Situé dans le Maine-et-Loire, le Logis prend en charge des enfants autistes, déficients intellectuels ou atteints de troubles psychiques.
Dans leur maison de Montjean-sur-Loire, à une trentaine de kilomètres d'Angers, Marie-José Marchesseau, éducatrice et ancienne coordinatrice d’un service de soins et Sylvie Beillard, psychologue, sont les fondatrices du Logis. Elles accueillent six enfants, préadolescents et jeunes adultes confiés par l'Aide sociale à l'enfance. En danger dans leur famille, inadaptés à leurs précédents placements, ils trouvent refuge dans ce lieu chaleureux où ils apprennent à grandir sereinement.
Le documentaire "Sur leurs ailes", de Franck Seuret est une porte ouverte sur la vie quotidienne de cette famille pas comme les autres, riche de partages et d'humanité. Paul et Baptiste, les plus âgés, Théo, Hélène, Kenza et le petit dernier Julyano sèment des rires et des cris, selon les émotions ressenties. Sarah, qui est en foyer d'hébergement adulte, y revient très régulièrement.
Ils sont tous différents et chacune de leurs particularités est au centre de l'attention de Marie-José, de Sylvie et des autres petites fées : Adeline, Lola, Mathilde, Maud et de la psychologue Anne-Marie.
Chacun son chemin
Quand on vit en communauté, il faut suivre des règles pour entrer en interaction avec l'autre dans le respect. L'écouter quand il parle, ne pas envahir son espace, respecter ses peines et ses joies et accepter ses choix, s'ils sont favorables à son épanouissement. Quand un nouveau arrive ou qu'un autre part, cela a bien sûr un impact sur tous.
Pour la plupart, ils se connaissent depuis longtemps déjà, la séparation n'est pas anodine. À 21 ans, l'aide sociale à l'enfance cesse son aide financière. Paul, qui est arrivé au Logis à l'âge de six ans souffle, ses vingt et une bougies !
Paul doit partir, mais les gardiennes du Logis seront toujours là pour lui et se préoccupent de son avenir. Elles se sont beaucoup investies pour que le petit Paul, autiste, devienne le plus autonome possible à l'âge adulte. Ses progrès et sa joie de vivre ne doivent pas s'éteindre, faute d'une mauvaise orientation.
Elles sont très vigilantes, le passé leur a donné raison alors que leur point de vue n'avait pas été entendu. Seuls comptent le bien-être et l'adaptation de leurs protégés. Leur apprendre à voler de leurs propres ailes, en leur réservant toujours une place privilégiée, s'ils en ressentent le besoin et l'envie.
Dans la journée, chacun vaque à ses occupations, Kenza part seule à l'école, Paul se fait beau pour se rendre à L'IME, Sarah part faire quelques courses avec son panier et une liste dessinée des aliments à acheter, pour le repas d'anniversaire. L'apprentissage de l'autonomie est primordial pour avancer sur leur chemin de vie et gagner peu à peu confiance en eux.
Quand Steven est arrivé au Logis, il avait découragé plusieurs familles d'accueil. Treize ans après, il va être adopté par Sylvie, comme l'avait fait Marie-José avec Théo.
Je reviens de loin quand même.
Steven
Pour ce nouveau départ, il fait le choix de changer de prénom, désormais, il s'appellera Baptiste. Sylvie, toujours très humble, pense qu'il doit cette métamorphose à la musique, que la pratique de l'instrument a ouvert un canal vers une autre expression, une autre facette de sa personnalité. Le chant porté par les instruments, est omniprésent au Logis. Un temps pour se laisser porter par la mélodie, pour désamorcer la pression à l'unisson.
Baptiste expérimente l'autonomie dans une petite maison de bois, où il apprend à gérer son intérieur. La partie n'est pas encore gagnée, mais il est optimiste.
Je peux marcher jusqu'à mon lit tranquillement, sans marcher sur quelque chose.
Baptiste
Baptiste conduit son deux-roues pour se rendre au travail où il prend soin, avec bienveillance des personnes âgées. Au logis, il chahute avec Paul et endosse avec le sourire un rôle de grand frère avec les plus jeunes. Marie-José et Sylvie ont su lui offrir un cadre et l'attention dont il avait besoin pour s'épanouir. Dans ses yeux, scintillent des petites étoiles, celles que l'on croise chez les gens heureux.
L'aventure
Les activités ne manquent pas, à l'intérieur comme à l'extérieur. Si les limites à respecter sont enseignées au Logis, celles où l'on peut s'aventurer pour repousser les obstacles et développer ses capacités, le sont aussi. Construire et partir tous ensemble en radeau par exemple, il fallait oser, ils l'ont fait !
Tous ceux qui ont été en contact de près ou de loin avec un enfant différent savent combien il faut redoubler d'efforts pour évoluer dans une société qui n'est pas faite pour eux. Les entourer, les encadrer, gérer les hauts et les bas et s'adapter aux particularités de leur handicap. Il faut de la force, du courage, de la patience, de l'autorité, de la bienveillance et bien entendu beaucoup d'amour. Trouver le bon équilibre, les mots et les gestes, là où tout peut voler d'un geste en éclat quand ils sont en crise.
Marie-José et Sylvie ont des années d'expérience auprès des enfants accueillis au Logis. Elles ont cette sagesse et ce regard qui ancrent leurs protégés en toute confiance. Elles savent leur donner les moyens d'avancer, là où ils doivent ou veulent aller, même quand cela doit passer par une séparation, comme dans le cas de la petite Hélène.
De ce documentaire particulièrement émouvant, il s'en dégage une force, une humanité, de l'amour, mais aussi beaucoup d'humour et de joie de vivre.
25 % des enfants protégés par l'Aide sociale à l'enfance sont reconnus handicapés. En France, il n'existe que quelques lieux de Vies et d'Accueil (LVA) comme le Logis destinés à ces enfants handicapés.
Documentaire "Sur leurs ailes", réalisé par Franck Seuret, produit par Cicada productions et France 3 Pays de la Loire, à voir ce jeudi 29 février à 23 h sur France 3 Centre-Val de Loire et en replay sur france.tv.