En période d'étiage de la Loire, il a été décidé de pomper l'eau du fleuve pour remplir le canal d'Orléans à sec depuis le début de l'été, afin d'accueillir les bateaux du festival de Loire. Un choix qui surprend et interroge sur la gestion de la ressource en eau et des infrastructures du canal.
Dans le cadre du festival de Loire, le canal d'Orléans et son écluse sont des éléments majeurs des festivités organisées tous les deux ans. Pour cette édition 2019, le canal étant à sec depuis le début de l'été, une remise en eau est indispensable à l'accueil des bateaux et au franchissement de l'écluse qui mène de la Loire au canal. Ce mercredi 28 août, une entreprise de travaux publics a été missionnée par la ville d'Orléans pour installer deux pompes de 60 mètres cube par heure pour prélever l'eau du fleuve royal et remplir ainsi le canal d'Orléans sur 1 km.
Une autorisation préfectorale a été demandée et obtenue pour utiliser l'eau de la Loire. L'autorisation limite le pompage dans un premier temps à 60m3/H. Une capacité qui pourrait doubler avec l'autorisation des services de police de l'eau.
Si lors des éditions précédentes du festival de Loire, des pompages de soutien ont déjà été réalisés, cette année, c'est la première fois qu'il s'agit de remettre en eau un canal complétement asséché. L'absence d'eau en contact avec le bois des portes de l'écluse depuis longtemps s'est traduit dans un premier temps par des fuites trop importantes pour assurer le remplissage. En effet, l'étanchéité de l'écluse n'est assurée que par la pression de l'eau sur les portes. Un barrage de terre devant l'écluse devrait permettre d'assurer un volume d'eau suffisant pour bien fermer les portes par pression de l'eau.
Pour les riverains comme pour les promeneurs, ces pompages dans une Loire extrêmement basse en ce moment et les annonces des restrictions de prélèvement de la ressource aquatique dans la région, suscitent une vraie surprise, voir une inquiétude.
Une randonneuse, habituée des lieux, s'étonne de ce pompage "vu l'état où est la Loire en ce moment, elle n'est pas très bien, mais il faut aussi assurer les fêtes de Loire". Une riveraine du fleuve royal sur les quais d'Orléans s'avoue partagée "certes, les fêtes de Loire, c'est un bel événement, mais quand on voit l'état du fleuve et du canal... Faut-il se servir dans la nature pour assurer notre divertissement, même s'il y a de l'économique derrière ? ".
De son coté, face aux réactions succitées par ce pompage en Loire, la Mairie d'Orléans précise que c'est une quantité d'eau négligeable qui est prélevée " le débit d'eau pompée représente seulement 0,05% de celui en Loire" alors que le débit de la Loire est, en ce moment, de 55m3/seconde grace au soutien d'étiage des lachés d'eau des barrages pour refroidir les centrales nucléaires installées le long du fleuve.
La municipalité précise que dans le cadre des manifestations du festival de Loire, elle s'engage à n'effectuer qu'une seule éclusée pour faire entrer les bateaux dans le canal d'Orléans. Le manque d'eau rend impossible de multiples ouvertures et fermetures des portes d'écluses.
Enfin, à l'issue des festivités le 22 septembre, l'eau du canal d'Orléans sera relâchée en Loire.
Pour le batelier installé à coté du canal, Franck Drilholle, bon connaisseur du milieu et de ses structures de navigation, ce n'est pas le niveau d'eau le vrai souci : " On prend l'eau de la Loire qui va finir dans la Loire, donc le problème n'est pas sur l'usage de l'eau, le problème est sur l'usage du canal". Pour ce passionné de navigation ligérienne, le creusement du lit de la Loire et le manque d'entretien du canal d'Orléans provoquerait tous ces soucis rencontrés aujourd'hui.