L’alerte est lancée par les Lactariums de France et l’association SOS Préma. Les stocks de lait maternel baissent depuis plusieurs mois. Selon les acteurs sur le terrain, il y a urgence.
Des congélateurs qui se vident de plus en plus. C’est le constat que fait, depuis plusieurs semaines, le lactarium d’Orléans, installé dans les murs du Centre Hospitalier Régional (Loiret). Chaque année, il collecte 1 000 litres de lait maternel, grâce à près de 200 donneuses. Mais en 2021, une cinquantaine de femmes en moins a contribué, soit une baisse de 25 % de ses capacités.
Le covid est passé par là. Mais les difficultés sont aussi plus profondes. Le don de lait maternel reste encore peu connu. "L’image de l’allaitement a toujours été compliqué, même si de plus en plus de mamans ont envie de le faire. Après, le début n’est pas toujours bien accompagné. Il y en a qui abandonnent au bout de quelques mois pour des raisons personnelles ou une fatigue ou autre", explique Farida Dahri-Mobarek, cadre de santé puéricultrice au lactarium d’Orléans. Pourtant, l'Organisation mondiale de la santé recommande que les bébés soient allaités dès leur naissance, au moins pendant les six premiers mois de leur vie.
"Plus l'enfant va grandir, plus le lait va évoluer"
Le lait maternel que l’on trouve dans les lactariums sert à un public très spécifique, "principalement des bébés prématurés ou des enfants nés à terme avec des troubles digestifs", précise Farida Dahri-Mobarek. La structure orléanaise aide chaque année environ 180 bébés. Elle travaille également avec Montargis, Dreux, parfois Blois et ponctuellement avec des hôpitaux hors région Centre.
"Pour des prématurés, nés après cinq à six mois de grossesse, le lait maternel est un médicament. Il est nécessaire juste après la naissance. Le bébé en a besoin tout de suite ; directement par sonde. Ce n’est pas du tout l’acte de téter. Ça va directement dans l’estomac", résume Charlotte Bouvard, directrice fondatrice de l’association SOS Préma, créée en 2004. "Le lait s’adapte à la physiologie et à l’âge de l’enfant. Plus l’enfant va grandir, plus le lait va évoluer", ajoute Farida Dahri-Mobarek. La présence d’anticorps protège les bébés. "On a très fortement réduit les risques d'entérite ulcéro-nécrosante chez les nouveau-nés prématurés que l’on avait jusqu’avant", indique la puéricultrice.
Comment donner son lait ?
Le don de lait aide aussi les mamans qui ne peuvent ou qui ne veulent pas donner le sein. "C’est très difficile de lancer son allaitement quand on vient d’accoucher prématurément", assure Charlotte Bouvard. Selon le Farida Dahri-Mobarek, peu de parents refusent que leur enfant reçoive un don de lait maternel.
Pour donner, il faut contacter le lactarium le plus près de chez soi. Une prise de sang sera faite puis un entretien avec un médecin sera organisé. Il s'agira de vérifier les antécédents : avoir un bébé de moins d'un an, et être sans contre-indications (tabac, alcool et stupéfiants, certains médicaments, infections virales récentes comme l'hépatite B ou C, HIV, une transfusion ou une greffe d’organe). Avoir contracté le Covid-19 n'empêche pas de donner son lait.
Puis, le lactarium envoie tout le nécessaire : tire-lait électrique, biberons, etc. Le lait peut être mis au congélateur. "Quand vous avez un stock suffisamment important, vous pouvez contacter le lactarium. Le collecteur va venir à votre domicile récupérer le lait", détaille Farida Dahri-Mobarek. Il sera par la suite stocké, pasteurisé, testé puis administré aux enfants qui en auront besoin. Tout s’arrête quand la donneuse ne peut plus ou ne veut plus.
Le don est anonyme. Peu importe les quantités, "même un ou deux litres, c’est toujours ça. Il va pouvoir nourrir un nouveau-né pendant quelques jours", conclut Farida Dahri-Mobarek. Il existe également un lactarium à Tours (Indre-et-Loire).