus jeune âge et de métier, il déclare à l’aulne de ses 33 ans une Spondylarthrite Ankylosante, maladie articulaire qui impose souffrances, inflammations chroniques et peut évoluer, sans traitement ni soins, vers une ossification de la colonne vertébrale, en d’autres termes une paralysie.
Quand les médecins lui annonce cela, Adib est moniteur d’équitation, en pleine force de l’âge, cavalier déjà Handisport de haut niveau, il est alors Champion de France dans sa catégorie, a couru des épreuves internationales (jusqu’aux Jeux Mondiaux de Lexington aux Etats-Unis) et est promis à un bel avenir dans le monde qui est le sien : le cheval. Tout s’écroule alors. Il quitte tout, range ses bottes d’équitation au placard, trouve un autre emploi dans la sécurité et décide de prendre soin de sa santé, même si le moral n’y est pas…
Les passions ont cela de puissant qu’elles ne nous quittent jamais et qu’elles nous reviennent souvent, salvatrices.
C’est ce qui s’est passé pour Adib : « l’été 2017, lors de l'annonce officielle des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, ma flamme d'athlète s'est ravivée de plus belle.
J'ai dépassé mes contraintes physiques et me suis attelé rapidement à trouver une équipe sportive de talent et un cheval ». Walk Of Fame allait lui remettre le pied à l'étrier. Et bien plus encore…
Walk « m'a permis de réintégrer l'équipe de France Para-Dessage en 2019, j'ai eu l'honneur depuis de disputer, aux côtés de mes coéquipiers et coéquipières, les Championnats d'Europe qui se sont déroulés à Rotterdam début Août 2019 », raconte Adib, non sans émotion.
Et de poursuivre avec plus de gravité : « L'année 2020 était une année plus complexe sportivement du fait de la situation sanitaire, comme dans beaucoup d'autres sports et dans beaucoup d’autres secteurs. Le report des jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo 2020 à 2021 et les annulations de toutes les compétitions internationales pour défendre les couleurs de la France ont été un nouveau coup dur. Mais je ne lâche rien. Je fais actuellement partie de la dizaine de cavaliers français pré-sélectionnés pour les Jeux Paralympiques de Tokyo 2021 avec mon cheval de 18 ans : Walk Of Fame ».
Chaque jour le couple cheval/cavalier travaille, recherche, peaufine, stakhanoviste et refléchi comme l’exige la si fine discipline équestre qu’est le Dressage, comme une danse d’un couple pas comme les autres… Chaque jour ils partagent ensemble une complicité inégalable, celle que l’on peut tisser avec les chevaux et qui vous fait le plein quotidien de force et de courage.
Et puis chaque jour aussi Adib s’entraîne, seul cette fois, sur les chemins alentours du centre équestre ou de chez lui : il court, sans relâche, entre 5 et 8 kilomètres par jour. Un modèle de persévérance.
Malgré les doutes… Son cheval Walk of Fame était prêt pour les Jeux paralympiques l’an passé, il avait 17 ans. Avec les JO reportés d’un an, Adib ménage aujourd’hui sa monture. Il sait et il veut lui offrir sans tarder une belle retraite. Alors il poursuit les sélections et quelques concours avec Walky… Avec rigueur, mais dans le respect de son confort et de son envie. L’envie d’Adib aujourd’hui, chevillée dans ses tripes, quand il s’entraîne, quand il performe, quand il transpire : c’est Paris 2024.
Les sélections de Tokyo : un galop d’essai pour se préparer à Paris 2024
La médaille d’Or, il la veut, il l’aura. Ne dit-on pas qu’en sport, la réussite tient à 90 % au mental ? Le mental, il l’a. Et s’il venait à ne pas partir pour Tokyo avec Walk, rien de tout ce qu’il a fait et réussi jusque là ne serait vain, bien au contraire : les sélections de Tokyo, c’est un galop d’essai pour se préparer à Paris 2024 !
Ses prochaines compétitions, ses prochaines échéances sportives ?
« Cette semaine, je pars en Belgique pour courir un International 3 étoiles, suivront des compétitions à Deauville fin mai, 2 autres en juin, et en juillet, nous aurons les résultats de ces épreuves : nous saurons celles et ceux d’entre nous (cavaliers Para-Dressage de l’équipe de France pré-sélectionnés pour les Jeux) partiront ou non à Tokyo ».
A suivre sur les chaînes de France Télévisions, qui retransmettront les Jeux Paralympiques du 24 août au 16 septembre.
D’ici là, et parce que notre époque nous l’impose, tirons des leçons positives de nous-même et des autres, de cette belle histoire-là et bien d'autres. Nous découvrons chaque jour une nouvelle belle histoire dans notre émission "Ensemble, c'est mieux !" du lundi au vendredi dès 10h45 sur France 3 Centre Val de Loire. Et je vous donne rendez-vous dès à présent ici pour vous les raconter… Mais je laisserai le mot de la fin à mon héros du jour :
« Malade ou pas, valide ou non valide, nous avons toutes et tous le droit d’avoir des rêves et de les accomplir ». Adib El Sarakby.