Un salarié d'Amazon en poste à Saran (Loiret) a été licencié par son employeur qui lui reproche de ne pas avoir respecté ses obligations contractuelles en relayant un message sur Facebook appelant "à bloquer les entrepôts d'Amazon".
Il avait relayé le message suivant sur Facebook : "Pour frapper un grand coup et nuire à l'économie, blocage des entrepôts Amazon. La semaine du Black Friday commence demain et c'est encore les plus aisés qui vont en profiter" "Il" c’est un salarié d’Amazon en poste sur le site de Saran dans le Loiret. Il a posté cet appel sur la page Facebook "Nous Gilets Jaunes" en novembre dernier.
La suite pour ce salarié, c'est une mise à pied lorsqu'il reprend son travail, deux jours après le post. Ensuite, la procédure est enclenchée : il est convoqué pour un entretien. Il a finalement été licencié pour faute grave.
Manquement à son "obligation de loyauté"
La direction d'Amazon reproche à ce salarié de ne pas avoir respecté ses obligations contractuelles, d'avoir soutenu sur les réseaux sociaux "des actions" ou "tenu des propos contre son employeur" en opposition totale avec valeurs de l’entreprise. Celle-ci a déjà engagé des procédures de licenciement envers trois autres salariés du groupe à Montélimar et Douai, là aussi pour manquement à leur "obligation de loyauté".
Contactée, la direction d'Amazon justifie ses licenciements :
"Le mouvement des gilets jaunes n’est pas lié à Amazon. Il est faux de prétendre que des collaborateurs ont été licenciés pour une raison autre que la violation de leurs obligations contractuelles. Chez Amazon, chacun de nos collaborateurs est libre de participer ou d'exprimer son soutien à un mouvement, quel qu’il soit. Notre intérêt est que nos collaborateurs restent au sein de l’entreprise et y développent leurs carrières. Cependant, nous prenons des mesures si un employé ne respecte pas ses obligations contractuelles."
Aujoud'hui à la recherche d'un emploi, le salarié s'estime "black-listé". On lui aurait fait comprendre qu'il ne pourra pas retrouver du travail dans les différentes entreprises et plateformes de logitiques basées au nord d'Orléans. Il dit regretter son post. Une équipe de France 3 Centre-Val de Loire l'a rencontré :
Les syndicats font bloc autour de leur collègue
De leur côté, les syndicats estiment le licenciement abusif et injustifié, comme Khaled Bouchajra, délégué syndical CGT du site Amazon Saran :
"Il est scandaleux qu'Amazon fouille sur Facebook pour fliquer ses salariés. (...) Amazon parle de loyauté mais où est la loyauté quand Amazon dénie à ses salariés toute possibilité d'opinion. Amazon parle de loyauté ? Comment peut-on parler de loyauté quand il y a ceux qui se gavent et les autres, les salariés qui triment, rarement payés au SMIC" a également réagi Marc Lavaud, délégué départemental de l'Union syndicale solidaire du Loiret.
Le syndicat Sud Commerce et services a lui dénoncé une "surveillance abusive. Le salarié a le droit d'avoir ses opinions, il ne les a pas exprimées durant ses heures de travail. C'est une atteinte à la liberté et au droit de manifester."